Sophia Chikirou rejoint BFMTV. L’ex conseillère de Jean-Luc Mélenchon (chef de file de la France Insoumise) qui avait annoncé sa démission de la présidence du site d’actualité Le Média le 04 juillet 2018 va rejoindre une chaîne ultralibérale souvent accusée d’être à la botte d’Emmanuel Macron.
L’annonce du départ de Sophia Chikirou à BFMTV est d’autant plus drôle qu’elle accusait cette chaîne de « corrompre » les masses. En effet, après l’agression de deux journalistes de BFMTV à Toulouse en novembre 2018, elle écrivait ceci sur son compte Facebook. « Je ne parviens pas à ressentir de compassion sincère pour ces journalistes. Leur niveau de corruption mentale, leurs mensonges et désinformations qu’ils nous imposent, sont autant d’éléments qui justifient la colère. »
Et d’ajouter : « pour s’informer désormais, les réseaux sociaux sont plus sûrs. J’y ai trouvé des images fortes, de tout le pays, j’y ai vu des commentaires censés de toute sorte de gens. Quand la télé et la radio désinforment, les citoyens trouvent les moyens de se passer des infos ! Evitons de donner le prétexte aux journalistes de se victimiser. Ne les lynchez pas : ne leur parlez pas, ne les lisez pas et ne les regardez pas ». Il a fallu moins d’une année pour que l’ex insoumise retourne sa veste. La soupe BFMTV doit être très bonne.
Néanmoins, au-delà de son recrutement par chaîne de télévision, il y a un autre détail qui mérite une attention particulière. En effet, nombreux sont les Français qui accusent la première chaîne de télévision de France de s’être rangée du côté de Macron afin de mieux servir les intérêts des plus riches. Ces gens-là auraient-ils tort ? Je ne le pense pas.
Les accusations contre BFMTV sont d’autant plus fondées que la chaîne est devenue, depuis l’avènement de Macron, un véritable organe de propagande dont la mission n’est plus de servir le peuple français mais de s’en servir pour assurer les intérêts des dominants. Autrement dit, toute personne appartenant à un parti hostile à Macron et jouissant d’une certaine influence pourrait demain y déposer ses valises, à condition de mettre de l’eau de son vin.
En garantissant une promotion médiatique spectaculaire à des jeunes journalistes issus de partis qualifiés d’ « antisystème » ou défendant une idéologie qualifiée de « populiste » et en leur garantissant une rémunération alléchante, BFMTV n’hésite pas à jouer sur son statut d’influent groupe de presse pour tuer toute opposition à la politique de Macron. D’ailleurs, les vrais opposants (journalistes ou hommes politiques) n’y sont plus invités.
Pour vous donner un exemple, en janvier 2019, BFMTV avait tenté en vain de s’octroyer les services d’Ingrid Levavasseur, figure emblématique du mouvement Gilet Jaune. Cette dernière devait intervenir comme chroniqueuse. Cependant, face à la polémique que cette nouvelle avait suscitée au sein du mouvement mais aussi au sein de la rédaction, Ingrid Levassasseur avait fini par renoncer à ce poste.
En tentant de recruter Levavasseur, l’objectif de la chaîne était clair : semer le trouble au sein du mouvement des Gilets Jaunes en lui ôtant l’une de ses plus importantes représentantes qui, probablement, serait licenciée une fois que le mouvement aura perdu de ses forces.
Et elle n’est pas la seule. Je rappelle également que récemment la jeune chroniqueuse de CNews, Charlotte d’Ornellas, connue pour ses idées proches de l’extrême-droite et son opposition à la politique de Macron, a aussi été recrutée par la chaîne où elle intervient désormais comme chroniqueuse. Son recrutement n’obéit-il pas toujours à cette stratégie de la chaîne d’arracher aux mouvances d’extrême-droite une voix de plus en plus écoutée ?
Pendant ce temps, la chaîne assure la promotion de journalistes totalement « Macronistes ». Oui, le journaliste pro-Macron, Alain Duhamel, a, récemment, rejoint BFMTV où il occupera le poste d’éditorialiste politique. Cela ne doit pas trop surprendre pour un journaliste qui, ce 7 mai dernier, a fait l’éloge de Macron en le qualifiant d’ « atypique », d’ « expérimental » et de « brillant ».
Rien de tout ceci ne doit vous surprendre quand on connaît déjà l’homme qui a récemment été nommé à la tête de BFMTV. Il s’agit en effet de Marc-Olivier Fogiel, un proche de Macron qui, selon Closer, avait proposé en 2014 de recruter Emmanuel Macron dans son émission « On refait le monde ».
A partir de là, tout est dit. BFMTV déroule le tapis rouge à des journalistes conquis à la cause macroniste. Elle sert aussi à dompter les petits journalistes aux idées antisystèmes et à l’idéologie populiste. L’objectif principal est de museler toute personne influente tentant de barrer la route à l’actuel locataire de l’Elysée.