Emmanuel Macron a tapé du poing sur la table pour dénoncer vigoureusement la lenteur de la France dans la vaccination. En effet, depuis le 27 décembre, date de début de cette campagne, seules 516 personnes avaient été vaccinées à la date du 1er janvier alors les pays européens voisins de la France ont, pour la plupart, franchi la barre des 1 million.
Le fiasco est donc total pour un gouvernement qui, en novembre dernier, disait avoir précommandé 200 millions de doses de vaccins. Face à la colère des experts de santé et des responsables politiques qui parlent désormais ouvertement de « scandale d’Etat », l’Etat a décidé d’accélérer la cadence. Macron et Véran l’ont promis. Dans les semaines à venir, plusieurs millions de Français seront immunisés.
Sauf que cette volonté d’aller trop vite risque de bafouer un principe fondamental de la vaccination : le consentement. La question soulève un vif débat en France et le comité consultatif national a rappelé, fin décembre, son importance. D’ailleurs, dans un communiqué rendu public ce 21 décembre, la position du comité sur ce point était très clair.
« La réflexion éthique doit respecter les principes qui fondent l’éthique médicale et les droits fondamentaux de toute personne, notamment l’égalité, l’équité, le respect des principes d’autonomie et de consentement, de bienveillance et de non-nuisance, le rapport entre bénéfice collectif et risque individuel, de justice pour déterminer les conditions d’accès », précise le comité qui insiste : « ces principes doivent s’appliquer en dépit du caractère exceptionnel de la pandémie car il faut absolument écarter l’idée qu’une éthique d’exception pourrait garder la réflexion ».
Cela, c’était il y a deux semaines. A cette date, la France n’avait pas encore entamé la campagne de vaccination et le gouvernement voulait à tout prix rassurer les citoyens d’autant plus que le nombre d’anti-vaccins n’a cessé de gagner du terrain. Ce chiffre n’a d’ailleurs toujours pas chuté car un récent sondage a conclu que 58% des Français ne veulent pas se vacciner.
La campagne de vaccination a alors commencé, mais comparée à ses voisins européens, la France est complètement à la bourre. Une situation déplaisante qui embarrasse au plus haut sommet de l’Etat et qui pourrait, dans un futur proche, provoquer une véritable crise politique.
Dans un contexte d’urgence nationale, l’Etat est donc conscient qu’il faut aller vite, très vite même. Mais, comment le faire sans bafouer le principe du consentement perçu comme l’un des obstacles de la vaccination? En effet, il convient de faire remarquer que ce principe de consentement, détaillé dans un document de 45 pages, explique notamment qu’une « consultation pré-vaccinale devra être réalisée au plus tard 5 jours avant le démarrage de la vaccination afin que l’établissement puisse faire remonter le nombre de doses nécessaires », d’après le JDD.
« Le résident a le droit de bénéficier d’un temps de réflexion supplémentaire. Le document précise toutefois que si ce délai est incompatible avec le délai de calendrier de commande des vaccins, la vaccination lui sera reproposée ultérieurement. A l’issue de la consultation, le patient donne ou non son accord, mais il n’est pas recommandé de demander au résident lui-même de confirmer son consentement par écrit, afin de rester au plus près des règles de droit commun applicable. Une fois l’accord donné pour se faire vacciner, le résident a la possibilité de « révoquer son consentement – par tout moyen y compris verbal ou non verbal – (…) et ce jusqu’au dernier moment avant l’injection du vaccin », explique le média qui cite des sources du ministère de la santé.
Je ne m’attarderai point sur le principe du consentement. Celles et ceux qui veulent en savoir davantage peuvent le faire à travers la presse où plusieurs articles lui ont été consacrés ces derniers jours. Toutefois, il est intéressant de faire remarquer que ce principe fondamental inscrit dans l’Article 36 du code de la santé publique présente des inconvénients pour un gouvernement qui veut aller vite car favorisant les lenteurs.
D’ailleurs, ces derniers jours, plusieurs experts sanitaires ont ouvertement critiqué le consentement jugeant qu’il est désormais une partie du problème. « Je suis pour les règles de l’éthique mais il ne faut pas sacraliser des principes au point d’aller à l’encontre même de l’intérêt général de la personne et de la société », a réagi le Professeur d’éthique médicale à l’Université Paris-Saclay, Emmanuel Hirsch, lors d’une interview accordée à Europe 1.
L’idée commence à gagner du terrain dans la classe politique française et ce 4 janvier, dans une interview accordée au journal Les Echos, Damien Abad, président du groupe LR à l’Assemblée Nationale, n’a pas mâché ses mots sur la question du consentement. « Il faut alléger le protocole de vaccination et simplifier le principe du consentement en allant davantage sur un consentement oral. Le consentement éclairé, oui ; le consentement technocratique, non ! », a-t-il martelé.
Emmanuel Macron ne veut surtout pas se retrouver une nouvelle fois au cœur d’une crise politique aussi virulente que celle connue en mars dernier avec les masques et il est obsédé à l’idée de renverser la tendance d’autant plus que, dans cette campagne de vaccination mondiale, la France est la risée du monde et les experts ont la certitude totale que le principe de consentement, aussi fondamental soit-il, est un frein à la vaccination.
Le débat se pose en coulisse et il est désormais évident que ce principe sera la prochaine victime de cette vaccination accélérée. Sauf que quand la vaccination ne respecte plus le principe de consentement, on est clairement dans une vaccination obligatoire.