Affaire Mélenchon : l’élite manipule les instituts de sondage pour diaboliser la France Insoumise

(Une analyse du journaliste Cheikh DIENG)

J’avais parlé, dans ma dernière analyse sur l’affaire Mélenchon, de la machine médiatique qui allait être déclenchée par le système pour tenter de détruire La France Insoumise. Le temps m’a donné raison. Aujourd’hui, au-delà d’un matraquage médiatique, c’est une tentative abjecte, ignoble et très malsaine de vouloir à tout prix étouffer l’unique opposition à Emmanuel Macron.

Tout comme moi, vous avez sans doute remarqué ce petit jeu très fourbe et anti-démocratique des médias mainstream français, lesquels avaient porté Macron au pouvoir. Ces derniers jours, pour mieux diaboliser la France Insoumise, ils se sont appuyés sur une série de sondages pour décrédibiliser une opposition qui se dirige lentement mais sûrement vers le pouvoir.

Cela me fait rire de constater que les Français tourneraient le dos à Mélenchon pour s’être seulement opposé à une perquisition qui n’avait pas son lieu d’être et de surcroît très politique. Et pour faire tomber une opposition coriace, rien de tel que de recourir aux sondages, l’arme fatale dont se servent tous les systèmes pour éliminer politiquement des opposants jugés trop gênants.

Intéressons-nous aux sondages alors. D’après Ifop, 59% des Français (6 Français sur 10) trouvent que Mélenchon les « inquiète ». D’après un récent sondage mené par le baromètre BVA, Mélenchon a perdu 7 points de bonnes intentions et que sa cote de popularité est passée de 25% à 18%. Dans un sondage de YouGov pour Le Huffington Post, 52% disent avoir été « choqués » par la réaction de Mélenchon lors de la perquisition menée chez lui.

Je tiens à rassurer les sympathisants de la France Insoumise qu’ils ne devraient surtout pas se laisser influencer par ces chiffres. Ce n’est que du pipeau et tout entre dans une logique connue de tous : saboter la présidentielle de la France Insoumise qui, au moment où j’écris ces lignes, a toutes les chances d’arriver au second tour, voire évincer Macron du pouvoir.

Je rappelle qu’un mois avant la présidentielle américaine, les médias mainstream nord-américains nous avaient fait le même coup. En effet, ils nous avaient fait croire que 7 américains sur 10 voyaient la victoire d’Hillary Clinton face à Donald Trump. Et pourtant, il n’en est rien. La guerre psychologique contre un candidat antisystème (ici Trump) s’est avérée être un véritable échec.

Et c’est exactement la méthode stratégie à laquelle nous assistons en France dans l’affaire Mélenchon. Ce qui est encore plus ignoble dans cette affaire est le défilé des directeurs d’instituts de sondage sur les plateaux de télé dont l’unique mission est : assassiner politiquement Mélenchon.

« C’est une dégradation extrêmement importante de l’image de Jean-Luc Mélenchon. Avec Ifop et CNews, on n’a pas voulu  travailler sur l’affaire, sur les perquisitions ou ses réactions. On a tout simplement reposé des traits d’image qu’on avait mesurés lors de la campagne présidentielle lorsqu’il y avait eu percée de l’image de Jean-Luc Mélenchon. Et là, qu’est-ce qu’on voit ? On voit des chutes de traits d’image absolument extraordinaire », se scandalisait Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l’Institut Ifop ce 25 octobre sur CNews.

Et Dabi de poursuivre : « (…) je pense que quand on est sur une chute pareille, on est sur une rupture d’opinions extrêmement forte. C’est une dislocation de l’image que Jean-Luc Mélenchon s’était construite pendant l’élection présidentielle. Bien sûr, avec le temps, les choses peuvent revenir ».

L’usage des termes « chute », « rupture », « dislocation » ne devrait pas vous étonner. Nous sommes en effet face à une véritable entreprise de communication dont l’unique but est de faire passer Mélenchon pour ce qu’il n’est pas. D’ailleurs, à la question de savoir si Mélenchon est encore présidentiable, Frédéric Dabi rétorque : « il ne l’a jamais été ».

Invité dans l’émission « L’Info du vrai », le politologue et directeur de l’institut de sondage Pollingvox est sur la même ligne que Dabi. Il estime en effet que le regard des français sur Mélenchon a radicalement changé et va jusqu’à comparer l’affaire Mélenchon à l’affaire Benalla qui avait fortement écorné l’image de Macron. Cependant, la palme d’or du ridicule a été remportée par le journaliste Jean-Louis Burgat qui ce 23 octobre a osé déclarer ceci : « pour moi, Mélenchon est cuit pour la présidentielle ». Quelle horreur !

J’avais prédit le déclenchement d’une guerre médiatique d’une rare violence contre la France Insoumise qui a assené un coup dur à tous ses rivaux de l’opposition. Sur le statut des cheminots, elle a brillamment fédéré autour d’elle toute la classe ouvrière, comme elle avait si bien fait avec la loi travail. Sur l’affaire Benalla, elle n’a pas hésité à voter la motion de censure présentée par Les Républicains.

Sur l’immigration, la France Insoumise est le seul parti politique qui ose s’attaquer aux racines de ce phénomène, c’est-à-dire au pillage sauvage des richesses de l’Afrique, au guerres menées par l’Occident au Proche et Moyen-Orient qui ont été à l’origine d’une arrivée massive de jeunes, femmes et enfants en Occident à la recherche d’une vie meilleure. Pendant que la droite et l’extrême-droite surfent sur la peur des Français, préférant fermer les yeux sur le fond de la question en brandissant la menace d’une « Europe envahie » et d’une éventuelle « disparition de la race blanche ».

Il fallait s’attendre à ce que la France Insoumise soit ciblée par une élite qui a bien compris que la fin de Macron est proche. Contrairement à la presse française, dans la presse anglophone, la mort politique de Macron a été annoncée depuis plusieurs mois. Je tiens à rappeler qu’un édito du New York Times datant du 9 novembre 2017 et rédigé par le journaliste Chris Bickerton prédisait déjà l’échec du président français.

« Le succès de Macron lors des élections présidentielles de juin dernier a agité le paysage politique moribond de manière profonde et radicale. Pour cela, il mérite des remerciements. Mais, en tant que projet politique, le macronisme n’est qu’une rhétorique et un orgueil surdimensionné soutenus par des politiques néolibérales conventionnelles », écrivait Bickerton. Ce 3 octobre, le média canadien iPolitics.ca a publié un éditorial titré : « Emmanuel Macron ne brille plus ».

Ce matraquage médiatique suivi d’une série de sondages publiés en boucle par les médias mainstream qui contrôlent le pays et verrouillent tout le système n’est que le premier round d’une bataille destinée à neutraliser un parti d’opposition qui a le vent en poupe. Il faut bien comprendre que le système est à la recherche d’un successeur à Macron car ce dernier a déjà montré ses limites.

Pendant ce temps, hors de question de laisser les partis du peuple (qualifiés malhonnêtement de partis populistes) gagner les cœurs et les esprits. Il faut à tout prix leur barrer la route car leur accession à la tête du pouvoir marque non pas le début du chaos (comme ils le disent) mais plutôt la fin des privilèges d’une élite médiatico-financière prête à tout pour garder ses prérogatives.

Les sondages d’opinion vont s’intensifier c’est moi qui vous le dit. Et l’image de Mélenchon et de la France Insoumise sera traînée dans la boue. Toutefois, l’espoir est encore permis. La France Insoumise ne doit rien lâcher et doit continuer à mener le combat jusqu’au bout. Sa chute marquera la fin de l’insoumission en France et la soumission de ce pays à l’oligarchie financière pour quelques décennies encore.