N’ayant pas apprécié la décision de la Hongrie de Viktor Orban de s’opposer au prêt de 18 milliards d’euros que l’Union Européenne a accordé à l’Ukraine, le gouvernement ukrainien, en colère contre Orban, se dit pris en otage par Budapest
La Hongrie, devenue un caillou dans les souliers de l’Union Européenne, est la nouvelle cible de l’Ukraine. Fortement opposée aux sanctions infligées à la Russie dès le début de la guerre en Ukraine en février 2022, la Hongrie de Viktor Orban qui s’est opposée au prêt de 18 milliards d’euros accordé à Kiev commence à agacer les autorités ukrainiennes qui voient ce pays comme un véritable problème.
C’est en tout cas ce que nous a appris le 30 décembre le média Politico. En effet, d’après cette source, le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmitry Kuleba, n’a pas apprécié la posture de Budapest concernant les 18 milliards d’euros d’aide dont l’Ukraine avait vivement besoin pour sa reconstruction.
Et Kiev se dit désormais pris en otage par Orban. « La Hongrie est en train de jouer à son propre jeu. Elle a pris l’Ukraine en otage dans sa quête d’argent que la Commission lui doit », a ainsi réagi Kuleba. Ce dernier s’est toutefois réjoui que la Commission Européenne, dirigée par Von Der Leyen, ait finalement réussi à trouver un accord sur ce prêt de 18 milliards d’euros.
Il convient de rappeler que la Hongrie qui a été très dure envers les dirigeants européens pour avoir infligé de lourdes sanctions contre la Russie de Poutine n’a jamais caché son opposition quant au prêt de plusieurs milliards destiné à l’Ukraine pour aider ce pays à se reconstruire. Et le 09 novembre dernier, lorsque la décision a été approuvée par l’UE, Budapest a immédiatement répliqué.
En effet, dans un communiqué publié par le ministre hongrois de l’Economie, Mihaly Varga, et relayé par l’agence de presse Reuters, la position du gouvernement de Viktor Orban a été claire et précise : « j’ai clairement fait savoir que la Hongrie est prête à soutenir l’Ukraine, mais nous ne souhaitons pas participer à aucun prêt émis par l’UE », peut-on lire.
Une déclaration qui ne doit surprendre personne. Car, trois jours auparevent, le ministre hongrois des Affaires étrangères et du Commerce, Péter Szijjártó, avait déjà annoncé le ton. « Nous sommes prêts à apporter une aide bilatérale à l’Ukraine, dans le cadre d’un accord entre l’Ukraine et la Hongrie. Mais, nous n’allons certainement pas approuver un emprunt européen », avait-il martelé.
Il faut dire que la position de la Hongrie n’est pas une surprise. Car, depuis le début de la guerre en Ukraine, ce pays a ouvertement affiché son désaccord par rapport aux sanctions prononcées contre la Russie de Poutine. D’ailleurs, tout récemment, Viktor Orban, premier ministre de la Hongrie, a reconnu que ces sanctions se sont retournées contre l’UE.
En effet, dans une interview accordée à la radio Kossuth et relayée par le média hongrois BudapestTimes.hu, l’homme fort de Budapest estime que l’Europe est tombée dans le piège qu’elle avait préparé pour la Russie. “Nous avions ourdi un plan et avions creusé un trou pour la Russie, mais nous sommes tombés dedans”, disait-il.
Et d’ajouter : “l’Union Européenne propose qu’on creuse davantage ce trou alors que la Hongrie propose qu’on en sorte”. Dans l’interview, le très controversé premier ministre hongrois confirme que son pays a signé des contrats à long-terme avec la Russie pour s’approvisionner en gaz.
Et, faisant allusion au sabotage des gazoducs Nord Stream, Orban dénonce des actes terroristes et prévient : “la Hongrie ne tolérera pas qu’on sabote ses gazoducs”. Dans l’interview, Orban refuse de se voiler la face et reconnaît que les sanctions ont effectivement eu des conséquences indésirables sur l’économie de la Hongrie.