Les événements actuels semblent confirmer que la Macronie est en train de vivre ses dernières heures au pouvoir et qu’Emmanuel Macron, timonier d’un bateau qui chavire, ne contrôle plus rien. Le peu de pouvoir qui lui restait est désormais confié aux forces de l’ordre qui, abusant de leur statut de fonctionnaires intouchables, en profitent pour se comporter comme les bourreaux du peuple.
Que se passe-t-il réellement en France ces derniers jours? Une série de scandales fragilisent le pouvoir qui, depuis l’avènement de la pandémie à Coronavirus en mars dernier, n’a cessé d’encaisser des coups, tant sa gestion de la crise est décriée par une grande partie de la population.
Désormais, Macron doit faire face à une crise endogène qui, à moins de deux ans d’une présidentielle cruciale, risque de faire éclater la majorité présidentielle qui peine à convaincre. Il faut dire que depuis l’entrée en vigueur du second confinement, le peuple, dépourvu de tout pouvoir de manifester, s’est fait discret, mais ne peut cacher sa grosse colère en voyant les dérives totalitaires de ce pouvoir.
Il y a une semaine, éclatait l’Affaire Blanquer, du nom du ministre français de l’Education accusé par Médiapart et Libération d’avoir financé un syndicat lycéen (Avenir Lycéen) pour valider la politique gouvernementale. D’après les deux médias cités, plusieurs milliers d’euros avaient été alloués à ce syndicat en frais de bouche et dans un congrès qui n’aurait jamais eu lieu.
Cette affaire (qui n’a pas encore fini de défrayer la chronique et qui a suscité un profond malaise au sein de l’Exécutif) à peine enterrée, voilà qu’éclate en pleine crise politico-sociale un nombre scandale qui avait pourtant déjà ébranlé le gouvernement en septembre dernier : la violence policière.
En effet, en septembre 2019, la mort tragique du jeune Steve Caniço tué dans une bavure policière le soir de la Fête de La Musique avait coûté la tête à Christophe Castaner qui s’était retrouvé tout seul face aux attaques virulentes d’une partie des Français mais aussi des syndicats de police qui se sont sentis abandonnés.
En choisissant Gérald Darmanin au poste de Ministre de l’Intérieur en juillet dernier, Emmanuel Macron pensait avoir définitivement tourné la page de la crise qui opposait la police à l’Exécutif. Avec un ministre de l’Intérieur de Droite, le président français pensait avoir définitivement conquis les forces de l’ordre, du moins pour ce qui reste du quinquennat.
Hélas, il n’en est rien. Darmanin et son patron, Emmanuel Macron, ont lamentablement échoué dans leur mission de garantir la sécurité aux citoyens français. Et cet échec cuisant vient du fait qu’ils ont trop voulu faire les yeux doux aux forces de l’ordre au point de valider tous les actes de ces derniers y compris les plus exécrables.
Il ne nous a pas échappé que c’est sous Emmanuel Macron qu’est née la fameuse « Loi Sécurité Globale » qui octroie aux forces de l’ordre des hyper-pouvoirs. Dans sa tentative de séduire la police et d’assurer sa survie politique, l’Etat va jusqu’à interdire dans l’Article 24 de cette loi scélérate que les citoyens puissent filmer la police. Quoi de plus normal dans une Démocratie?
Pourtant, il a fallu une indignation nationale contre cette loi pour que l’Etat accepte finalement de faire marche arrière en proposant la réécriture de l’Article 24 par une commission, une idée totalement anti-démocratique qui a déjà fortement divisé la majorité à l’Assemblée.
La polémique autour de la Loi Sécurité Globale à peine déclenchée, voilà que survient un fait divers qui aurait pu passer inaperçu si la scène n’était pas filmée. Il s’agit en effet de l’agression sauvage de Michel Zecler, jeune homme noir et producteur de musique violemment tabassé par quatre policiers qui, d’après les témoignages, l’auraient aussi traité de « sale nègre ».
L’affaire est d’une gravité extrême. Mais, pourtant, réagissant à cette bavure d’une rare violence qui fait le tour des réseaux sociaux depuis plusieurs heures, le ministre de l’Intérieur a indigné plus d’un par une phrase qui restera à jamais gravée dans les mémoires : « quand on déconne, on démissionne », minimise-t-il. C’est hallucinant!
Pendant ce temps, que fait son patron? Et bien! Emmanuel Macron, qui a vu les images choquantes et qui aurait dû les condamner publiquement, a préféré faire part de son mécontentement dans un message posté sur son compte Facebook. « Les images que nous avons tous vues de l’agression de Michel Zecler sont inacceptables. Elles nous font honte », s’indigne le président. Et ce sera tout.
Celles et ceux qui espèrent voir tomber des sanctions lourdes contre Darmanin seront déçus. Car, la réalité actuelle est que Macron ne fera rien pour démettre son ministre de l’Intérieur de ses fonctions, ce qui aurait dû être fait dès les premières minutes ayant suivi la publication de ces images qui n’honorent pas la France.
Il ne le fera pas pour la simple raison que les deux (Darmanin et Macron) ont compris ce que très peu de Français comprennent. Emmanuel Macron est politiquement mort depuis le soulèvement des Gilets Jaunes en novembre 2018. Depuis cette date, son pouvoir est totalement confié aux forces de l’ordre en échange d’une amélioration des conditions de travail.
Emmanuel Macron est tout à fait conscient que sans les forces de l’ordre, son pouvoir ne tiendra pas jusqu’en 2022. D’ailleurs, ce n’est pas un hasard que l’Etat ait annoncé fin octobre 2019, (dans un communiqué officiel publié par le ministère de l’intérieur à l’époque dirigé par Christophe Castaner), avoir déloqué 50 millions d’euros pour indemniser près de 3,5 millions d’heures supplémentaires”. Du jamais vu en France.
Et ce n’est pas tout. L’Etat, dans sa volonté d’apaiser la colère des policiers (la seule qui pourrait provoquer la chute rapide de Macron), annoncera en octobre 2020 une augmentation historique du budget 2020 de la police de 325 millions d’euros. Une somme colossale qui a très largement alimenté la polémique en France.
Tant qu’Emmanuel Macron restera au pouvoir, les forces de l’ordre (avec tout le respect que je leur dois) agiront en toute impunité sachant parfaitement que le locataire de l’Elysée ne prendrait jamais le risque d’engager un bras de fer avec eux car il en sortirait perdant.
D’ailleurs, en octobre 2019, les propos tenus par Fabien Vanhemelryck, membre du syndicat Alliance, étaient assez révélateurs de cette menace qui plane sur l’Etat. En effet, lors de la Marche de la Colère organisée par les policiers de France, il avait déclaré ceci : « le gouvernement sous-estime le pouvoir de nuisance que nous pouvons avoir si on commence à se mettre en colère. C’est historique. Le dernier appel comme ça remonte à 2001. Et si on appelle toutes les organisations à se réunir dans la rue, c’est qu’il est grand temps de lancer le premier avertissement en haut lieu. On sait que ce genre de choses, ça va à un moment ou à un autre dépasser le ministre. Donc, on vise le président”.
Cette déclaration qui sonnait comme une véritable menace adressée à Macron n’était pas tombée dans l’oreille d’un sourd. Car depuis, le président français s’est totalement soumis aux forces de l’ordre et n’entend pas prendre le risque de les froisser en un moment où la France est en ébullition.
D’ici 2022, il satisfera toutes leurs revendications et validera, en coulisse, tous leurs actes, compris les plus ignobles car il a compris que sans leur soutien, son pouvoir se serait déjà effondré.