Voyage dans le temps et hommage au Limousin : Trévizac de Xavier-Marie Garcette

Les éditeurs « Lys Bleu Éditions » présentent le deuxième ouvrage de l’écrivain Xavier-Marie Garcette. Ce romancier est déjà l’auteur du « Marquis de Saint-Sozy, un aristocrate quercinois au siècle des Lumières ».. Le roman paru en automne 2021 porte le nom de « Trévizac », une commune imaginaire, localisée dans le Limousin. C’est sans doute « la patte » de l’artiste qui s’imprègne de la nostalgie de la campagne, du terroir — en opposition aux manières princières des sphères aristocrates. Tel son narrateur Jean, l’auteur est un enfant des années soixante. A cette expérience s’ajoutent de multiples éléments spécifiques à cette génération, qui parleront particulièrement aux lecteurs soixantenaires. Un peu à la manière d’une « Madeleine de Proust », le souvenir des jeunes années du protagoniste s’écrit avec joie. Ce héros ordinaire aime sa grand-mère de tout son cœur, elle est son univers. Joviale en toutes circonstances, elle est décrite comme un personnage bien à part. Dès les premiers chapitres, le lecteur se rend compte que cette dernière occupera un rôle majeur et même central dans le destin de Jean. Madame est pieuse, mais elle n’est pas pour autant une grenouille de bénitier. Elle qui a grandi dans un domaine n’est pas non plus l’archétype d’une châtelaine privilégiée.

Au cours des 46 chapitres de « Trévizac », le lecteur aura l’impression d’entamer une immersion profonde dans les souvenirs d’un jeune homme qui a souhaité rester enfant, le plus longtemps possible, aux côtés d’une grand-mère tendre et originale. Malgré le caractère fictif des évènements, tout semble si réel. Qui est Jean, ce personnage qui débute si mal et pourtant si bien dans la vie ? Cet orphelin a su trouver l’amour qui lui manquait, après le décès de ses parents, dans un accident — alors qu’il n’avait que douze ans. La nostalgie et la mélancolie sont des sensations qui accompagneront l’expérience de lecture de ce « Trévizac ». Dans le Limousin, Jean grandit avec son ami Philippe et des professeurs pas toujours très compréhensifs. Souvent catalogué de bourgeois privilégié, il est issu d’une descendance noble : celle de Charles de Trévizac. Cependant, il n’a pas été conditionné avec les usages habituels du « gratin » très codifié de la noblesse française. Bien au contraire, le petit féru de lecture est du genre introverti. Soucieux d’installer une atmosphère fidèle à la réalité, l’auteur sait glaner quelques références comme la fameuse porcelaine du Limousin et le contexte historique de ses ancêtres. Par exemple, le roman évoque la Grande Guerre, les enfants morts au front ainsi que le rôle de la résistance dans les classes riches. De ce fait, le jeune Jean apprend — en même temps que le lecteur la vie des parents de Madeleine. Madeleine, c’est le nom de « grand-mère », qui est nettement plus présent que son patronyme. Ainsi, le lecteur peut parfois imaginer sa propre famille, tissant une empathie immédiate avec les personnages. Finalement, les descendants de la noblesse ne sont pas épargnés par les tragédies de l’existence, comme la perte d’un enfant ou d’un ami proche…

Par ailleurs, le roman se déroule à l’image d’un récit de vie, avec son lot de drames mais aussi de comédie et de romance. Puisque Madame Madeleine Dussoubs et son petit-fils Jean penchent plutôt vers le côté conservateur que le socialisme, cette mention politique tend à faire sourire. Au sein de cette dualité entre le contexte rural, isolé de Trévizac — et la grandeur de Paris où les soirées de rallye, le personnage de Jean se démarque. Il n’incarne pas l’idéal du parfait petit bourgeois de l’époque, en raison de sa différence. Cultivé et érudit, il rend fière l’ancienne. L’on assiste aux étapes de la vie de Jean — tout en suivant la vieillesse paisible et parfois mouvementée de Madeleine. De nombreux évènements spectaculaires et attendrissants ne manqueront pas de toucher le lecteur, au plus profond de son âme. Certaines citations donneront des frissons à celles et ceux qui ont grandi avec leurs aïeux. Les années s’écoulent, la santé se fait de plus en plus vulnérable. Au chapitre 31, cette scène dénote particulièrement, tant elle est sincère et aimante : « Merci mon petit », murmura simplement Grand-Mère lorsque le morceau fut fini, tout en m’embrassant sur la joue. J’eus le sentiment qu’elle aussi tentait de cacher l’émotion suscitée par ce moment précieux, comme une sorte de petite victoire sur la maladie et la mort qui avaient tenté de l’emporter au cours de l’année passée. »

En outre, le lecteur traverse les décennies, découvre des secrets sur ce clan à la fois fascinant et ordinaire. Une magnifique romance se tisse, prenant racine grâce à cette vieille dame unique. Finalement, l’histoire de « Trévizac » est celle de la vie, avec son lot de beautés et de laideurs, abordé sous cet angle optimiste et enthousiaste, qui correspond bien à la personnalité de « grand-mère ».

Le site de l’auteur :  https://xaviermarie-garcette.fr/

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Cheikh DIENG est fondateur et rédacteur en chef du site www.lecourrier-du-soir.com. Diplômé en Médias Internationaux à Paris, en Langues et Marché des Médias à Dijon et en Langues étrangères (anglais, espagnol et italien), ce passionné de journalisme intervient dans des domaines aussi divers que la politique internationale, l’économie, le sport, la culture entre autres. Il est aussi auteur du livre : "Covid-19 ; le monde d'après sera une dictature". Contact : cheikhdieng05@gmail.com