François Bayrou, chef de file du MoDem, est devenu un soutien inconditionnel d’Emmanuel Macron, nouveau président de la France. Pourtant, il y a quelques mois, la réalité était tout autre. Retour sur les trois étapes qui ont marqué le revirement du chef de file du MoDem
François Bayrou est devenu aujourd’hui l’un des soutiens clés d’Emmanuel Macron, nouveau président français. Pourtant, il y a quelques mois, le chef de file du MoDem était en totale opposition avec une éventuelle candidature de Macron à la présidentielle. En effet, Bayrou voyait en lui un représentant du monde de la finance.
Retour sur le revirement de veste d’un homme politique capable de dire tout et son contraire. Le 7 septembre 2016, sur RMC, parlant d’Emmanuel Macron, Bayrou disait : « Franchement, je suis absolument sceptique sur cette affaire. (…) ça ne marchera pas parce que les Français vont voir exactement ce que cette démarche signifie, ce qu’il y a derrière de tout ».
« Réussir avec Macron ce qu’ils ont raté avec Strauss-Kahn »
Jean-Jacques Bourdin lui coupe la parole et lui demande : « Qu’est-ce qu’il y a derrière tout cela ? ». Et François Bayrou d’enchaîner : « derrière cet hologramme, il y a une tentative qui a été faite plusieurs fois. De très grands intérêts financiers et autres qui ne se contentent plus d’avoir le pouvoir économique, ils veulent avoir le pouvoir politique ».
Bourdin intervient une seconde fois : « à travers Emmanuel Macron, ces grands intérêts financiers auraient le pouvoir ? ». Bayrou ajoute : « et d’ailleurs, c’est très simple. Posez-vous une question : ‘pourquoi ces heures et ces heures de télévision en direct ?, pourquoi ces couvertures de magazines ?, pourquoi ces pages et ces pages de photographies couleurs autour d’histoires assez vides ? Pourquoi tout ça ? Parce qu’on a essayé plusieurs fois, en 2007 avec Nicolas Sarkozy, mais ça n’a pas très bien marché, en 2012 avec Dominique Strauss-Kahn, et ce sont les mêmes forces qui veulent réussir avec Macron ce qu’ils ont raté avec Strauss-Kahn ».
« Ça ne marchera pas ! »
François Bayrou poursuit : « or, pour moi, il faut que vous sachiez ça, c’est absolument central. Je ne suis pas pour que le pouvoir de l’argent prenne le pas sur la politique ». Bourdin lui coupe encore la parole : « est-ce qu’il vous gêne ? Parce qu’il est sur le même terrain que vous et qu’il a les mêmes électeurs potentiels que vous ? ».
Bayrou répond : « pas du tout. Toute ma vie, et vous en êtes le témoin, je suis venu suffisamment ici à votre micro pour le dire, je me suis opposé au mélange entre la décision politique qui doit être d’ordre civique et le monde des grands intérêts et le monde de l’argent. Je me suis toujours opposé à ça. Ça n’est donc pas mon terrain, c’est le contraire de mon terrain. Il y a la séparation de l’église et de l’Etat, moi je suis pour la séparation de l’Etat et de l’argent. (…) Il ne faut pas que l’un ait le pas sur l’autre. C’est une opération de ce genre dont il s’agit et moi je vous le dis : ‘ça ne marchera pas !’ ».
« Bayrou loue la jeunesse de Macron »
7 mars 2017. Juppé, favori de Bayrou, a été éliminé de la primaire à droite et le chef de MoDem retourne sa veste. Sur le plateau de RMC, il dira : « (…) Qu’est-ce qu’Emmanuel Macron apporte ? Pour quelles raisons est-ce que je lui ai fait cette offre d’alliance ? Parce que la vie politique française a désormais un besoin vital et urgent de renouvellement, de reconstruction, de changement de paysage ».
Il poursuit : « et ce que porte Emmanuel Macron, malgré ou grâce à sa jeunesse parce que s’il est jeune, c’est parce qu’aussi il n’était pas dans les combinaisons antérieures ou pas trop dans les combinaisons antérieures et cette puissance de renouvellement, il est bon qu’elle existe et si c’est par quelqu’un de jeune et bien, réjouissons-nous. Je ne savais (qui il était), je ne l’ai rencontré qu’une fois en juillet ».
« Son discours est un discours heureux d’avoir fait ce chemin incroyable »
27 avril 2017, 4 jours après le premier tour de la présidentielle, Bayrou devient même l’ardent défenseur de Macron. Parlant de la victoire de Macron au premier tour, il dira : « (…) Dimanche soir, il avait fêté une victoire d’étape, ça arrive au tour de France qu’on fête une victoire d’étape. Son discours est un discours heureux d’avoir fait ce chemin incroyable. Quelqu’un qui aura 40 ans cette année, incroyable d’avoir fait ce chemin. (…) Hier, on a vu qui il était ».
Entre septembre 2016 et avril 2017, François Bayrou est passé de l’opposant au soutien inconditionnel d’Emmanuel Macron. Reste à voir si ce soutien durera longtemps. Une chose est sûre : le nouveau président français a intérêt à surveiller ses arrières car les surprises peuvent venir là d’où l’on ne les attendait pas.