Une atmosphère de coup d’Etat militaire règne en France à un an d’une élection présidentielle qui tient en haleine une grande partie de la population. Et le contexte actuel semble expliquer cet engouement inédit pour une élection qui risque de changer définitivement le visage de la France.
Le PS est mort et enterré et n’a plus aucune chance de reconquérir le pouvoir dans un futur proche. La France Insoumise, troisième force politique de la France au lendemain de la présidentielle de 2017, est fragilisée par sa déroute lors des élections européennes, même si elle peut toujours créer la surprise. Le parti Les Républicains (LR) est complètement désaxé et ne représente qu’une infime partie de la droite dite « modérée » et à la droite de la droite, on retrouve le Rassemblement National qui a le vent en poupe et dont l’arrivée au pouvoir ne serait pas une surprise.
D’ailleurs, depuis un certain temps, les médias semblent nous préparer psychologiquement à la victoire de Marine Le Pen en 2022. En tout cas, les récents événements tragiques qui secouent le pays jouent clairement en sa faveur et un sondage publié ces dernières heures nous apprend que l’ex Front National est devenu aujourd’hui un parti fréquentable qui n’effraie plus les citoyens. En effet, d’après les résultats de ce sondage, moins de 49% des Français estiment que la formation dirigée par Marine Le Pen représente un danger pour la France.
Il n’y a donc aucun doute que la perception des Français sur ce parti a évolué, ce qui représente une victoire sans appel pour les ténors du RN qui ont procédé en 2018 (après la défaite du parti au second tour de la présidentielle en 2017) à des modifications profondes (afin d’assurer la survie politique de la formation), dont la première (modification) été le changement de nom approuvé par 80,81% des adhérents du parti.
Il n’y a non plus aucun doute que le contexte social a largement joué en faveur du RN. En effet, la crise sanitaire qui a plongé la France dans un marasme économique sans précédent (avec une dette qui avoisine les 115% du PIB), le chômage (qui ravage la France Profonde qui avait déclenché le mouvement des Gilets Jaunes), la crise migratoire (qui n’a jamais été résolue par les précédents gouvernements), l’islamisation d’une partie du territoire et l’insécurité qui règne dans certains endroits du pays… ont fini par lui donner un poids politique que personne ne pouvait imaginer il y a dix ans.
L’extrême-droite n’a jamais été aussi sûre d’entrer à l’Elysée et chaque événement qui secoue la France est une bénédiction pour elle. La situation lui est d’autant plus favorable qu’Emmanuel Macron est de plus en plus affaibli par la gestion de la crise sanitaire qui a porté le dernier coup de poignard à son quinquennat qui est mort. Il faut oser le dire : la France, dans son immense majorité, est à bout de nerfs depuis l’arrivée de Macron et a le sentiment d’avoir confié le pays à un président technocrate et néolibéral qui ne gouverne que pour les riches.
Le contexte actuel propulse Marine Le Pen et son parti politique comme une fusée. C’est une évidence. Et si à cela s’ajoute le soutien de taille que le Rassemblement National reçoit de puissants médias de la place tels que Valeurs Actuelles ou encore la chaîne CNEWS qui appartient au milliardaire Bolloré (pour ne citer que ces deux), la messe est dite. Son arrivée au pouvoir, comme l’a d’ailleurs prophétisé Jacques Attali, ne serait plus qu’une question de mois.
Mais, pour certains, le soutien médiatique, aussi stratégique soit-il, ne suffit plus. A un an d’une présidentielle très attendue, il va falloir déclencher une véritable opération de propagande afin d’installer la peur chez l’électorat français pour que celui-ci finisse par considérer le Rassemblement National comme le dernier espoir face à une éventuelle Guerre Civile qui menace le pays. Une guerre civile devenue, ces dernières années, une obsession de l’extrême-droite française.
En effet, il ne nous a pas échappé que depuis bientôt deux semaines, des bruits de bottes se font entendre. Une partie de l’armée, très proche de l’extrême-droite, s’est auto-érigée en porte-parole du peuple en nous préparant au pire, c’est-à-dire en nous annonçant l’arrivée proche d’une Guerre Civile qui finirait, si elle venait à s’installer, par rayer la France de la carte du monde.
Ainsi, depuis quinze jours, trois tribunes de militaires ont trouvé un vif écho au sein de la société française et le média qui se sert de les relayer n’est autre que Valeurs Actuelles, connu pour son manque de rigueur dans le traitement de l’information mais aussi pour sa propagande abjecte et nauséabonde visant constamment à stigmatiser une partie de la France.
Personne n’est dupe. Heureusement qu’une large partie des Français sait que ces tribunes que Valeurs Actuelles trouve jouissif de relayer à un an de la présidentielle relèvent d’une opération de propagande médiatique savamment orchestrée et dont le but final consiste à installer la psychose chez les citoyens.
C’est la stratégie de la terre brûlée et l’idée, nous la connaissons tous, est de profiter d’une crise politico-sociale sans précédent pour installer le chaos afin de délégitimer les institutions en place pour ensuite instaurer, par un coup d’Etat militaire, un régime qui viendra précipiter la Guerre Civile dont rêvent ces gens depuis des décennies.
Pour ces ennemis de la Démocratie, tous les coups sont permis pour s’emparer du pouvoir. Et ironie du sort, ils s’offusquent quotidiennement de la bien-pensance de leurs adversaires mais ne se gênent point de recourir à des méthodes totalitaires pour imposer leur vision uniforme de la France, en traitant d’islamo-gauchistes celles et ceux qui ne pensent pas comme eux ou en harcelant violemment sur les réseaux sociaux toute personne défendant une idée représentant une sérieuse menace à leur projet funeste.
Ils ont fini par museler une bonne partie des Français qui certes constatent avec inquiétude la montée de la violence dans le pays mais qui sont foudroyés (par la peur de représailles) au moment de devoir reconnaître que la situation actuelle n’est pas encore arrivée à un point où l’on peut véritablement parler d’une Guerre Civile.
Par le mensonge et la diffamation, ils ont fini par prendre le contrôle total des réseaux sociaux où ils défendent en masse (telle une meute de loups) leur vision identitaire de la France (que nous aimons tous) et où ils détruisent sans pitié (toujours en masse et au nom de l’amour pour la patrie) tout citoyen osant défendre une opinion contraire à leur idéologie.
Avec le temps, ils ont réussi à ériger deux Frances qui se regardent en chien de faïence et ont fini par normaliser les violences policières contre des citoyens ordinaires en faisant de notre police (que nous aimons tant) la seule et unique victime que la République doit sauver à tout prix, en appelant de leurs vœux qu’elle soit dotée de tous les moyens pour réprimer dans le sang les populations des « territoires perdus de la République » qu’ils haïssent tant.
Le constat est celui-ci : un coup d’Etat militaire est en cours et les commanditaires ne s’en cachent plus, mais ils préfèrent avancer discrètement pour ne pas éveiller trop de soupçon en brandissant des arguments aussi saugrenus que périlleux pour atteindre leur objectif.
Pour le moment, leur but est de préparer psychologiquement les Français à ce qui les attend d’ici un an. Si en 2022, ils se rendent compte que les chances qu’ils remportent la présidentielle s’éloignent, ils n’hésiteront, ni une seule seconde, à renverser l’ordre institutionnel en place.
Ils se disent patriotes mais, étrangement, l’idée de voir la France basculer dans une Guerre Civile les fait jouir. Ces charognards, ivres de pouvoir, n’en peuvent plus d’attendre et vont inexorablement passer à l’acte. Ils dénoncent vigoureusement le délitement de la France et en ont fait un véritable fond de commerce.
Mais, quand ils viendront, ce ne sera pas pour mettre de l’ordre dans ce pays mais plutôt pour l’achever.