Des policiers du Maghreb sont en train d’être formés par l’Union Européenne à voler les données privées de leurs citoyens à travers les réseaux sociaux, d’après The Middle East Eye
La collecte des données privées des citoyens n’a jamais suscité chez les dirigeants du monde entier autant d’intérêt que ces dernières années. Alors que des géants technologiques (Facebook, Appel, Google…) ont normalisé cette pratique ces dix dernières années, c’est désormais les pays nord-africains qui s’y lancent.
C’est du moins la révélation faite ce 20 novembre par le média Middle East Eye qui révèle que les policiers marocains et algériens sont en train de suivre une formation financée par l’Union Européenne et qui a pour but de les aider à collecter les données privées de leurs citoyens via les réseaux sociaux (Facebook, Twitter, Instagram…) mais aussi via leurs téléphones portables. La formation, baptisée OSINT (Open Source Intelligence, ndlr), a commencé en 2019.
« Des données collectées depuis Facebook et Twitter »
Toujours d’après la même source, dans le cadre de cette formation, il a été demandé aux policiers de créer des faux comptes en ligne et d’utiliser des logiciels pour propager des fausses informations sur internet. En Algérie, la gendarmerie nationale a été formée à utiliser des outils de recherche qui lui permettent de tracer l’emplacement d’appareils électroniques à travers la connexion VPN ou les adresses IP. Les policiers marocains ont également eu droit à la même formation, note le média citant Privacy International, organisme basé à Londres.
Middle East Eye nous apprend que dans le cas du Maroc, les officiers de police ont été surtout formés à collecter des données via Facebook. Il leur a aussi été demandé de collecter des données sur Twitter, en violation totale de la charte de ce réseau social qui interdit aux développeurs de partager des informations avec les gouvernements.
« Le logiciel Pegasus sur la sellette »
Et ce n’est pas tout. Les policiers marocains et algériens sont dotés d’un logiciel israélien leur permettant de voler les données privées des citoyens à partir de leurs téléphones portables. Le nom du logiciel n’a pas été mentionné. Mais, Lecourrier-du-soir.com pense qu’il s’agit de « Pegasus » qui appartient à Israël.
Il convient de rappeler que le logiciel Pegasus a été déjà été pointé du doigt par l’organisation Amnesty International qui l’accuse d’avoir permis au gouvernement marocain d’espionner le téléphone portable d’Omar Radi, activiste marocain. En Espagne, mi-juillet, il a été révélé dans la presse que le président du parlement catalan, Roger Torrent, militant en faveur de l’indépendance de la Catalogne, a aussi été espionné par le gouvernement espagnol. Les journalistes d’investigation espagnols qui avaient mené un travail d’enquête étaient arrivés à la conclusion que Torrent a été espionné par le logiciel Pegasus dont seuls les gouvernements sont en possession.