Le malin a finalement été pris dans son propre piège. On le croyait opposant acharné au régime Sall. En réalité, il n’a été que la cinquième roue du carrosse sur qui le président sénégalais s’est appuyé pour tenter de neutraliser l’opposition.
En effet, en prenant la direction du CESE (Conseil Economique, Social et Environnemental), Idrissa Seck, pseudo-opposant au pouvoir en place, a acté son suicide politique. Le coup est d’autant plus dur qu’Idrissa Seck a finalement accepté de boire dans la gamelle dans laquelle il avait pourtant craché en 2019 lorsqu’il exigeait la suppression du CESE. « Le Conseil économique social et environnemental et Haut conseil des collectivités territoriales seront supprimés. Des Conseils économiques sociaux et environnementaux seront créés à l’échelle des territoires. Le mode de rémunération des conseillers prendra la forme d’indemnités de session », disait-il en 2019.
Nul besoin d’entrer dans les détails d’une nomination qui, ce 1 novembre, a fait l’effet d’une bombe. Les réactions ont été légion. L’incompréhension et la déception étaient bien au rendez-vous. Mais, au bout du compte, beaucoup d’observateurs futés de la politique sénégalaise avaient vu venir le coup de Trafalgar.
N’oublions pas que dans le cadre du fameux dialogue national, Macky Sall avait tenté en septembre dernier de porter le dernier coup de poignard à l’opposition en lui demandant de désigner un chef à qui un budget de 2 milliards de CFA devait être alloué. Par ce stratagème, l’objectif final du président Sall était de briser l’opposition.
Et il a failli y arriver. Car, pendant plusieurs jours, ce fut une foire d’empoigne entre sympathisants d’Idy et Patriotes dirigés par Ousmane Sonko qui se sont livrés une guerre sans merci par médias interposés. Et contrairement au chef de file de Rewmi qui avait les yeux rivés sur ce poste juteux, Sonko avait vu venir le danger et s’en était écarté en clamant haut et fort : « personne n’est mon chef dans l’opposition ».
Ce qui s’est passé ce 01 novembre ne devrait être une surprise pour personne. En effet, Idrissa Seck n’a fait que confirmer ce que beaucoup de Sénégalais disaient tout bas, c’est-à-dire que ses intérêts personnels priment sur ceux de la nation. Il y a plus de dix ans, l’ex président Abdoulaye Wade avait réussi à lui jouer un sale tour. Il n’a semble-t-il pas tiré les leçons de ce fiasco qui avait alimenté la chronique.
« A quelque chose, malheur est bon », dit l’adage. En acceptant le poste de directeur du CESE, Idrissa Seck a pris l’énorme risque de poignarder l’opposition dans le dos. Mais, sa trahison a au moins permis de baliser la voie à Ousmane Sonko qui, ce 01 novembre, s’est érigé comme le seul et unique opposant sur qui le pays peut compter.
Désormais, le masque est tombé. Idrissa Seck s’est suicidé politiquement et devrait commencer à faire ses valises dans un contexte où le rajeunissement du paysage politique sénégalais fait débat. Sa retraite politique est plus que jamais d’actualité et il rendrait un énorme service au peuple sénégalais en disparaissant des radars.