L’Etat du Sénégal et sa machine judiciaire, une nouvelle fois, ridiculisés!
Il y a tout juste deux semaines, le 14 juillet 2023 plus précisément, l’Etat du Sénégal, par le truchement de son ministère de la Justice, avait annoncé un mandat d’arrêt contre l’avocat français Juan Branco qui menace de traîner le président Macky Sall et des membres de son gouvernement devant la CPI (Cour Pénale Internationale) pour leur responsabilité dans les violences survenues en mars 2021 et juin 2023.
Ainsi, dans un communiqué lu par Lecourrier-du-soir.com, le Procureur de la République s’est expliqué sur une décision qui avait fait la une des médias locaux. « Après avoir revu la compilation des déclarations, écrits et posts à travers tout support du Sieur Juan BRANCO, il a été relevé des événements qui, manifestement, sont de nature à engager sa responsabilité », se justifie le parquet qui évoque des faits qualifiés de crimes et de délits.
A peine relayé par la presse locale, le mandat d’arrêt contre le très influent avocat français avait été très largement repris par les médias français qui avaient accordé à cette information une importance capitale d’autant plus que le mandat d’arrêt a été lancé quelques jours seulement après la plainte du Quai d’Orsay (ministère français des Affaires étrangères) contre la même personne. Pourtant, malgré ces menaces, l’avocat français n’a jamais ployé sous la pression politico-judiciaire. Au contraire, il vient de faire parler de lui après avoir été à l’origine, ces dernières heures, d’une bravade à laquelle personne ne s’attendait.
En effet, de nombreux Sénégalais ont été cueillis à froid, ce 30 juillet, en apprenant la présence sur le territoire national de l’avocat Branco lors d’une conférence de presse des avocats d’Ousmane Sonko. Une présence qui indispose la justice sénégalaise humiliée devant le monde entier.
Branco est donc au pays de la Téranga. Personne ne dément cette info. Cependant, la question à se poser est celle de savoir comment il s’est retrouvé à Dakar sans que les services de renseignement sénégalais ne puissent l’appréhender et l’expulser illico presto du territoire comme ce fut le cas le 30 mars 2023.
En tentant de répondre à cette question, on se rend très vite compte que l’Etat du Sénégal (qui se vante d’être l’un des plus en avance dans la sous-région en matière de renseignement) traîne de sérieuses lacunes dans ce domaine. Et c’est d’une gravité extrême compte tenu du contexte actuel où de nombreux Etats de la sous-région se battent bec et ongles pour enrayer la menace terroriste.
Mais, revenons aux faits! Dans la presse, on nous apprend que pour éviter d’être repéré et expulsé du territoire national, Juan Branco a dû faire recours à un tour de passe-passe extrêmement habile qui a complètement désaxé la police aux frontières. Ainsi, contrairement à ce à quoi on pouvait s’attendre, Branco a subtilement emprunté la voie terrestre en provenance de la Gambie (pays voisin) pour s’introduire discrètement et sans coup férir sur le sol sénégalais. Le subterfuge a été si efficace que les autorités locales n’ont absolument rien vu venir. D’ailleurs, à l’instar d’une immense majorité des Sénégalais, l’Etat a, lui-aussi, appris la nouvelle dans la presse. Quelle humiliation!
Dos au mur, le gouvernement tente de redorer son blason pour se donner bonne conscience. Ainsi, après avoir eu vent de la présence de l’avocat français sur son sol en dépit du mandat d’arrêt lancé contre ce dernier, la justice promet d’enclencher une traque pour l’embastiller dans les 24 prochaines heures.
« L’Etat va traquer Branco, l’arrêter en exécution du mandat d’arrêt international. La police et la gendarmerie sont à ses trousses. Il sera arrêté et ses complices aussi. Branco est un fugitif. Si on l’arrete, il y aura un mandat de dépôt demain. Les FDS ont lancé l’opération 24h Chrono pour l’arrêter », confie une source judiciaire jointe par le média Seneweb. Reste à voir si cette affaire sera tenue.
Au-delà des profondes défaillances en matière de renseignement, l’Etat du Sénégal confirme toute sa soumission à la France. Et je m’explique. En effet, si réellement le gouvernement a lancé un mandat d’arrêt toujours en vigueur, comment expliquer que le sieur Branco puisse passer plusieurs heures sur le territoire nationale sans être appréhendé?
Macky Sall ne prendra jamais le risque d’ordonner l’arrestation de Branco car il est parfaitement conscient des conséquences politiques d’une telle action. Branco est loin d’être le chouchou de Macron. Toutefois, son arrestation sur le sol sénégalais déclencherait très rapidement une onde de choc en Hexagone qui pousserait le président français à intervenir en exigeant sa libération inconditionnelle, ce qui constituerait une lourde défaite politique pour le pouvoir en place.
Donc, la stratégie est finalement toute simple : rassurer l’opinion publique que l’avocat sera arrêté tout en faisant semblant de n’avoir pas réussi à le localiser. « Pas folle, la guêpe », dira-t-on.
Le Sénégal est dirigé par une bande de bouffons!