Les masques tombent. Personne n’a jamais douté de l’implication de la France dans la crise actuelle qui secoue la Libye. Et les faits le confirment chaque jour qui passe. Le 8 avril dernier, dans un édito, je parlais d’une éventuelle guerre civile en Libye que la France et les Etats-Unis sont en train de nous préparer.
Dans cet article, j’évoquais un fait passé sous silence dans les médias français : le rappel de Béatrice de Hélen, ambassadrice de France en Libye en raison du soutien de Paris au maréchal Khalifa Haftar, ex agent de la CIA. Il n’a fallu que deux mois pour que cela se confirme.
Quelques jours après le bombardement d’un centre pour migrants qui avait fait 44 morts et dont l’attaque avait été attribuée à Haftar (qui n’est pas reconnu par la communauté internationale), la situation se complique pour Emmanuel Macron dont le gouvernement a toujours nié toute ingérence dans la crise libyenne.
En effet, Il y a deux jours, c’est le New York Times qui enfonce le clou, en révélant que des missiles de l’armée française ont été retrouvés aux mains des forces fidèles à Haftar alors que la Libye est soumise à l’embargo sur les armes. Le New York Times parle de missiles Javelin retrouvés dans la localité de Gheryan. « Ces armes, dont le prix à l’unité, est évalué à 278 000 dollars ont été vendues à la France », note RFI.
Fait nouveau. La France a reconnu, pour la première fois depuis 2016, la présence de ses armes en Libye, mais ajoute que « ces armes étaient destinées à l’autoprotection d’un détachement français déployés à des fins de renseignement en matière de contre-terrorisme ». Le ministère français de la Défense, dans un communiqué, a réagi affirmant que ces « armes n’étaient pas en bon usage et qu’elles étaient stockées dans un dépôt pour être détruites ».
Pourtant, Paris a toujours nié tout lien avec le maréchal Haftar qui avait quitté la Libye pour les Etats-Unis où il a été un agent de la CIA. Il n’y a aucun doute que Haftar, qui avait participé au renversement du roi Idriss à la fin des années 60, a jouté un rôle clé dans la révolution qui a fait tomber l’ex dictateur Kadhafi. Pourtant, en avril dernier, Paris niait tout « plan caché » avec Haftar. Mais, comme par hasard, le 22 mai, il est reçu comme un roi à l’Elysée par Emmanuel Macron.
Désormais, Haftar est devenu un allié gênant. Après avoir obtenu le soutien de la France, des Etats-Unis et des pays du Golfe, il se comporte comme un véritable dictateur alors qu’il n’est pas encore arrivé au pouvoir. Le bombardement d’un centre pour migrants par ses troupes ainsi que les nombreuses xactions commises préoccupent ses alliés qui pourraient bientôt le lâcher.
C’est en tout ca ce que nous apprend le média libyen, Libyan Express. D’après le média, Abu Dhabi, principal allié de Haftar, est très en colère contre le maréchal qui a n’a pas réussi à entrer à Tripoli après 95 jours de combat. Déçus, les Emirats Arabes Unis ont trouvé un homme pour faire le sale boulot. Il s’agit d’Aref Al-Nayed, ex ambassadeur libyen aux Emirats Arabes Unis. Haftar n’aurait plus le choix. S’il refuse, il ne recevra plus d’aides militaires ni financières des pays du Golfe.