Affaire Sonko au Sénégal : Mon intime conviction : défaite judiciaire, victoire politique (une analyse d’Idriss Maham)

Le jeudi 1er juin 2023, je me suis levé tôt pour entendre le verdict de l’affaire Sonko-Adji Sarr en direct à travers la radio. Je ne souhaitais avoir aucune interférence avec le filtre partisan et définitivement dichotomique des réseaux sociaux du Sénégal à ce sujet. Toute la nuit, je me suis demandé quelle serait demain l’intime conviction du juge, quel serait donc ce droit qu’il allait rendre au nom du peuple sénégalais.

Ma surprise fut totale.  Profane du droit comme une très grande majorité des Sénégalais, je m’attendais à entendre, le non-lieu hélas derrière nous, un acquittement ou une condamnation pour viols répétés et menaces de mort; les deux accusations qui ont caractérisé ce dossier depuis le début et qui ont nourri le tumulte de la rue. À la surprise générale, dit moins des profanes, on a assisté, in fine, à une « requalification » des faits (droit absolu des juges ?).

Ainsi donc, Ousmane Sonko qui était initialement accusé de viols répétés a été acquitté de ces faits ou plutôt « disqualifié » de ces faits comme le rappelle celui qui aime monter sur ses grands chevaux, le grand mercenaire et maître ès art des acrobaties dialectiques en droit : Ismaël Madior Fall, l’agrégé devenu prolifique sur les plateaux télé et infécond quand il s’agit de productions scientifiques évaluées par les paires hors de sa secte « CAMES ».

Que reste-t-il alors des accusations ? Eh bien, le sieur Ousmane Sonko demeure coupable de « corruption de la jeunesse » (voir article 324 du Code pénal sénégalais), un délit qui, en plus de son obsolescence avérée de l’avis des techniciens « organiques » du droit, ne semblait pas être visé (pour Sonko) dans l’ordonnance de renvoi devant la chambre criminelle. Mon intime conviction est que les Sénégalais ont dans leur grande majorité eu une interprétation littérale de cette condamnation. En effet « corruption de la jeunesse » est associé non pas à un acte délictuel (attentat aux mœurs) de Ousmane Sonko envers Adji Sarr, mais plutôt aux appels à manifestations que le leader du PASTEF fait souvent à l’endroit des jeunes. À l’avantage naturel du leader de PASTEF, cette mauvaise interprétation met en échec toutes les manœuvres et tentatives d’humiliation ambitionnées dans ce procès par quelques pontes du parti au pouvoir qui y voyaient une belle occasion de se débarrasser du caillou Sonko dans la chaussure de leur président. Le président Macky Sall a réussi (pratiquement) à ne jamais prononcer directement le nom de Ousmane Sonko, il pouvait éduquer son gouvernement et ses alliés en ce sens afin que rien ne vienne polluer cette affaire supposée opposer deux citoyens. On aurait pu ainsi avoir une occasion ultime de démontrer la solidité de nos institutions et notre maturité démocratique. Que nenni ! Puisque tout est perception !

Aucun micro-trottoir ou sondage ne peut et ne pourra établir de façon factuelle une compréhension de ce jugement par les Sénégalais pour qui la justice est rendue (faites le test avec vos proches !). Mieux, la majorité des citoyens sénégalais retient qu’Ousmane Sonko est innocent des deux accusations phares qui ont secoué le pays avec son cortège de violences macabres. Les patriotes de PASTEF détenant le « trending » des réseaux sociaux sont venus définitivement renforcer et cimenter dans la conscience populaire, plus particulièrement la jeunesse, que leur leader est non seulement innocent, mais aussi qu’il est victime d’un complot d’état ourdi par les pontes du « SALL » régime bel et bien cités et convoqués dans cette affaire. Puisque tout est perception !

Bien que la décision d’un juge échappe aux justifications devant la place publique, elle n’échappe pas cependant aux commentaires encore moins aux critiques. Dans les salons feutrés des quartiers huppés de Dakar aux sols tapissés de marbre de carrare, aux baies vitrées géantes donnant sur des piscines à débordement ou bien encore dans les bureaux des tribunaux de Dakar, le juge en charge de ce dossier peut-être académiquement bien compris, très bien compris; sa décision peut faire sens dans l’oreille de ses paires et « ami-e-s », mieux, même son chauffeur ainsi que le jeune coursier de son bureau peuvent à minima entendre et accepter son explication par subordination. Mais en aucun cas, même avec la pédagogie la plus convaincante et persuasive du monde, il ne pourrait expliquer sa décision aux jeunes, au peuple de façon général qui par essence est émotif et irrationnel. Puisque tout est perception !

Quoi qu’il en soit, il y’a lieu de se rendre à l’évidence que le plus célèbre et curieux contumax du Sénégal sort gagnant de ce procès malgré sa condamnation et les potentielles conséquences qui en découlent : défaite judiciaire sans doute oui, victoire politique assurément oui. À bien des égards, cela rappelle la défaite militaire de Nasser (face à Israël) transformée en victoire politique élevant ironiquement l’égyptien au rang de leader historique et mondial… Pourtant il venait d’échouer lamentablement face à l’ennemi. Puisque tout est perception !

Si le droit est rendu au nom du peuple, il est vital que l’intime conviction du juge, sans s’aventurer dans le champ populiste, ne s’éloigne jamais du champ populaire. Mon intime conviction est qu’au nom de cet idéal, il aurait fallu assumer et oser condamner Ousmane Sonko pour viols répétés et menaces de mort s’il y’a matière à le faire ou simplement et tout bonnement l’acquitter. Cette décision de justice vient renforcer le sentiment et la perception qu’aussi bien ce ministère de souveraineté que les juges sont à la solde de donneurs d’ordre extérieurs. Puisque tout est perception !

En plus de la bataille nécessaire qui doit avoir lieu pour supprimer les pouvoirs discrétionnaires de l’Exécutif dans la magistrature et atteindre l’indépendance institutionnelle tant souhaitée, il est urgent d’interroger les sénégalais sur leurs attentes et espoirs de la justice qu’ils sont en droit de “juger” et qu’ils jugent de plus en plus partial et dépendante de commandes politiques au fur et à mesure que les feuilletons politico-judiciaires se suivent et se succèdent devant eux.

Par ailleurs, en acceptant l’emprisonnement d’autant de jeunes (plus de 500) au cours de ces manifestations, fussent-ils coupables de ces délits que vous leur reprochez, ayez conscience chers juges que vous nourrissez un puissant vecteur de politisation et vous contribuez également à la démystification des lieux de privations de libertés. La prison doit demeurer un mythe, une légende, un mystère, un lieu dont on a d’expérience que théorique. Parmi mille autres raisons, la honteuse capacité d’accueil de nos prisons suffit à elle seule comme raison pour se consacrer et se concentrer sur les “vrais” délinquants dont la liberté représente réellement un danger pour le pays et les citoyens.

Pointer du doigt le coupable originel : Macky Sall …

L’affaire Sonko-Adji Sarr est en train de pourrir la vie des Sénégalais et la réputation du pays comme havre de paix, dernier idéal ou plutôt dernière illusion qui nous rendait fiers. Il nous est désormais impossible de jouer au sénégalais chauvin se moquant à outrance des compatriotes vivant dans l’Afrique des dictateurs champions de la longévité au pouvoir et qui usent et abusent de la coupure d’internet et des milices pour mater la jeunesse. Les soldats en treillis armés dans la rue, les emprisonnements massifs, la coupure d’internet ou de signaux de télévision sont de viles manœuvres dont nous ne sommes pas coutumiers. Seul un pouvoir mal aimé, arrogant, en perte de vitesse et dans le tâtonnement peut recourir à de telles initiatives qui piétinent des droits consacrés et sacrés.

Mon intime conviction est qu’il n’y a pas lieu de chercher un quelconque équilibre dans la distribution des responsabilités. Il n’y a pas lieu non plus de jouer aux équilibristes pour éviter de frustrer un camp ou un autre. C’est en ce sens que je partage totalement l’avis du trio respectable Mohamed Mbougar Sarr, Felwine Sarr et Boubacar Boris Diop qui ont été accusés de manquer de neutralité dans leur tribune imputant la situation du pays aux dérives autoritaires de Macky. En situation de crise, on s’adresse à celui qui a le plus gros bout du bâton pour reprendre un lexique québécois. En effet si Ousmane Sonko a le don de l’énergie d’activation de ce feu qui couve dans le pays, Macky demeurera celui qui est responsable et du comburant et du combustible. À lui seul revient le devoir historique de s’élever et de retrouver dans son rôle de « chef suprême des armées » les approches pour (con)vaincre sans combattre. Ma profonde et intime conviction est que le président en exercice est le seul qui doit être pointé du doigt, de par sa station privilégiée et de par les “trop grands” pouvoirs que nous lui avons confiés “si ndiek”.

Il doit être pointé du doigt pour avoir laissé des personnes en civil armées opérer aux côtés des forces de sécurité.

Il doit être pointé du doigt pour avoir mobilisé autant d’énergie à dessein de briser les oppositions historiques du pays que sont le Parti démocratique sénégalais et le Parti socialiste; pour avoir substitué des hommes de sciences et de paix qui l’ont entouré par des lèche-bottes agités et des va-t-en-guerre qui n’ont jamais pu habiter ni incarner leurs fonctions et les symboles qui s’y rattachent.

Il doit être pointé du doigt pour avoir laissé la police nationale se fracasser sur le mur de la honte avec cette conférence de presse où l’on projette ces vidéos qui s’avèrent être les preuves implacables de leurs propres forfaits; tel un accusé qui se présente au tribunal avec le couteau dégoulinant encore du sang frais de sa victime. Demain, quand les terroristes, les « vrais » seront à nos portes et que les yeux seront tournés vers les forces de défense et de sécurité, il sera difficile de capter l’attention, de faire comprendre aux gens que « cette fois c’est sérieux ». Confiance rompue à jamais.

Il doit être pointé du doigt pour avoir envoyé au charbon le Premier Ministre du Sénégal et 3 ministres de souveraineté (défense, intérieur, justice) désacraliser leurs fonctions devant la presse dans un vocabulaire pauvre et standardisé truffé de « petites phrases » et « éléments de langages » visant à préparer les Sénégalais à leurs prochains coups fourrés : halte à toute tentative de report des élections ou à l’instauration d’un régime d’exception !  La présence simultanée de ces 4 institutions du pays dans une conférence de presse est à elle seule antinomique de ce que l’état avait décrit comme étant une petite tempête dans un verre d’eau ou une « petite affaire de mœurs » opposant deux citoyens. En outre, la réplique portée à Branco démontre à suffisance le manque de sérénité et l’amateurisme de ceux qui nous gouvernent, toujours enivrés par le pouvoir, la force et l’arrogance. Vous n’avez jamais su « habiter » vos fonctions. Le seul péril du Sénégal, le seul drame de ce pays, c’est vous ! Vous qui avez trahi la jeunesse en maintenant un statuquo sur les politiques publiques qui leur sont destinés avec zéro donnée pour connaitre qui ils sont, zéro donnée pour comprendre leurs aspirations, zéro donnée pour sonder les approches efficientes et venir à bout de leurs difficultés.

Enfin il doit être pointé du doigt pour cette “obstination orgueilleuse” de vouloir rester dans le clair-obscur concernant sa candidature en 2024. Ayant raté par deux fois (les adresses à la nation du 31 décembre 2022 et du 03 avril 2023) la fenêtre de tir idéale pour annoncer sa non-participation, le Président Macky Sall ne peut désormais se contenter que de la petite porte à la suite de son simulacre de dialogue pour annoncer son départ ou persister dans l’erreur en réitérant son souhait d’être candidat en 2024. Sa peur d’être “potentiellement” remplacé par Ousmane Sonko et son envie irrésistible de capitaliser la future dynamique du pays au plus haut de notre pic de production pétrolière et gazière ne doivent pas lui faire perdre la raison; la république est éternité, elle est continuité. Tout compte fait, mon intime conviction demeure que Macky Sall n’a jamais voulu se présenter à un 3e mandat, mais est resté pris au piège inévitable de tous les partis politiques africains construits non pas autour d’idéologie, mais de personnes : l’étouffement systématique de tout potentiel dauphin ou numéro #2 pour la gloire éternelle d’un unique chef. Un jour, sans nul doute, PASTEF également goutera immanquablement à ce piège.

De la conséquence de déserter les débats d’idées …

Si Ousmane Sonko est un monstre, c’est le President Macky Sall et ses alliés qui l’ont créé de toute pièce dans une vaine tentative d’humiliation et de démonstration de force entamée le 29 aout 2016. N’eût été ces « tirs groupés à bout portant » le visant, dans le landerneau politique sénégalais, Ousmane Sonko se situerait au mieux devant un Malick Gakou, au pire derrière un Bougane Gueye Dany : c’est-à-dire connu de tous les Sénégalais, mais sans l’étincelle pour haranguer et électriser les foules.

À ces débuts, le leader du PASTEF était exclusivement concentré sur des questions relevant de son domaine de prédilection : impôts, fiscalité et dans une moindre mesure  budget. À ces débuts, le leader du PASTEF mettait en exergue l’existence ou la possibilité de nouveaux paradigmes pour financer notre pays en construction en usant par exemple de leviers de financements souverains comme l’épargne des Sénégalais qu’il fallait stimuler au préalable. À ces débuts, le leader du PASTEF était dans la dénonciation de la gabegie à travers les livres et les conférences de presse, banale posture d’un opposant. À ces débuts le leader du PASTEF nous parlait de sa fameuse monnaie locale, de l’autonomie des collectivités locales, entre autres sujets intéressants pour les uns et chiants pour les autres; à ces débuts, le leader du PASTEF était sur terrain des idées. À défaut de lui administrer des réponses « savantes », « argumentées » et « sourcées », les cancres de la république se sont très rapidement attaqués à ses femmes et leurs voiles, à son appartenance confrérique, à ses liens supposés avec les rebelles du MFDC ou des groupements d’intérêts étrangers (Ex. : Tullow Oil).

De là, est né un homme radical qui vous a rejoint bien volontiers dans le rapport de force et la confrontation pour sa survie (après avoir observé la stérilité et l’inefficience des postures pseudo-républicaines de Karim et Khalifa) : vous avec les moyens et la force de l’État et lui avec une frange importante de la jeunesse qui aspire au changement. Qui aujourd’hui au Sénégal, du parti au pouvoir, porte la réplique aux idées du Dr Abdourahmane Diouf sur la démocratie de concordance qu’il théorise ? Qui lui contredit sur son idée bizarre de mandat unique de 7ans? Qui sait d’ailleurs qu’il a fait cette proposition ? Personne peut-être ! S’il advenait que son aura se décuple et qu’il devienne harangueur de foule, en ce moment-là et seulement à ce moment, il aura droit à sa réplique, non pas sur le terrain des idées, mais toujours, comme à l’accoutumée, les attaques au bas de la ceinture : de supposées affaires de mœurs et/ou de détournement de deniers publics, rebelotte… Quid de Thierno Alassane Sall et son livre dense et bien écrit (le protocole de l’Élysée, Fauves Éditions, 2020) ? Qui lui a opposé une réponse ? Qui s’est prêté au jeu en le challengeant dans un débat ? Si nous remontons plus loin dans le passé, qu’avons-nous fait des idées de Ibrahima Fall ou de Maitre Doudou Ndoye ?

Remplacer « Ousmane Sonko » par n’importe quel nom venant de n’importe quelle région, dans la mesure où cet individu porte les espoirs d’une partie de la jeunesse, cette jeunesse majoritaire à plus de 75% dans le pays, vous ne ferait rien sans lui. Absolument rien. Que ceux qui ont dialogué avec Macky se le tiennent pour dit. S’il advenait qu’Ousmane Sonko « disparaisse » demain, le lendemain, vous verrez émerger d’autres opposants plus radicaux et intenses qui vous donneront presque sa nostalgie…

La bourgeoisie compradore et la caste politique qui engrangent et accumulent sans pitié les deniers des pauvres insupportent les jeunes qui sont désœuvrés et à n’importe quel prix, ces derniers sont désormais prêts à sonner la fin des « noces ». Ouvrez les yeux alors pendant qu’il est temps si vous êtes capables de science et de sagesse. Il y’a lieu de descendre de son Olympe, ne pas se perdre dans les conjectures et voir plutôt la conjoncture actuelle du monde. Comme le souligne Dr Bakary Samb, « on est en face d’un phénomène militant nouveau loin des pratiques et du substrat culturel des partis, des syndicats, des associations ou même des mouvements sociaux ». Ce phénomène que vous refusez d’analyser en profondeur pour en comprendre les motivations, les aspirations profondes, et plus que les espoirs, les espérances, vous condamnera au tribunal de l’histoire, et par-delà, vous enterrera dans le cimetière des traitres de la nation.

Avec deux neurones défectueux, il est bien évidemment plus simple de considérer les jeunes manifestants comme des étrangers illégaux, des affamés pilleurs de magasins, des bandits, des terroristes, des forces occultes, etc. le tout dans un double dessein réducteur et méprisant : d’une part, ne pas créditer Sonko comme « cause fondamentale » du soulèvement de cette jeunesse en colère afin de minimiser son influence et sa force, d’autre part, décrédibiliser ce soulèvement avec des « mots » qui parlent plus à vos amis de l’autre continent. Par ailleurs, en mars 2021, bien que le Sénégal entier sût que l’élément déclencheur des émeutes (14 morts) était sans ambiguïté l’arrestation de Sonko, le pouvoir et ces communicants avaient rapidement mis « le tout » sur le compte du confinement et des aléas de la crise COVID au mépris de la réalité sous leurs yeux. Il est temps maintenant de se rendre à l’évidence que ces jeunes-là : c’était et c’est le peuple. Si de droit, on peut leur refuser l’appellation « peuple », de droit, vous ne devez pas leur refuser encore moins nier leur appartenance totale et entière à la nation sénégalaise.

De la nécessité de discuter des causes communes …

Le mythe d’un Sénégal uni et indivisible où les alternances politiques se déroulent sans effusion de sang est constamment mis à mal. Nous nous rendons compte (enfin pour ceux qui ont des yeux) que la démocratie, l’état de droit sont en trompe-l’œil au pays de Senghor. Ils sont subrepticement bridés et rétrécis pour les besoins de quelques mortels angoissés à l’idée de se faire remplacer… dans une république immortelle. Pour conjurer la guerre et instaurer la paix, une paix durable, le Sénégal doit cesser immédiatement ce « particularisme » lui faisant croire qu’il est un pays exceptionnel à l’abri des tensions menant à la guerre civile. Ni les chefs religieux ni le cousinage à plaisanterie, qui « étaient » les ressorts culturels du secret de notre « vivre ensemble » ne sauront servir de digues face à la déferlante des indignés, des déçus et des méprisés. Prenez garde !

Discutons ! Discutons des causes communes qui transcendent les partis politiques et leurs idées « politiques ». Avec la même énergie, avec la même fougue, avec le même enthousiasme employé lorsqu’on parle des leaders politiques, discutons…

Discutons de la proximité « universelle » des services publics avec le droit pour chaque citoyen de pouvoir effectuer dans un rayon de 5km maximum l’ensemble des démarches administratives qu’il souhaite sans devoir se rendre à Dakar ou dans une capitale régionale ?

Discutons de la régularité, de la transparence et de l’accessibilité, « universelle » des concours de la fonction publique (jadis véritable ascenseur social) de sorte que le jeune de Bakel puisse scanner ses documents avec son téléphone et les balancer dans un serveur pour valider son inscription et passer ses examens dans un rayon de … 5km de son domicile.

Discutons de l’accessibilité « universelle » des services pour les personnes en situation de handicap en imposant leur recrutement de l’ordre de 2% à tout organisme soumissionnaire d’un marché public de plus de 100millions de francs, en astreignant toute nouvelle construction destinée à l’usage public (sans oublier l’aménagement des plages et la commande des bus pour transport public) à une prise en compte obligatoire de leur situation…

Discutons des aspirations profondes du peuple sénégalais de confession chrétienne pour le futur proche et lointain. Dans un contexte d’ethno-séparatisme qui gangrène l’Afrique, qui nous garantit l’éternité de cette belle cohésion ? Personne ! Rien !

Discutons de ces entreprises sénégalaises qui carburent avec le sang des stagiaires…

Discutons du parcours de soins catastrophique des malades au Sénégal ? Quid de ces pauvres 11 bébés calcinés ? Des personnes diabétiques ou vivant avec un cancer ? Et ces femmes qui meurent en couche, morts évitables dans 95% des cas…?

Discutons de la RECHERCHE à l’Université en rappelant que cette institution est avant tout un lieu de production de savoir et non de consommation de vieilles connaissances conservatrices et désuètes…

Discutons de la transition écologique, des changements climatiques, du monde post-pétrole ?

Discutons de la retraite, de la semaine de 4 jours, du télétravail, des assurances ?

Discutons de tout …

Discutons de sujets, qui pour des raisons vertueuses ou morales, nous obligent à nous entendre plus facilement…

Idriss Maham

Diallow2@gmail.com