L’extrême-droite européenne dit avoir trouvé un messie pour sauver l’Europe. Sauf que ce soi-disant messie n’est même pas Européen et semble avoir très peu de connaissance sur l’Histoire de ce continent. En effet, depuis deux ans, un ex collaborateur de Trump, viré de la Maison Blanche en 2018, fait le tour de l’Europe pour prodiguer des conseils à des mouvements politiques eurosceptiques qui veulent en finir avec l’Europe.
Son nom est : Steve Bannon. L’homme, âgé de 65 ans, fait parler de lui dans les médias. Il multiplie ses voyages sur le continent à la rencontre d’importantes personnalités politiques d’extrême-droite, dont Mateo Salvini (Italie), Santiago Abascal (Espagne) ou encore Marine Le Pen (France).
Jadis méconnu du grand public, le patron du média Breitbar News, qui se définit comme un « chrétien sioniste », a posé ses valises en Europe après avoir été licencié par Trump en janvier 2018 de son poste de stratège de la Maison Blanche. Il a été limogé par Donald Trump qui ne pouvait plus accepter que Bannon s’attribue sa victoire à la présidentielle face à Hillary Clinton.
Depuis cet épisode douloureux, Bannon qui avait été traumatisé par son limogeage s’est retourné vers l’Europe où il a créé son organisation politique baptisée « Le Mouvement ». Sa mission : aider les partis d’extrême-droite à prendre le pouvoir en Europe. Son ascension est fulgurante. Depuis la victoire de Salvini en Italie, Bannon est en effet perçu comme un véritable messie, un homme entre les mains de qui se trouve la rédemption de l’Europe.
Le pays qui intéresse le plus Steve Bannon est la France. Il l’a d’ailleurs confirmé ce 20 mai lors de son passage sur le plateau de Bourdin Direct. En effet, à la question de Bourdin qui lui demande si la France présente un intérêt particulier pour lui, Bannon répond : « Oui, (…) le centre est en train de se déplacer et c’est la France qui sera au centre ».
Dans l’interview, il se définit comme « un nationaliste économique de ligne dure ». Bannon, dans son projet économique, défend une ligne dure : « moins d’Etat et moins d’Impôt », « moins de services publics, « moins d’aides sociales », « moins de protections sociales ». Le projet de Bannon est clair et net : empêcher à tout prix une Europe fédérale contrairement à la volonté de Macron et de Merkel.
Parlant des manœuvres louches de Bannon, je citerai un édito du journaliste américain Leonid Bershidsky pour le média Bloomberg qui écrivait en juillet 2018 : « même si Bannon a quitté la Maison Blanche à la recherche d’un projet plus ambitieux, sa vision des intérêts américains n’est pas loin de celle de Trump. Le meilleur moyen d’y arriver est de travailler contre l’Union Européenne à travers les partis politiques plus ou moins sceptiques qui s’appuient sur l’importance d’une souveraineté nationale ».
Dans une analyse publiée le 09 mai 2018 par le New York Times et rédigée par Jason Horowtiz, ce dernier nous avait bien mis en garde contre le danger Bannon. Dans son titre, tout est dit : « Steve Bannon a fini de couler le système américain. Maintenant, il veut détruire l’Europe ».
Steve Bannon prend certainement les Européens pour des idiots en profitant d’un contexte politico-social difficile où les dirigeants européens sur le continent sont particulièrement affaiblis pour porter le dernier coup de poignard à l’Europe. Ce que l’Extrême-droite n’a pas compris est que ce type roule carrément pour les Etats-Unis. Son projet n’est autre que celui-ci : affaiblir l’Europe politiquement et économiquement au profit du pays de l’Oncle Sam.
Steve Bannon dit déplorer l’écart économique très important entre riches et pauvres en Europe comme si son pays ne connaissait pas la même situation. Il a certainement oublié qu’en 2011 un important mouvement social baptisé « Occupy Wall Street » avait drainé des milliers de citoyens américains dans les rues des Etats-Unis dénonçant les abus du capitalisme financier. Pourtant pendant ce temps, personne n’a entendu parler de lui.
Que tout d’un coup, toute l’Extrême-droite européenne s’agenouille devant un agent américain pour sauver l’Europe est très étrange. Et cette situation met les extrémistes face à leur propre contradiction. Ils nous ont dit à plusieurs reprises qu’ils ne voulaient plus de dirigeants à la botte de Bruxelles. Mais là, ils font pire.
En se soumettant à Bannon, l’extrême-droite trahit le peuple européen et monnaie sa souveraineté contre une plus grande représentativité au sein du parlement européen. Le recours à l’ex stratège de Donald Trump est, à mon avis, la preuve qu’ils n’ont aucune solution à apporter à l’Europe. Leur alliance avec Bannon nous mènera droit dans le mur.