La France prend les devants au Mali en pleine crise politico-sociale. Cinq mois après la chute d’Ibrahim Boubakar Keïta (IBK), ex président malien évincé par un coup d’Etat survenu à la date du 18 août 2020, la France réactive ses réseaux dans ce pays membre du G5 Sahel et stratégique pour les intérêts français en Afrique.
En effet, ce 27 janvier, le président de la Transition malienne, Bah N’daw, a été à Paris où il a été reçu par le président français, Emmanuel Macron, avec qui il a d’ailleurs déjeuné. Les échanges entre les deux chefs d’Etat n’ont pas été dévoilés, mais dans la presse, on affirme que la question du Sahel a été au menu des discussions.
Il faut souligner que cette visite de N’daw en France porte un intérêt particulier aussi bien pour le nouveau gouvernement malien que pour Emmanuel Macron. En effet, pour Bah N’daw, c’est une immense opportunité d’obtenir une reconnaissance internationale surtout lorsqu’on connaît les conditions dans lesquelles ce régime est arrivé au pouvoir. Et pour Emmanuel Macron, c’est une occasion en or de garder la main sur un pays africain où le sentiment anti-français va grandissant.
Il convient aussi de noter que cette visite est d’autant plus importante que la junte qui avait été à l’origine du « putsch » contre IBK a été officiellement dissous le 18 janvier. Le message est donc très clair : en procédant de la sorte, le nouveau gouvernement mène une opération séduction afin de se rapprocher de la communauté internationale.
Mais, dans cette histoire, Macron pourrait être le plus grand gagnant pour les raisons suivantes. 1) Sans la reconnaissance de ce régime par la France, aucun pays en Occident ne le fera, ce qui serait un coup dur pour le Mali. 2) En invitant Bah N’daw à Paris, Emmanuel Macron brise l’élan des mouvements panafricanistes qui, ces dernières années, ont été nombreux à exiger le départ de la France du Mali sans condition. 3) En réactivant ses réseaux au Mali, la France renforce sa légitimité dans cette partie du continent africain convoité par de nombreuses puissances étrangères dont les USA, la Chine et la Russie. Ce faisant, la France s’érige en tant que gendarme incontestable du Sahel, région stratégique pour Paris.
D’ailleurs, le timing choisi par Emmanuel Macron pour rencontrer Bah N’Daw n’est pas anodin. En effet, le président de la Transition malienne est invité à Paris à moins d’un mois du sommet G5 Sahel prévu les 15 et 16 février à N’Djamena au Tchad. Et cela veut tout dire.
La rencontre entre Emmanuel Macron et Bah N’Daw risque de porter un coup dur au nouveau régime qui s’attirera certainement les foudres des mouvements panafricanistes maliens. Mais, pour la France, c’est un succès diplomatique sans appel. Macron a repris le contrôle de la situation au Mali.