Affaire Mila en France : la laïcité et la liberté d’expression ont perdu et les fachos ont gagné

La France est devenue une véritable poudrière et il suffit d’une moindre étincelle pour que le pays entier s’embrase. L’hystérie, la manipulation, l’amalgame, la haine, le rejet, le mensonge et les Fake News ont pris une telle proportion dans la société que désormais tous les scénarii sont envisageables.

En effet, après le voile, voilà que les médias viennent à nouveau nous servir une nouvelle polémique connue sous l’Affaire Mila et qui, depuis une semaine, divise profondément la classe politique française. Une classe politique à court d’arguments pour satisfaire les revendications d’un peuple en colère et qui, désormais, s’agrippe sur tout sujet de controverse pour éviter sa disparation.

Dans cette histoire, on nous parle d’une jeune lycéenne qui a proféré des insultes à l’égard de l’Islam. Sur la vidéo dont les extraits sont encore disponibles sur les réseaux sociaux, la jeune fille exprime son opinion sur l’Islam en ces termes : « je déteste la religion, le Coran est une religion de haine, il n’y a que de la haine là-dedans, l’Islam, c’est de la merde ! ».

Il n’a fallu que quelques heures pour que la polémique prenne une tournure impressionnante. Et quand les médias s’en mêlent, c’est qu’on n’est pas sorti de l’auberge. Apparemment, la jeune fille en question a été harcelée sur les réseaux sociaux, notamment sur Twitter. Une telle situation fait qu’elle ne peut plus se rendre à son lycée qui ne peut plus lui garantir sa sécurité.

Un simple fait d’hiver qui ne méritait pas qu’on lui accorde la moindre importance a pourtant fini par devenir presque une affaire d’Etat poussant le ministre de l’Education et celui de la justice à rompre le silence. Belloubet qui, au début de cette affaire, avait condamné les propos de Mila a opéré un virage à 180 degrés sous la pression de la fachosphère. Et le ministre de l’Education, Blanquer, dit qu’il aidera la jeune fille à se rescolariser. Pour le moment, on en est là et tout le reste n’est que du baratin.

La religion, notamment l’Islam, est au cœur de cette affaire. Pour certains, on doit pouvoir insulter toutes les religions en France. Et les partisans de cette thèse s’inspirent de la vidéo de l’artiste Frédéric Fromet qui, dans une prestation sur le plateau de France Inter, a traité Jésus de « pédé ». Tandis que les détracteurs de Mila estiment qu’autoriser que les gens insultent librement les religions risque de provoquer des tensions intercommunautaires et pourquoi pas une guerre civile.

En tout cas, depuis le début de cette affaire, les ardents défenseurs de la laïcité sont montés au créneau nous rabâchant constamment le « droit au blasphème ». Evidemment, nous vivons dans une démocratie où le droit du blasphème est certes garanti, mais est-ce une raison d’encourager une telle pratique compte tenu de toutes les conséquences que cela pourrait avoir à court ou long termes ?

Je défends l’idée que dans une démocratie (et la France en est une), les religions (quelles qu’elles soient) doivent être critiquées. En effet, chaque citoyen doit aujourd’hui pouvoir s’exprimer librement sur l’Islam, sur le catholicisme ou le judaïsme sans tomber toutefois dans la provocation.

Malheureusement dans cette affaire, quand le droit au blasphème est brandi, on sait quel est son objectif final : s’attaquer à des religions et en l’occurrence, l’Islam et le christianisme. Car, si Mila avait insulté le judaïsme comme elle l’a fait avec l’Islam ou si Frédéric Fromet avait intitulé sa chanson « Moïse est Pédé », très peu de médias oseraient prendre leur défense et les deux seraient violemment attaqués et probablement traités d’antisémitisme. Donc, il y a bien un deux poids deux mesures que l’on ne dit pas dans cette histoire.

Il convient de faire remarquer que ni les défenseurs de la laïcité, ni les défenseurs de la liberté d’expression n’ont gagné dans l’Affaire Mila. Ils ont au contraire offert une très belle victoire aux fachos qui, depuis une semaine, se frottent les mains s’empressant d’apporter un soutien sans faille à une fille qui, certainement, n’a jamais adhéré à leur idéologie.

Et c’est là que se trouve toute la contradictoire de la fachosphère. Ils s’érigent en défenseurs de la religion catholique que quand cela les arrange, mais très peu (mais vraiment très peu) s’inquiètent du sort de cette religion. D’ailleurs, beaucoup d’entre eux se revendiquent ouvertement athées et ne manquent pas de cracher sur le christianisme quand ils ont l’occasion de le faire.

Rien ne justifie que Mila soit agressée, insultée ou menacée de mort. Elle n’a fait que donner son avis sur une religion qu’elle ne connaît pas et qui ne l’intéresse pas. Toutefois, profiter d’une telle maladresse commise par une jeune adolescente pour ouvrir les portes d’une confrontation sociale, il faut être très stupide pour le faire.

Le respect des religions (christianisme, judaïsme ou l’Islam) doit être une obligation dans une République française qui, on le sait, a toujours voulu éliminer toute trace de religion. Il suffit pour cela de se pencher sur le traitement ignoble et inhumain qui a été réservé aux catholiques durant les heures les plus sombres de la révolution française, notamment sous le règne de Robespierre.

Le retentissement médiatique spectaculaire qu’a connu cette affaire laisse penser que tout ceci est a été bien orchestré pour justement trouver les moyens une fois de plus de diviser les Français de confession musulmane, catholique ou juive. Chaque jour qui passe nous rapproche d’une guerre civile dont les conséquences seront désastreuses pour la France. Et ceux qui cherchent à jeter de l’huile sur le feu auraient mieux fait de mettre fin à leur stratagème funeste.