Acte 19 et Déploiement de militaires : le chef d’Etat-major des armées n’a pas été prévenu

La décision de déployer des soldats de l’Opération Sentinelle à l’Acte 19 des Gilets Jaunes de ce samedi 23 mars divise l’armée française. Les militaires font part de leur désaccord quant au déploiement, tandis que le chef d’Etat-major des armées n’a pas été prévenu par le gouvernement

A quelques heures de l’Acte 19 des Gilets Jaunes, une autre information relayée par la presse risque de mettre l’Exécutif dans l’embarras. En effet, en annonçant le déploiement de soldats de l’Opération Sentinelle devant des bâtiments publics, le gouvernement risque de susciter la grosse colère de l’armée.

D’après RTL, la décision de l’Exécutif de déployer des militaires a été prise sans que le chef d’Etat-major des armées, François Lecointre, ne soit prévenu. RTL ajoute que ce dernier a eu l’information de la part d’un de ses collaborateurs qui, lui aussi, a été informé du déploiement dans les médias.

« Ça peut aller jusqu’à l’ouverture du feu » 

Il convient de rappeler que le gouvernement a annoncé le déploiement de soldats de l’Opération Sentinelle dont la mission ce samedi 23 mars consistera à sécuriser des bâtiments publics, dont des ministères. Ces militaires ne seront pas du tout impliqués dans le maintien de l’ordre, comme l’a souligné l’Exécutif.

Toutefois, au sein de l’armée, on précise que ces soldats peuvent ouvrir le feu en cas de danger. « Les consignes des soldats sont fixés de manière extrêmement rigoureuse. Ils sont soumis au même cadre légal que les forces de sécurité intérieures. Ils ont différents moyens d’action pour faire face à toute menace. Ça peut aller jusqu’à l’ouverture du feu », a précisé ce vendredi le général Bruno Leray sur France Info.

« L’ennemi ne peut pas être la population »

La décision provoque une véritable crise au sein de l’armée où des militaires de l’Opération Sentinelle n’ont pas hésité à défier leurs supérieurs. « On a rien à faire dans ces histoires de ‘gilets jaunes’. Les mecs de Sentinelle, ce sont des militaires, on ne sait pas faire du maintien de l’ordre », s’agace un militaire interrogé par la chaîne France Info.

Pour un autre militaire interrogé par la même chaîne, l’ennemi, que les militaires de l’Opération Sentinelle sont censés combattre, ne peut pas être « la population ». « C’est absurde, c’est du n’importe quoi. On n’est pas préparé à ça. Nous, en termes techniques, on lutte contre l’ennemi. Et l’ennemi ne peut pas être la population, ce n’est pas possible. C’est la situation dans laquelle on essaie de mettre les militaires aujourd’hui », s’insurge-t-il.