La junte militaire malienne, par le truchement de son Premier ministre Chogel Maiga, a répondu à la France, insistant sur le fait qu’aucun Etat ne doit interdire au gouvernement malien de nouer des alliances avec d’autres pays et déplorant le fait que le terrorisme, au lieu de disparaître au Mali, gagne du terrain malgré l’intervention des armées étrangères
Rien ne va plus entre la France et la junte militaire au pouvoir au Mali. Et ce, depuis l’annonce d’un contrat entre les militaires et le groupe russe Wagner pour le déploiement de soldats russes sur le territoire malien afin de prendre part à la guerre contre le terrorisme dans ce pays.
Il faut dire que tout est parti d’une révélation faite, il y a moins d’une semaine, par l’agence de presse Reuters qui fait état d’un contrat tacite signé entre la junte militaire malienne et le gouvernement russe. D’après l’agence de presse, le gouvernement malien débloquera 6 milliards de FCFA par mois (10,8 millions de dollars) pour payer les mercenaires russes.
« La France menace de quitter le Mali »
La révélation avait suscité un vif tollé dans la presse internationale, notamment en France, pays qui a déployé ses soldats au Mali depuis 2012 dans le cadre de la guerre contre le terrorisme. Conscientes du caractère très sensible de la question, les autorités maliennes n’avaient pas voulu commenter une information explosive qui sonne comme une déclaration faite à la France.
Mais, depuis Paris, la réplique ne s’est pas fait attendre. « Si d’aventure, le Colonel Goita, président par intérim du Mali, avait l’intention de recruter la société Wagner, évidemment, c’est incompatible avec la présence internationale au Mali”, a prévenu Jean-Yves Le Drian, ministre français des Affaires étrangères dans une interview accordée à France Info ce 16 septembre. Selon Jean-Yves Le Drian, la France se rangerait du côté de l’Allemagne qui a menacé de quitter le Mali si les mercenaires russes venaient à être déployés dans ce pays.
« Cette situation ne peut pas continuer »
Face à la menace proférée par l’Etat français, par le truchement de son chef de la diplomatie, le gouvernement malien a finalement décidé de se rebiffer. En tout cas, face à la presse, Chogel Maiga, Premier ministre malien, a tenu à remettre l’ancienne puissance coloniale à sa place à travers des déclarations qui sous-entendent clairement que la souveraineté du Mali ne se négocie pas.
« On ne peut pas dans une situation où on apprend qu’il y a une attaque quelque part, on a un hélicoptère qu’on veut voler pour aller, on nous l’interdit au motif que cette zone, c’est une zone d’entraînement d’autres forces partenaires. Cette situation ne peut pas continuer. C’était par le passé, mais aujourd’hui, on ne peut pas continuer dans ça », a-t-il martelé.
« L’autorité et la souveraineté de l’Etat n’est pas restaurée partout »
Et d’ajouter : « on ne peut pas nous interdire d’acheter du matériel avec un pays si on a un accord, parce qu’un autre ne veut pas. On ne peut pas nous empêcher d’envoyer des gens être formés dans un pays donné parce qu’un pays ne veut pas ». Face à la presse, le premier ministre tacle la France sans jamais la citer. « Le terrorisme s’est étendu, l’autorité et la souveraineté de l’Etat n’est pas restaurée partout, les résolutions des Nations-Unies changent chaque année », déplore-t-il.
Les propos du premier ministre malien ont suscité une vague de réactions au Mali où plusieurs personnalités et activistes exigent le rétablissement de la souveraineté nationale. Parmi elles, figure le très célèbre chanteur Salif Keïta qui, ce 19 septembre, sur son compte Twitter, a écrit ceci : « le Mali est et restera un pays souverain ».
Le Mali est et restera un pays souverain🙏🏽
— Salif Keita (@SalifKeita) September 17, 2021