(Un article du média www.themediapress.com, partenaire du média Lecourrier-du-soir.com)
L’Iran a annulé des parties de l’accord nucléaire et a menacé de bloquer l’accès au pétrole dans le golfe Persique. Les États-Unis ont envoyé une flotte dans la région
Au cours des dernières semaines, les tensions entre Washington et Téhéran ont pris de l’ampleur lorsque l’Amérique a déployé un porte-avions et des bombardiers B-52 dans le golfe Persique. Les États-Unis prévoient également d’envoyer 900 soldats supplémentaires sur les 600 déjà au Moyen-Orient et de prolonger leur séjour.
La crise trouve son origine dans le retrait par le président Donald Trump des États-Unis, l’an dernier, de l’accord sur le nucléaire conclu en 2015 entre Téhéran et les puissances mondiales, qui limitait les activités d’enrichissement d’uranium de l’Iran en échange de la levée des sanctions. Washington a ensuite réimposé des sanctions à l’Iran, faisant basculer son économie.
Trump a fait valoir que l’accord n’avait pas réussi à limiter suffisamment la capacité de l’Iran à développer des armes nucléaires ou à mettre fin à son soutien aux milices à travers le Moyen-Orient qui, selon les Etats-Unis, déstabilisent la région.
Zarif, qui a mené un offensif diplomatique éclair pour préserver le reste de l’accord, a insisté sur le fait que l’Iran ne violait pas l’accord sur le nucléaire et a exhorté les nations européennes à faire des efforts pour préserver cet accord après le retrait des États-Unis.
Parlant de la montée des tensions avec les Etats-Unis, M. Zarif a déclaré que l’Iran serait en mesure de faire face à la guerre, qu’elle soit économique ou militaire, grâce à sa ténacité et à ses forces. Il a également appelé à un accord de non-agression entre l’Iran et les pays arabes du Golfe.
Dans le même temps, le président iranien Hassan Rohani a suggéré à la République islamique de tenir un référendum sur son programme nucléaire. L’agence de presse officielle IRNA a déclaré que Rohani, qui avait été critiqué publiquement la semaine dernière par le chef suprême du pays, avait fait cette suggestion lors d’une réunion avec les rédacteurs en chef des principaux médias iraniens samedi soir.
Rohani a déclaré qu’il avait déjà suggéré un référendum au guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, en 2004, alors qu’il était l’un des principaux négociateurs dans le domaine nucléaire pour l’Iran.
A l’époque, Khamenei avait approuvé l’idée et bien qu’il n’y ait pas eu de référendum, un tel vote « peut être une solution à tout moment », aurait déclaré Rohani.
Un référendum pourrait fournir une couverture politique au gouvernement iranien s’il décidait d’accroître son enrichissement en uranium, interdit par l’accord nucléaire de 2015.
Plus tôt la semaine dernière, l’Iran avait déclaré quadrupler sa capacité de production d’enrichissement d’uranium, bien que les autorités iraniennes aient insisté sur le fait que l’uranium ne serait enrichi que dans la limite de 3,67% fixée dans l’accord, le rendant utilisable pour une centrale électrique mais pas pour une arme atomique.
Les remarques de Rohani pourraient également être considérées comme une défense de sa position à la suite des réprimandes du chef suprême.
Khamenei a nommé la semaine dernière Rohani et Zarif – des membres dit modérés de la théocratie chiite iranienne qui avaient signé l’accord sur le nucléaire – comme incapables de mettre en œuvre ses ordres sur cet accord, affirmant qu’il présentait de nombreuses ambiguïtés et faiblesses structurelles susceptibles de nuire à l’Iran.
Ces rares déclarations publiques montrent quel point le régime iranien va mal. Khamenei, qui a le dernier mot sur toutes les questions d’État en Iran, n’a pas immédiatement réagi à la proposition de Rohani d’organiser un référendum. La République islamique n’a vu que trois référendums depuis sa création en 1979 – un sur le changement de régime d’une monarchie à une république islamique et deux sur sa constitution et ses amendements.
Toujours à Téhéran, le commandant par intérim de la puissante Garde révolutionnaire du pays a déclaré que toute négociation avec les États-Unis serait vaine. Le général Ali Fadavi a déclaré que ce serait comme avoir des négociations avec Satan.
Dans le même temps, les rebelles houthistes alliés de l’Iran au Yémen ont lancé un drone porteur de bombes visant un autre aéroport en Arabie saoudite. Le colonel Turki al-Maliki, un porte-parole de la coalition saoudienne combattant les Houthis, a déclaré que l’armée avait intercepté et détruit le drone visant son aéroport régional de Jizan.
Les rebelles ont attaqué plusieurs fois un autre aéroport et un oléoduc critique en Arabie saoudite ces derniers jours en raison de la tension accrue entre les Etats-Unis et l’Iran.
Alors que la politique américaine de pression est son paroxysme, la perspective d’une insurrection populaire iranienne n’est pas à exclure. Exaspérée par de longues années d’une crise économique et de chômage mais aussi par d’incessantes répressions, la dictature religieuse iranienne est aussi à un tournant en interne. Il est grand temps pour le régime des mollahs de répondre sérieusement aux revendications économiques et culturelles de la population et à celles des puissances mondiales.