Affaire Gadio : la grosse colère du président Idriss Déby : « pour qui se prennent les Chinois ? »

De nouvelles révélations ont été faites dans l’affaire Patrick Ho dans laquelle Cheikh Tidiane Gadio, ex ministre sénégalais des Affaires étrangères, est impliqué

Nouveau rebondissement dans l’affaire Gadio. Deux mois après la libération de Cheikh Tidiane Gadio, ex ministre sénégalais des Affaires arrêté le 21 décembre 2017 à New York pour corruption, le diplomate sénégalais a apporté de nouveaux éléments lors de son procès devant un juge new-yorkais.

Lors de son audience, Cheikh Tidiane Gadio dit avoir été « surpris et choqué » en apprenant que les coffrets-cadeaux destinés au président tchadien, Idriss Deby, contenaient 2 millions de dollars, soit un peu plus d’1 milliard de FCFA. « J’ignorais qu’il y avait de l’argent liquide dans les coffrets-cadeaux. J’ai été surpris et choqué. Deux millions de dollar dans des coffrets-cadeaux, cela ne peut être qu’une tentative de corruption », a-t-il déclaré devant le juge.

« La grosse colère de Déby »

Si Gadio a fait part de sa grande surprise, ce fut tout au plus pour Idriss Deby. En effet, ce mercredi, c’est le média South China Morning Post qui a fait des révélations choc en citant les propos du diplomate sénégalais. D’après le média chinois, huit coffres ont été transmis au président tchadien lors d’une rencontre qui s’est déroulée dans sa résidence.

Un peu plus tard dans la même journée, Gadio a reçu l’ordre de retourner voir le président tchadien. Face au juge, l’ex ministre sénégalais des Affaires étrangères a rapporté les propos du président tchadien, visiblement très en colère d’avoir découvert que l’on a tenté de le soudoyer. Idriss Deby était dans tous ses états.

« Pour qui se prennent-ils ? »

« Qui pensent-ils que je suis ? Pour qui se prennent-ils (les Chinois) ? Pourquoi pensent-ils que tous les présidents africains sont corrompus ? », se demandait le président tchadien. Le lendemain, Gadio demande à rencontrer la délégation chinoise envoyée par le richissime homme d’affaires chinois Patrick Ho qui avait ourdi le plan.

Gadio à qui les coffrets ont été transmis ne comprend rien. « Parmi les coffrets qui m’ont été transmis, figurait celui contenant les 2 millions de dollars. Ceci n’est pas acceptable et j’ai besoin d’une explication claire », s’agace Cheikh Tidiane Gadio. Devant le juge, le diplomate sénégalais affirme avoir reçu des excuses de la part de Patrick Ho et de son collaborateur Zang Jianjun.

« Gadio devait toucher 3 milliards de dollar »

A la suite d’une courte discussion avec Gadio, Patrick Ho et ses collaborateurs expliquent au diplomate sénégalais que les 2 millions de dollars sont destinés au peuple tchadien et que retourner cette somme serait, pour eux, synonyme d’humiliation. Mais, pour Gadio, le chapitre est clos. Il n’a plus jamais évoqué ce sujet avec Patrick Ho.

Devant le juge, Gadio s’est prononcé sur ses relations avec Patrick Ho. A la question de savoir pourquoi il n’a pas mis fin aux relations avec l’homme d’affaires chinois au terme de sa mission, il rétorque : « le Tchad avait vraiment besoin de ce contrat et je pensais que je devrais continuer ». D’après le média chinois, Gadio devait recevoir en retour 10% du deal, soit 300 millions de dollar.

« Nos amis chinois sont bizarres »

Une révélation compromettante a été faite lors du procès. En effet, Gadio a été contraint de montrer au juge un message qu’il avait gardé sur son téléphone portable datant de décembre 2014. « Nos amis chinois sont bizarres. Nous allons leur accorder une semaine de plus sinon nous retournerons en Afrique et nous ternirons leur réputation », écrit-il à son fils après s’être senti déçu de sa collaboration avec les chinois.

Un message que Gadio reconnaît avoir lui-même écrit.  « Ce ne fut pas une déclaration sympa », a-t-il déclaré devant le juge. Cheikh Tidiane Gadio devra comparaître une nouvelle fois ce jeudi. Pour rappel, Gadio avait été arrêté et accusé d’avoir servi d’intermédiaire entre Déby et Patrick Ho. Il devait assurer à la Chine d’importants marchés pétroliers au Tchad.