En Espagne, Manuel Valls n’est plus de gauche. A moins d’une semaine du jugement des leaders indépendantistes catalans en Espagne, la tension est montée d’un cran. Ce dimanche, trois partis politiques de droite (Parti Populaire, Vox et Ciudadanos) ont décidé de manifester ce 10 févier à la Plaza de Colon contre le gouvernement socialiste qui dirige le pays.
Si les agissements des trois droites (Parti Populaire, Vox et Ciudadanos) pour obtenir la démission du gouvernement de gauche n’est guère une surprise en Espagne, la participation d’un homme politique suscite une vague de tollé. En effet, la présence de Manuel Valls, ex premier ministre socialiste et ex maire d’Evry, ne laisse personne indifférent. Sa participation dans une manifestation à laquelle prend part Vox, parti d’extrême-droite, suscite de nombreux commentaires.
Il faut savoir que Valls, qui a quitté la France peu après l’élection d’Emmanuel Macron, a lui-même annoncé sa participation à cette manifestation qui divise profondément la société espagnole. Certains, notamment de gauche, dénoncent la radicalisation du discours des trois droites dans un contexte très tendu.
En effet, ce 8 février, sur son compte officiel, Manuel Valls écrivait ceci : « J’irai dimanche à Madrid pour défendre la Constitution et l’unité de l’Espagne. Sans aucun dilemme et sans aucun complexe, parce que nous nous trouvons dans un moment historique. Je mise sur la transversalité plus que sur les sigles. Tous les constitutionnalistes et tous les progressistes devraient soutenir cette manifestation. »
En dépit de la polémique suscitée par sa participation, Manuel Valls ne recule devant rien. Ce samedi, à quelques heures de la manifestation, il a réitéré sa présence au côté de Vox et du PP à Madrid. Dans une interview accordée au journal El Mundo, Manuel Valls se lave de tout soupçon. Il dit n’avoir aucun lien avec Vox.
« (…) J’ai été très clair sur Vox : je ne signerai jamais un pacte avec les populistes de droite ou de gauche, avec des extrêmes et des séparatistes. Mais, ne pas signer un acte ne veut pas dire tomber dans l’erreur monumentale de leur laisser le pouvoir absolu de décider ce qui est acceptable ou pas dans la politique espagnole », a-t-il fait savoir.
Ce qui est à souligner est la dureté du discours de Manuel Valls vis-à-vis de la politique de Pedro Sanchez, actuel chef de gouvernement d’Espagne, socialiste comme Valls (si Valls est toujours socialiste d’ailleurs). En effet, l’ex premier ministre français regrette que le gouvernement socialiste espagnol ait succombé au chantage des indépendantistes catalans dont le leader, Quim Torra, a mis sur la table 21 points comme condition sine qua non pour approuver le budget du gouvernement.
« Nous pensons que le gouvernement de Pedro Sanchez a succombé au chantage séparatiste et en politique, on n’accepte pas tout pour rester au pouvoir. Moi, j’ai dit que je préfère ne pas être maire que de signer un pacte avec des populistes ou séparatistes », a confié Manuel Valls.
La participation de l’ex premier ministre français, qui dit être un homme politique de gauche au côté de Vox, mouvement d’extrême-droite en Espagne, risque de faire parler en France où l’ex ministre de François Hollande n’avait jamais lésiné sur les moyens pour déclarer une guerre sans merci au Rassemblement National.
Valls a-t-il franchi une ligne rouge ? La gauche française lui pardonnera-t-elle sa présence dans cette manifestation des trois droites espagnoles ? Ou Valls a-t-il cessé d’être de gauche sans oser le dire ouvertement ? Les questions pullulent et des éléments de réponse sont toujours attendus.
En tout cas, une chose est sûre : en Espagne, Valls n’est plus de gauche.