Le retournement de veste de Ségolène Royal pose un sérieux problème moral. La presse nous a en effet appris que l’ex candidate socialiste à la présidentielle de 2007 est sur le point de soutenir le programme écologique d’Emmanuel Macron aux Européennes. A en croire BFMTV, c’est presque confirmé.
Cette éventuelle alliance Macron-Royal est révélatrice de ce qu’est devenue la politique française de nos jours. L’idéologie n’a presque plus de valeur. Seuls comptent les intérêts personnels. En ce qui me concerne, je ne pouvais absolument pas m’attendre à une alliance entre deux personnalités politiques que tout sépare. J’ose dire que c’est une véritable surprise.
Je m’explique. Depuis sa défaite à la présidentielle de 2007 face à Nicolas Sarkozy, Ségolène Royal s’est tournée vers son domaine de prédilection : l’écologie. Elle fut nommée ministre de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie en 2014 sous François Hollande. Aucun doute sur ses compétences, ni son engagement en la matière.
Cependant, j’ai du mal à comprendre cette alliance, d’autant plus que les collaborateurs de Macron qui avaient été courtisés par le président français pour l’aider dans sa politique écologique ont tous claqué la porte, dénonçant la politique contradictoire de son gouvernement.
C’est du moins l’avis de Nicolas Hulot, ex ministre de l’Energie de Macron qui a rendu le tablier en août 2018. « Nous poursuivons des objectifs qui sont totalement contradictoires et incompatibles. La vérité, c’est celle-là », confiait Hulot en annonçant sa démission sur le plateau de France Inter. Hulot avait également dénoncé un gouvernement dans les mains des lobbies.
Pas plus tard que ce dimanche 19 mai, l’ex député LREM, Mathieu Orphelin, qui a quitté la majorité depuis février 2019, a aussi dénoncé un problème de crédibilité. « Il y a trop d’écarts entre les mots, les ambitions affichées et la réalité de l’action en France. Cela pose un problème de crédibilité », dit-il fustigeant la politique écologique de Macron dans une interview accordée au JDD.
Déjà en novembre 2018, au moment où il faisait part de son malaise par rapport à la ligne du gouvernement, Mathieu Orphelin disait ceci : « je suis inquiet parce que je ne suis pas sûr qu’on soit vraiment dans le rythme qu’il faut. Je suis même persuadé du contraire. Sur la rénovation écologique, on n’est pas au bon rythme ».
Pourtant, malgré l’opposition frontale de ces deux experts en la matière (Hulot et Orphelin) qui ont dû quitter Macron pour retrouver leur liberté d’action, Ségolène Royale ne veut point tourner le dos à ses privilèges. D’ailleurs, le 29 août, sur le plateau de RTL, elle défend, contre toute attente, les lobbies accusés de prendre en otage le gouvernement.
« Ils sont légitimes les lobbies dans une société. Qu’est-ce c’est qu’un lobby ? Un lobby, c’est un groupe de pression qui défend ses intérêts privés. Qu’est-ce que c’est la politique ? La politique, c’est justement essayer d’identifier les intérêts privés (…), mais d’en dégager l’intérêt général », disait-elle.
Cette défense de la politique écologique de Macron (de la part de Ségolène Royale) est d’autant plus troublante que cette dernière fustigeait sévèrement en 2018 la politique du président de la République. « La France, ce n’est pas une entreprise. Il doit y avoir des règles, des repères différents de ceux d’une gestion privée », affirmait-elle au JDD.
Tous les experts spécialisés dans la question de l’Ecologie sont d’accord presque à l’unanimité que le chemin emprunté par Macron n’est le bon. Mais, Ségo veut pourtant à tout prix défendre le contraire avec peut-être objectif de se tailler un poste ministériel au sein d’un gouvernement très affaibli par les tensions sociales en France.
Qu’une socialiste, venue d’une gauche qui s’est toujours opposée au libéralisme sauvage incarné par Macron, soutienne ce dernier doit bien faire grincer des dents. En tout cas, Olivier Faure, nouvel homme fort du PS, ne décolère pas. « Ségolène Royale est en quête d’un poste mais son ralliement ne fera pas bouger quoi que ce soit. Toutes ces vieilles gloires qui se précipitent au chevet d’Emmanuel Macron et vont à la gamelle, c’est un peu la brocante », a-t-il ironisé.