Affaire Mélenchon : comment l’élite tente de masquer la mort politique de Macron

(Une analyse du journaliste Cheikh DIENG)

« En politique, rien n’arrive par hasard. Chaque fois qu’un évènement survient, on peut être certain qu’il a été prévu pour se dérouler ainsi ». C’est ce qui disait Franklin Delano Roosevelt, ex président des Etats-Unis de 1933 à 1945. Je ne pensais jamais utiliser cette phrase dans une de mes analyses. Mais, la situation actuelle me l’impose.

Compte tenu du contexte actuel où, comme par hasard, tous les opposants de Macron sont en train d’être éliminés politiquement, j’en suis arrivé à la conclusion qu’il y a anguille sous roche. En effet, l’acharnement contre Jean-Luc Mélenchon, chef de file de la France Insoumise, déjà cloué au pilori sans qu’il ne soit reconnu coupable des faits qui lui sont reprochés (à lui et à des collaborateurs) m’amène à me poser les questions : à qui profite tout cela ? Pourquoi tout d’un coup on veut faire taire la seule et unique opposition à Macron ?

Après avoir vigoureusement dénoncé les méthodes lâches et arbitraires utilisées lors de la perquisition de l’appartement de Mélenchon et du siège de la France Insoumise, je me suis efforcé, pendant plus d’une semaine, à observer les réactions des médias mainstream français sur cette affaire. Je n’ai voulu négliger aucun détail. Chaque réaction politique compte, chaque sondage aussi.

Et j’ai pu apprendre énormément de choses sur les méthodes subtiles utilisées par l’élite pour neutraliser des adversaires jugés « gênants ». Il faut avoir l’honnêteté de reconnaître que Mélenchon en était un. En effet, le récent ralliement des personnalités de gauche (Maurel et Lienemann) à la France Insoumise, sa forte mobilisation lors de la Loi Travail et la suppression du statut des cheminots avaient fini par faire de Mélenchon plus qu’un opposant gênant, mais un potentiel occupant de l’Elysée. Celui qui mettrait le dernier coup de poignard à la Vème République.

Cette menace a toujours plané. Elle a été exacerbée par le très bon score de Mélenchon lors de la présidentielle de 2017. Elle a été prise très en compte par l’élite qui, comme j’ai fait remarquer à plusieurs reprises, est en train de chercher activement et désespérément un futur remplaçant à Macron.

Au-delà du matraquage médiatique dont sont victimes Jean-Luc Mélenchon, ses collaborateurs et la France Insoumise, au-delà des sondages destinés à manipuler l’opinion publique française et semer la dissension dans le camp des insoumis, il y  a un autre facteur qui, à mon avis, explique tout : la diversion.

Oui, j’ai compris, comme bon nombre de Français et Françaises d’ailleurs, que l’affaire Mélenchon, montée de toutes pièces pour détruire la France Insoumise qui (il faut bien le reconnaître) a reçu un sacré coup dur, sert uniquement à masquer la chute libre de Macron dans les sondages. Au moment où je vous parle, l’impopularité du président français bat un record : désormais, seuls 26% des Français font confiance à Emmanuel Macron.

La stratégie de diversion semble porter ses fruits. Vous avez dû remarquer que désormais rares sont les médias qui s’intéressent à la popularité de Macron qui perd de plus en plus de points. Depuis la perquisition de l’appartement Mélenchon et celle menée au siège de son parti, la France Insoumise est sur la sellette. D’ailleurs, ce mardi 30 octobre, pendant toute la journée, Alexis Corbière a été trending topic sur Twitter.

Ce qui est grave dans tout cela est le traitement fait par les internautes de cette affaire. En effet, au lieu de s’indigner et de tirer la sonnette suite au cambriolage qui a été mené chez lui (Corbière) dans la nuit du 11 au 12 octobre et durant lequel son ordinateur a été volé, plusieurs internautes français ont préféré jouer la carte de la dérision. Je ne trouve absolument rien de drôle dans cette affaire. Au contraire, je constate des décisions juridiques extrêmement périlleuses et un traitement médiatique partisan.

Désormais, on veut nous faire croire qu’Alexis Corbière et Rachelle Garrido auraient bénéficié d’une aide aux ménages très modestes pour financer des travaux. Le coût total serait égal à 20 000 euros et d’après Le Canard Enchaîné, Alexis Corbière aurait reçu 12 000 euros de subventions. Dans des circonstances pareilles, la logique voudrait que les personnes accusées puissent bénéficier de la présomption d’innocence jusqu’à ce qu’elles soient condamnées par la justice.

Mais, hélas non. L’élite ne veut donner aucune chance à la France Insoumise. Elle veut l’éliminer comme elle l’a fait avec d’autres formations politiques qui n’existent désormais que de nom (PS, LR, RN, MoDem…).

J’avais prédit une intensification des attaques contre la France Insoumise et je n’avais pas tort. Permettez-moi de vous dire ceci : pour masquer la chute drastique du candidat du système (Macron), l’élite ne lâchera rien. Plus les jours passent, plus les attaques deviennent plus violentes.

A la France Insoumise de savoir gérer la crise. Il n’y a désormais que deux options : résister ou disparaître.

Cet édito n’engage que son auteur. Elle ne reflète en aucun cas la ligne éditoriale du média www.lecourrier-du-soir.com, média neutre et indépendant.