Combien de temps survivra Nicolas Maduro à la tête du Venezuela ? Difficile de répondre à cette question pour l’heure, mais une chose est sûre : un coup d’Etat contre lui se prépare activement depuis le Colombie et devrait se produire très prochainement. Les Américains ont perdu patience et veulent en finir avec un régime qui leur pose un sérieux problème, d’autant plus que le Venezuela détient d’importantes réserves de pétrole.
Pour comprendre ce qui se joue, il suffit de se pencher sur le déroulement des opérations. En effet, avant d’être militaire, le coup d’Etat contre le régime de Maduro a d’abord été diplomatique. Et je m’explique. L’opposant Juan Guaido, le chouchou de Trump, a récemment été reconnu par toutes les diplomaties occidentales, avec à sa tête l’Union Européenne.
Le pion des Américains s’est rendu en janvier dernier dans plusieurs pays européens où il s’est réuni avec des chefs d’Etat de premier plan. En Grande-Bretagne, il a rencontré Dominic Raab, ministre britannique des Affaires étrangères. En France, il a été reçu par Emmanuel Macron et en Espagne, il a été reçu par Arancha Gonzalez Laya, ministre espagnole des Affaires étrangères. En Europe, seule l’Italie a formellement refusé de reconnaître l’opposant vénézuélien comme président du pays.
Depuis, les événements s’enchaînent et Washington n’a désormais plus de temps à perdre. D’ailleurs, pour officialiser cette reconnaissance, Juan Guaido a été parmi les invités d’honneur de Donald Trump ce mardi 4 janvier lors de son fameux discours sur l’Etat de l’Union. Et il a récemment été reçu à Davos où il a rencontré les hommes d’affaires les plus puissants de la planète.
Cependant, il y a un petit détail qui a été souligné par la presse américaine et confirmé par les médias américains et vénézuéliens. En effet, Juan Guaido doit aujourd’hui rencontrer Mike Pompeo, secrétaire d’Etat américain, depuis la Colombie. Et l’on est en droit de se poser la question : pourquoi le choix de la Colombie ?
En effet, après avoir tenté à plusieurs reprises et en vain de provoquer un soulèvement militaire au Venezuela, les Etats-Unis ont fini par comprendre que toute tentative de coup d’Etat depuis ce pays est vouée à l’échec. La réalité à laquelle se heurte l’Oncle Sam est qu’au Venezuela, qu’on le veuille ou pas, l’Armée et une grande partie du peuple restent toujours fidèles à Maduro.
Ainsi, la seconde option reste la Colombie pour plusieurs raisons, mais on peut en citer deux : sa proximité avec la Colombie mais aussi l’animosité de son président Ivan Duque à l’égard de Maduro. Duque, récemment élu à la tête de ce pays, est un libéral sur qui le gouvernement américain peut compter pour faire le sale boulot en assumant les conséquences désastreuses d’une décision politique qui plongera cette partie du monde dans le chaos.
La mission en vaut le coup. Pour avoir accepté de servir de base à un coup d’Etat qui s’accélère, la Colombie recevra en contrepartie une énorme aide financière de la part de l’Union Européenne. De source proche, la Colombie recevra 11,2 millions d’euros pour la mise en place de nouveaux projets de développement économique.
L’armée américaine est déjà à l’œuvre. Rappelons en effet que le 26 janvier dernier, la chaîne colombienne CaracolTV avait révélé, preuve à l’appui, que des soldats américains et colombiens menaient des opérations militaires aériennes en Colombie. Selon le journaliste Juan Jacobo Castellanos qui avait couvert ces manœuvres, les deux armées avaient simulé la récupération d’un aéroport détenu par des troupes ennemies.
Quoi qu’il en soit, ces préparatifs ne laissent pas indifférent Nicolas Maduro qui suit avec beaucoup d’intérêt des opérations militaires destinées à l’évincer du pouvoir. Ainsi, réagissant au voyage de Pompeo en Colombie, le président vénézuélien déclare : « Pompeo va en Colombie pour soutenir les massacres, le modèle néolibéral et le modèle antipopulaire ».
Et ce n’est pas la seule source d’inquiétude du successeur d’Hugo Chavez. En effet, Nicolas Maduro dénonce aussi l’incursion de mercenaires colombiens sur le territoire vénézuélien. « Il y a un groupe de mercenaires financés et entraînés par Ivan Duque en Colombie qui ont été envoyés au Venezuela pour mener des attaques terroristes contre des unités et des navires du peuple », a-t-il fait savoir.
Face à cette menace qui plane désormais sur le Venezuela, Nicolas Maduro sait qu’il doit agir très vite pour enrayer le danger. Pour cela, il vient de mettre en vigueur une loi connue sous le nom de « Ley de la FANB » qui avait été approuvée par l’Assemblée Nationale Constituante (ANC) le 29 janvier dernier. En vertu de cette loi, la milice vénézuélienne est désormais considérée comme une partie de l’Armée. N’est-ce pas ce qui fait trembler les Américains ? C’est bien possible !
En tout cas, du côté de Washington, le coup d’Etat a déjà commencé et pour en avoir la confirmation, il suffit pour cela de se focaliser sur la question d’un journaliste de Fox News adressée au général Jack Keane, spécialiste en géopolitique : « la fenêtre est-elle toujours ouverte pour défenestrer Maduro ou avons-nous perdu cette chance ? ». A cette question, la réponse de Keane a été qu’il serait difficile d’évincer Maduro en raison du soutien qu’il obtient du Cuba, de la Russie et de la Chine.
Les Américains n’en peuvent plus d’attendre. Ils savent que le moment n’est pas propice pour faire tomber Maduro mais ils n’ont absolument rien à perdre. Je vous le dis ici : le coup d’Etat contre Maduro est en cours depuis la Colombie et pourrait se produire dans les jours, voire les semaines qui arrivent.