Pour mettre fin à cette chienlit qui règne au plus haut sommet de l’Etat, Emmanuel Macron doit prendre toutes ses responsabilités. En tant que chef d’Etat d’un gouvernement de plus en plus impopulaire, il lui revient de « couper des têtes » pour éviter que la situation, déjà très délétère, ne dégénère.
En effet, il y a une semaine, notre rédaction Lecourrier-du-soir.com avait suggéré au plus jeune président de la Vème République de se débarrasser de Jean-Michel Blanquer, son ministre de l’Education, accusé par plusieurs médias dont Médiapart d’avoir créé un syndicat de lycéen totalement soumis à son ministère et grassement subventionné avec l’argent du contribuable dans des conditions extrêmement opaques. Pourtant, malgré cette révélation explosive accompagnée de preuves irréfutables, Blanquer est toujours maintenu à son poste.
Une semaine plus tard, un gros scandale qui secoue le pays tout entier. Il s’agit de l’Affaire Zecler du nom de ce producteur de musique dont l’agression violente (à caractère raciste) par des policiers indigne toute la nation, à commencer par le président de la République qui n’a pas pu cacher sa gêne de voir ces images.
Dans des circonstances pareilles et étant donné qu’il y a aujourd’hui des preuves indéniables qu’il s’agissait bien d’une bavure policière, le président de la République doit montrer l’exemple en agissant avec la plus grande fermeté face au militantisme d’un ministre de l’Intérieur qui, totalement soumis aux syndicats de police, est prêt à tout pour se maintenir à son poste.
Il y a deux types de dirigeants nocifs à toute nation : le débonnaire et l’autoritaire. Ces deux doivent être éliminés du champ politique car non seulement ils n’y apportent rien, mais pire, ils finissent par fragiliser toutes les institutions étatiques. Ils sont extrêmement dangereux dans une Démocratie.
Et je m’explique. Il y a quatre mois, Christophe Castaner, ministre de l’Intérieur débonnaire, avait été démis de ses fonctions. Son limogeage par Emmanuel Macron s’explique par son manque de fermeté et de courage au moment de faire face aux délinquants qui font régner leur loi dans ce que certains appellent « les territoires perdus de la République ». Face à ces gens, la loi doit s’appliquer pleinement et entièrement.
Mais, sous Castaner, on a eu droit à un laxisme indigne d’un représentant de l’Etat chargé de faire régner l’ordre sur l’ensemble du territoire national. Les seuls sur qui il a exercé une autorité démesurée furent les Gilets Jaunes qui ont été humiliés, massacrés et punis comme des terroristes.
Il y a quatre mois, Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur autoritaire, a été promu au poste de garant de la sécurité nationale de l’ensemble des Français. Très proche de Nicolas Sarkozy, un président qui n’a jamais lésiné sur les moyens pour rétablir l’ordre, les Français dans leur immense majorité s’était sentie soulagée à l’idée que celui que vient de remplacer le socialiste Castaner serait en mesure, du moins jusqu’à la fin du quinquennat de Macron, de neutraliser délinquants et fauteurs de trouble.
Hélas, le désenchantement a été énorme. Car, quatre mois seulement après son arrivée Place Beauvau, nous avons découvert le vrai visage de celui qui est chargé aujourd’hui d’assurer la sécurité des citoyens, quelle que soit leur origine, leur couleur de peau ou leur religion. Et il y a de quoi s’inquiéter.
En effet, le gros problème de Gérald Darmanin qui le disqualifie complètement dans l’exerce de cette fonction est qu’il ne se comporte pas comme un ministre de l’Intérieur, mais plutôt comme un militant de la cause policière pour qui la police est un organe parfait dirigé par des êtres humains infaillibles.
Depuis son arrivée, il refuse catégoriquement de remettre en cause les agissements d’une minorité violente qui gangrène la police et qui, aujourd’hui, est en train de ternir l’image d’une immense majorité de forces de l’ordre qui exercent leur métier avec professionnalisme.
Avec la Loi Sécurité Globale, Darmanin veut interdire que les citoyens filment les forces de l’ordre comme cela se passe dans toutes les grandes démocraties (et la France en est une) mais ce n’est pas tout. Dans l’Affaire Zecler qui a fait le tour du monde, il n’a échappé à personne que Gérald Darmanin refuse catégoriquement de dénoncer ouvertement l’acte ignoble dont a été victime le producteur de musique. Et quand il tente de sermonner la police, il le fait à contrecœur avec une légèreté qui indigne plus d’un. « Quand on déconne, on démissionne! », réagissait-il dans une affaire d’une telle gravité.
Castaner a été viré du gouvernement en juillet dernier en raison de son laxisme. En novembre, Darmanin devrait aussi être limogé en raison de son autoritarisme qui représente non seulement une menace pour les citoyens que nous sommes, mais pour toutes les forces de l’ordre qui ne se sentent pas représentés par un ministre militant.
Dans l’Affaire Blanquer, Macron s’est muré dans un silence absolu préférant ne pas jeter de l’huile sur le feu. Dans l’Affaire Darmanin, il y va de son image et le président français doit comprendre que Gérald Darmanin n’est plus la solution mais le problème et que son limogeage est désormais une obligation, ne serait-ce que pour apaiser les tensions sociales dans une France en pleine crise.