Une commission d’enquête du Sénat ouvre une enquête après avoir eu connaissance que Jérôme Salomon a fait pression pour faire modifier un rapport qui préconisait l’approvisionnement de 1 milliard de masques alors qu’il n’en avait commandé que 100 millions
Jérôme Salomon est dans de beaux draps. Le directeur général de la Santé (DGS) est accusé par une commission d’enquête du Sénat d’avoir fait pression pour modifier un rapport d’experts recommandant au gouvernement d’avoir à disposition un milliard de masques en cas de pandémie, alors que lui-même (Salomon, ndlr) venait d’en commander seulement 100 millions, révèle le journal Le Monde.
La source parle d’un avis remis à l’agence Santé Publique France (SPF) en août 2018, deux ans avant la pandémie à Coronavirus. L’avis en question émane du professeur Jean-Paul Stahl, professeur des maladies infectieuses au CHU de Grenoble. Jugeant nécessaire d’anticiper l’arrivée d’une pandémie sur le territoire français, Stahl recommande l’approvisionnement d’1 milliard de masques.
Le rapport arrive sur le bureau de François Bourdillon, directeur de Santé Publique France. Ce dernier tire la sonnette d’alarme et demande à Jérôme Salomon d’établir une doctrine « pour que les éventuelles acquisitions de produits de santé soient mises en œuvre, afin de disposer d’un stock avant le deuxième trimestre 2019″.
En octobre 2018, Jérôme Salomon donne le feu vert à Santé Publique France pour commander des masques. Mais, la quantité prévue par le directeur général de la santé est très loin des besoins actuels de la France. En effet, alors que l’avis de Stahl préconise d’en commander 1 milliard, Salomon n’en commande que 50 millions, voire 100 millions si les moyens financiers le permettent.
Deux ans plus tard, en pleine pandémie, alors que la responsabilité des autorités politiques et sanitaires est engagée, Jérôme Salomon est conscient qu’il joue gros et veut « enterrer le rapport – du moins la partie sur les masques –, comme l’atteste un échange de mails entre lui et François Bourdillon, que la commission d’enquête sénatoriale s’est procuré dans le cadre des ses investigations », note Le Monde.
Dans un échange avec Bourdillon, la direction générale de la santé suggère à ce dernier de modifier le rapport. « L’une des solutions pourrait être alors de modifier la rédaction de certaines formulations afin de centrer l’avis sur les besoins en contre-mesures médicales. Ensuite, il reviendra aux autorités de définir le stock nécessaire en prenant en compte notamment les disponibilités des produits sur le marché », peut-on lire.
Bourdillon obtempère, modifie les parties gênantes du rapport et le fait savoir à Salomon. « Voilà donc en retour l’avis dans lequel j’ai retiré toute allusion à un stock chiffré, notamment pour les masques », écrit-il. Il convient de souligner que le rapport initial n’a pas été modifié, cependant les sénateurs veulent mener une enquête sur « les pressions » exercées par Salomon afin de faire modifier le rapport.