En France, une réforme de la police judiciaire (PJ) envisagée par l’Etat provoque l’immense colère des syndicats de police, des magistrats mais aussi des citoyens
Les policiers sont en colère. Alors qu’une réforme de la police judiciaire est envisagée par l’Etat, les syndicats se mobilisent pour faire entendre leur voix et faire part de leur désaccord. En 2019, la France avait assisté à une grosse fronde des policiers contre la réforme des retraites. Trois ans plus tard, elle risque de revivre le même scénario.
Mais, au fond, quel est le problème? D’après le média, LaDépeche.fr, le ministère de l’Intérieur envisage de mettre en place une nouvelle réorganisation qui « vise à regrouper, dans chaque département de France, les quatre directions de la police nationale (PJ, sécurité publique, police aux frontières et renseignements territoriaux) au sein d’une même filière placée sous le commandement d’un directeur départemental de la police nationale (DDPN) ».
Une réforme qui passe mal car désapprouvée par des magistrats, des policiers mais aussi des citoyens qui ont d’ailleurs signé une pétition publiée ce 31 août par Le Monde. Dans la tribune lue par Lecourrier-du-soir.com, ils dénoncent une réforme qui pourrait porter atteinte à l’efficacité des enquêtes et à l’indépendance de la justice.
« Le ministre de l’intérieur s’apprête pourtant à revenir à une départementalisation de la police judiciaire à compter de 2023, en unifiant le commandement des différents services de police (police judiciaire, police aux frontières, sécurité publique, renseignement) sous l’autorité d’un directeur départemental de la police nationale (DDPN), appelé à devenir le seul interlocuteur du préfet sur les questions touchant à la sécurité intérieure. Derrière cette réforme, présentée comme une simple réorganisation, se dissimulent toutefois des changements majeurs portant atteinte à l’efficacité des enquêtes et à l’indépendance de la justice », déplorent les signataires.
Parlant de la réforme, ils ne mâchent pas leur mot. « Elle permettra d’abord l’absorption de la PJ par la sécurité publique et sacrifiera une filière d’excellence sur l’autel du traitement de masse de la délinquance du quotidien. Le DDPN pourra en effet être incité à orienter les moyens de la PJ en fonction de critères opportunistes : missions assurant de meilleurs retours statistiques, exigences des élus, résorption du contentieux de masse. C’est privilégier l’arrestation du petit trafiquant, vite remplacé, plutôt que le démantèlement des réseaux, ou du vendeur à la sauvette plutôt que de ceux qui l’exploitent. C’est le choix de la lutte contre le sentiment d’insécurité, et non contre l’insécurité elle-même. C’est surtout un coup fatal à la lutte contre la délinquance économique et financière, déjà si mal en point ».
L’affaire commence à faire grand bruit sur les réseaux sociaux et risque de devenir, si rien n’est fait, une véritable confrontation entre Etat et policiers. En tout cas, dans un twitte posté sur son compte officiel, ce 1er septembre, le Syndicat majoritaire des cadres de la Sécurité Intérieure, Officiers et Commissaires de Police appelle à une amende de la réforme très controversée.
.@PoliceSCSI défend l’ensemble des #enquêteurs de la filière investigation depuis 1972.
Nous n’allons pas nous arrêter aujourd’hui !
Cette réforme doit être amendée pour rendre la filière judiciaire plus forte et respecter le savoir faire de la #PJ https://t.co/giHsluauS4— Officiers et Commissaires de police (@PoliceSCSI) September 1, 2022