Malgré la grogne populaire, le gouvernement bulgare, par la voix de son ministre de l’Economie, a fait savoir qu’une négociation avec le géant russe Gazprom était « inévitable » pour être livrée en gaz et faire face à la flambée du prix du gaz qui risque de tuer l’économie du pays. Une décision qui pourrait ne pas plaire à l’Europe qui veut un isolement total de la Russie
Un hiver politiquement chaud. C’est ce qui attend les gouvernements européens qui ont massivement suivi la décision américaine d’infliger des sanctions à la Russie en cessant d’acheter son gaz. Et à mesure que l’hiver se rapproche, les Etats commencent à prévoir le pire. C’est dans ce contexte que la Bulgarie défie l’UE en annonçant une éventuelle reprise des négociations avec la Russie afin d’obtenir du gaz russe.
Plantons le décor. Il faut rappeler qu’en avril dernier, Gazprom, fournisseur de gaz russe, avait informé la Bulgarie qu’il lui couperait l’approvisionnement en gaz. Ce qui a été fait. A en croire des sources bien informées, la décision de suspendre la livraison de gaz vers ce pays s’explique par le fait que la Bulgarie refuse de payer le gaz en roubles tel que voulu par Vladimir Poutine.
Quelques jours seulement après l’annonce de cette décision, les entreprises bulgares s’étaient révoltées, exigeant le retour du gaz russe, indispensable pour le fonctionnement du pays. Ainsi, d’après l’agence de presse russe Tass, quelque 25 000 entreprises bulgares en colère avaient participé à une rencontre avec Kornelia Ninova, ministre bulgare de l’Economie. Toujours selon la même source, il s’agit des plus importantes entreprises du pays qui représentent, à elles seules, 86% du PIB, dont les revenus sont estimés à quelque 20 milliards de dollars et qui emploient plus de 82% des salariés du pays.
Face à la presse, la ministre Ninova avait dévoilé l’objectif de cette rencontre. “L’objectif de notre rencontre est de sauver l’économie et l’industrie bulgare, sauver des emplois et de réduire l’inflation. (…) Nous demandons au gouvernement de reprendre les négociations avec Gazprom”, a-t-elle martelé.
Quatre mois après, la Bulgarie ne tient pas le coup et compte renégocier avec la Russie. C’est du moins ce qu’a annoncé Rosen Hristov, ministre bulgare de l’Energie. Pour lui, une reprise des négociations avec Gazprom est « inévitable ». « Les entreprises bulgares ne peuvent pas faire face à la hausse des prix du gaz, ce qui fait que ça devient inévitable d’entreprendre des pourparlers avec Gazprom sur la reprise de l’approvisionnement en gaz dans le cadre de l’accord en cours », prévient-il.