8 000 euros d’amende contre Mélenchon : le système veut tuer la France Insoumise avant 2022

La sentence est tombée. L’appareil judiciaire vient de frapper au cœur de la France Insoumise un an après une perquisition qui avait provoqué le courroux de Jean-Luc Mélenchon, chef de file du mouvement. « La République, c’est moi », « Ma personne est sacrée », hurlait-il le 16 octobre 2018 en pleine perquisition au siège de LFI. Des phrases qui vont lui coûter très cher.

En effet, ce 9 décembre, la justice a tapé la France Insoumise au porte-monnaie : 8 000 euros d’amende et trois mois avec sursis pour Mélenchon ; 10 000 euros contre Bernard Pignerol, président de l’association « l’Ere du Peuple » et 2 000 euros d’amende contre l’attachée de presse du mouvement.

Qu’est-ce qui est reproché à Mélenchon ? Cette question est d’autant plus importante que la sanction paraît assez disproportionnée. En effet, la justice poursuit le leader de la France Insoumise pour « actes d’intimidation envers un magistrat et un dépositaire de l’autorité publique, rébellion et provocation ».

La sentence une fois prononcée, Jean-Luc Mélenchon n’a pas tardé à réagir. Il dénonce un « jugement politique ». « C’est une comédie judiciaire pour me flétrir (…). C’est organisé pour me donner un coup, à moi et à mes amis, et c’est déplorable, parce qu’il y a bien d’autres manières de me combattre », a-t-il déploré.

Sur son compte twitter, l’ex ministre sous Mitterrand n’a pas mâché ses mots : « la honte pour ceux qui ont commandité ce cirque médiatico-judiciaire. Je porte ma condamnation pour rébellion comme une décoration. Je félicite les policiers généreusement indemnisés pour leurs atroces souffrances et les nombreuses journées d’arrêt de travail », a-t-il twitté.  Aussitôt tombée, la condamnation a suscité une impressionnante vague de soutiens à gauche où nombreux ont dénoncé un « deux poids deux mesures ».

Je tiens juste à préciser une chose : j’ai un énorme respect pour la justice française et dans cet édito, il ne s’agit en aucun cas de remettre en cause sa décision prise à l’encontre de la France Insoumise et de ses dirigeants dans l’affaire de la perquisition qui avait fait couler beaucoup d’encre il y a un an et liée à une supposée affaire de corruption qui, pour l’heure, reste encore à démontrer.

Oui, il est très important de préciser que Mélenchon et ses collaborateurs n’ont pas été condamnés ce 9 décembre pour corruption, ce qui, sans aucun doute, aurait été un coup dur pour une France Insoumise qui a essuyé un cuisant revers lors des dernières élections européennes (6,31%).

Néanmoins, je rejoins Olivier Besancenot qui, ce matin, a dénoncé un « deux poids deux mesures ». Les amendes infligées à la France Insoumise ont-elles pour but de faire saigner le parti financièrement, de ternir son image auprès des Français avant de l’éliminer politiquement ? La question se pose au moment où malgré le mauvais résultat obtenu lors des Européennes, la France Insoumise reste encore une force redoutable, capable de retomber sur ses pattes et de poser un sérieux problème à l’oligarchie financière dont Macron est le chouchou.

Comparée à l’affaire Benalla, la perquisition du siège de la France Insoumise est un détail qui ne mérite même pas qu’on lui accorde la moindre importance. L’attitude de Mélenchon était certes pitoyable et véhiculait une très mauvaise image d’un parti qui n’en avait pas besoin. Mais plus pitoyable a été l’attitude des médias qui en ont profité pour en faire un drame pendant plusieurs heures.

Je rappelle qu’en août 2018, Alexandre Benalla, proche collaborateur d’Emmanuel Macron, avait été filmé lors de la célébration du 1er mai en train de s’en prendre violemment à des manifestants en totale infraction, alors qu’il n’avait ni le droit d’intervenir au côté des CRS encore moins d’être armé. Quelques semaines plus tard, on a appris qu’il détenait deux passeports diplomatiques.

Depuis cette affaire qui avait secoué la République, Benalla n’a jamais été inquiété par la justice. Il vaque à ses occupations et serait même en train de préparer sa candidature pour les prochaines élections municipales. Il a été totalement protégé par le pouvoir au moment où le peuple français demandait des explications. Pire encore, l’affaire Benalla avait mis en lumière des contradictions au plus haut sommet de l’Etat, mais aucune autorité n’avait été inquiétée par la justice.

La condamnation prononcée ce lundi 9 décembre contre des dirigeants de la France Insoumise est une aberration. L’objectif est sans aucun doute de détruire un parti dont la capacité de mobilisation est spectaculaire et qui pourrait poser un sérieux problème à Macron lors de la prochaine présidentielle.

La réalité est celle-ci : Face à Marine Le Pen, il n’y a aucun doute que Macron serait réélu. Face à Mélenchon, l’équation devient plus compliquée pour le système. En conséquence, la stratégie est simple : éviter à tout prix un duel Macron vs Mélenchon, ce qui serait un désastre pour le système qui s’est appuyé sur Macron afin de mener une politique libérale qui lui va parfaitement bien jusqu’ici même si elle divise profondément le pays.

De cette condamnation, on apprend une chose : la bête à abattre n’est plus le PS, ni les LR, ni l’UPR encore moins le RN. Le seul obstacle à la réélection de Macron est la France Insoumise et d’ici 2022, le système fera tout ce qui est en son pouvoir pour lui déclarer une guerre sans merci. L’affaiblir financièrement et politiquement est désormais son seul objectif.