Plusieurs journalistes du monde, dont des Français, sont espionnés depuis des années par Pegasus, redoutable logiciel d’espionnage fabriqué par Israël
Un scandale qui risque de provoquer une vive polémique dans les jours à venir. En effet, moins de 10 ans après l’Affaire Snowden, du nom de l’ex agent de la NSA qui avait fui les Etats-Unis après avoir révélé des informations hautement sensibles, un scandale du genre vient de secouer l’Europe. Et la France n’a pas été épargnée.
En effet, d’après le journal Le Monde qui fait la révélation, sa propre rédaction (Le Monde) ainsi que 16 autres ont eu accès à 50 000 numéros de téléphone potentiellement ciblés par Pegasus, logiciel d’espionnage fabriqué par Israël et qui sert à surveiller des journalistes, des avocats ou des opposants politiques. En France, parmi les journalistes espionnés, figurent Edwy Plenel de Médiapart et Dominique Simonnot (ex Canard Enchaîné).
17 rédactions dont @lemondefr ont eu accès à plus de 50 000 numéros de téléphone potentiellement ciblés par Pegasus, un puissant logiciel espion israélien, pour le compte d’une dizaine d’Etats #ProjetPegasus pic.twitter.com/tvStG7TqwH
— Le Monde (@lemondefr) July 18, 2021
L’information a été confirmée par Amnesty International ce 18 juillet. L’organisation internationale parle d’une enquête menée par plus de 80 journalistes issus de 17 rédactions basées dans 10 pays. L’enquête a été menée en collaboration avec l’organisation Forbidden Stories qui regroupe des journalistes d’investigation issus de plusieurs pays.
« 35 serveurs de Pegasus sont hébergés en France »
Dans son enquête rendue publique ce 18 juillet, Amnesty International accuse l’entreprise israélienne NSO (à l’origine de la création de Pegasus) de détenir des serveurs hébergés dans des pays occidentaux dont l’Allemagne, le Royaume-Uni, la Suisse, la France et les Etats-Unis. Le nombre de serveurs présents dans chaque pays a été précisé : Allemagne (212), Royaume-Uni (79), Suisse (36), France (35) et Etats-Unis (28).
Il convient de souligner que le logiciel Pegasus est très utilisé par de nombreux gouvernements dans le monde pour espionner les opposants et les journalistes. Ainsi, en juillet 2020, Amnesty International accusait ouvertement l’Etat du Maroc d’avoir utilisé ce logiciel pour traquer le journaliste et activiste Omar Radi.
« Les pays du Golfe ont acheté Pegasus à hauteur de 250 millions de dollars »
Le logiciel a aussi été acheté par trois pays du Golfe que sont : l’Arabie Saoudite, le Bahreïn et l’Oman qui ont dû débourser 250 millions de dollars pour se l’approprier, d’après le média israélien Times Of Israel. Et au cœur de l’Occident, des gouvernements ne se gênent d’y recourir pour espionner les dissidents.
C’est notamment le cas de l’Espagne. En effet, mi-juillet 2020, il a été révélé dans la presse espagnole que le président du parlement catalan, Roger Torrent, fervent militant en faveur de l’indépendance de la Catalogne, a aussi été espionné par le gouvernement espagnol. Les journalistes d’investigation espagnols qui avaient mené l’enquête avaient conclu qu’il a été espionné par le logiciel Pegasus dont seuls les gouvernements sont en possession.