Alain Juppé tacle Macron : « Je ne sais pas ce que c’est le macronisme, c’est de la com’ »

Alain Juppé, Maire de Bordeaux et ancien ministre sous Sarkozy

Alain Juppé, candidat malheureux à la primaire de droite et actuel maire de Bordeaux, a accordé une interview exclusive à Sud Ouest, consultée intégralement par Lecourrier-du-soir. L’ancien ministre de Nicolas Sarkozy est revenu sur de nombreux sujets dont l’actualité du parti LR (Les Républicains) et le début de Macron en tant que président de la France

Alain Juppé, ex candidat du parti LR lors de la primaire de Droite, a accordé une interview exclusive à Sud Ouest publiée sur le site du média ce 25 août 2017. Le maire de Bordeaux a abordé plusieurs sujets lors de cette interview, y compris le début d’Emmanuel Macron en tant que Président de la France.

L’interview avec Sud Ouest a été menée au moment où Juppé invite ses proches à un séminaire de réflexion dans sa ville de Bordeaux. Parmi les personnalités de droite qui feront le déplacement, il y a : Jean-Pierre Raffarin, Dominique Bussereau et Valérie Pécresse. Alain Juppé s’est expliqué sur ce séminaire qui aura lieu ce week-end.

Sur ce, il dira : « parce que nous avons envie de nous voir ! La campagne de la primaire a créé des liens très étroits entre nous. Et nous avons senti le besoin de nous parler. Cette réunion n’est pas ma rentrée politique. Je ne suis pas François Hollande (…). Je n’ai pas l’intention de me relancer dans l’arène politique nationale. Le but, c’est de faire le point et d’envisager l’avenir ».

« Nous voulons réaffirmer nos valeurs »

L’ancien ministre des Affaires étrangères reconnaît que cette réunion illustre des divisions qui minent Les Républicains. « Qui le nie ? Mais, ce n’est pas nouveau. Il y a toujours eu des différences de sensibilité au RPR, à l’UMP, aux Républicains. Et parmi ceux qui seront là, tous n’ont pas la même sensibilité. Certains se sont ralliés à Emmanuel Macron, d’autres sont restés fidèles à LR. Les réunir pour tracer des perspectives, ce n’est pas une volonté de division, mais de discussion », explique-t-il.

A la question de savoir s’il se reconnaît toujours dans les Républicains, il répond : « c’est un des grands enjeux de cette rencontre. Nous voulons réaffirmer nos valeurs. Nous sommes attachés à une certaine conception de la droite. Et je souhaite que nous la définissions un peu mieux. On parle de droite ouverte par comparaison à la tentation d’une certaine droite à se refermer sur elle-même. Je parlerai aussi de droite humaniste, patriote, franchement européenne, optimiste. Cette sensibilité existe chez Les Républicains ».

« Juppé pas favorable à l’exclusion des personnalités LR ayant rejoint Macron »

Sur la question de savoir s’il pourrait cohabiter avec Laurent Wauquiez pressenti pour prendre la tête du parti LR, Alain Juppé préfère rester prudent. « On n’en est pas là. On aura une discussion avec les candidats à la présidence de LR pour voir comment nos idées peuvent être prises en compte », dit-il, en jugeant qu’un rapprochement du parti LR et du Front National serait la ligne rouge.

Dans l’interview, Alain Juppé s’est aussi penché sur le sort des membres du parti LR qui ont rejoint Macron et qui sont menacés d’exclusion. Il estime que les exclure du parti LR « serait un comportement d’un autre âge ». L’ex ministre français des Affaires étrangères refuse d’admettre que la nouvelle droite est incarnée par Emmanuel Macron.

« Dire qu’on veut faire de la politique autrement, ça me fait bien rigoler »

« Non. Je ne sais pas ce que c’est le macronisme. Dire qu’on veut faire de la politique autrement, ça me fait bien rigoler. Ça fait quarante ans que je l’entends dire. C’est de la communication. Les vrais problèmes sont ailleurs : quelle éducation, quelle politique européenne, quelle politique de contrôle aux frontières européennes, quelle politique de transition énergétique vraiment efficace ? Voilà les priorités ».

Sur la présence de son ami, Edouard Philippe, à côté de Macron, Alain Juppé dira : « je suis incompatible avec les extrêmes, incompatible avec le Front National et incompatible avec les insoumis et l’extrême-gauche. Pour le reste, je suis ouvert au dialogue avec mes convictions : je suis très attaché à la diversité de la société française et pour moi, la performance économique est d’autant meilleure que la justice sociale est assurée ».

« Le bilan est contrasté »

Réagissant aux 100 jours de Macron à la tête de la France, Alain Juppé juge que le bilan est contrasté. « Le bilan est contrasté. Il y a eu beaucoup de communication. Avec la bienveillance des médias. Si j’avais dit : ‘je suis Jupiter’, j’en aurais pris plein la gueule…Jupiter c’est le roi des dieux. Mitterrand s’était borné à être dieu… à l’international, l’image de la France s’est améliorée incontestablement ».

Et d’ajouter : « je souhaite qu’il réussisse dans sa croisade contre les travailleurs détachés. Mais, il y a un grand flou artistique sur le budget 2018. Comment promettre à nos armées 2% du PIB et en même temps leur retirer plus de 700 millions d’euros dès cette année ? Ensuite, en matière de fiscalité, les idées du gouvernement sont floues, ça manque de cohérence et d’ambitions ».

Pour lire l’interview exclusive, cliquez ici : Sudouest.fr (article payant)

2 COMMENTS

  1. Tentative de définition académique du « macronisme » en Sciences politiques

    En hommage aux professeurs René Rémond (1918-2007), président de la Fondation nationale des Sciences politiques (FNSP), Jean Tulard et Francis Choisel, spécialistes du Second Empire, le « macronisme » – qui n’a que dix-mois d’existence, pourrait éventuellement être défini, en théorie politique, comme un « néo-bonapartisme saint-simonien » de Louis-Napoléon Bonaparte (1808-1873), Premier président de la République élu à quarante ans (1848-1851) au suffrage universel masculin puis empereur des Français (1851-1870) …
    … Le débat reste ouvert :=)

    Pierre Le Blavec
    Professeur – Historien
    Ancien assistant parlementaire des députés et sénateurs non-inscrits à l’Assemblée nationale et au Sénat

    Sources bibliographiques
    « Macronisme vs Bonapartisme Saint-simonien de Louis-Napoléon Bonaparte » (7 mai 2017)
    « Emmanuel Macron ou l’Esprit de Conquête » (8 mai 2017)
    « Verbatim des « perdants » aux élections législatives 2017″ (22 juin 2017)