La Catalogne se dirige lentement mais sûrement vers une Guerre Civile. Depuis près d’une semaine, toute la diplomatie européenne a les yeux braqués sur l’invasion du Nord de la Syrie par les forces turques d’Erdogan. Les condamnations d’une part et d’autre ont été nombreuses. Pendant ce temps, un énorme conflit qui pourrait éventuellement déboucher sur une guerre civile est en train de se dérouler sous nos yeux et tout près de la France : en Catalogne.
En effet, depuis lundi 14 octobre, la Catalogne vit une situation exceptionnelle. Les routes sont coupées, l’aéroport de Prat a été bloqué pendant plusieurs par des militants séparatistes affiliés à la plateforme Tsunami Democratic, les forces de l’ordre sont attaqués, insultés et menacés. Le chaos s’est emparé de la Catalogne et les risques d’une confrontation civile ne sont désormais plus écartés.
Pour comprendre ce qui se passe réellement, il faut revenir à la date du 14 octobre 2019 (il y tout juste quatre jours). Le Tribunal Suprême espagnol avait rendu son verdict historique sur la condamnation de 9 leaders séparatistes catalans qui devront passer entre 9 et 13 ans en prison pour avoir proclamé le 27 octobre 2017 la Déclaration Unilatérale de l’Indépendance de la Catalogne (DUI).
Les 9 accusés étaient poursuivis pour délit de rébellion, de sédition et de malversation. Si le Tribunal Suprême avait maintenu le délit de rébellion, les peines auraient été beaucoup plus sévères. Ils passeraient au minimum 20 ans derrière les barreaux. Toutefois, dans un contexte de crise politique extrêmement tendue, la justice espagnole a préféré appliquer la « mano suave », une politique douce avec l’objectif d’arriver à une solution politique de la crise, en éliminant à la dernière minute le délit de rébellion.
Mais, chez les séparatistes, cela n’a pas été compris de cette façon. Pour eux, la sentence prononcée par le Tribunal Suprême n’est qu’une revanche de la part d’un Etat espagnol qu’ils qualifient de « franquiste ». Depuis le 14, ils ont pris d’assaut les rues de la Catalogne pour protester contre un « procès politique » et en faveur de la libération de leurs dirigeants qui, selon eux, ne sont rien d’autres que des prisonniers politiques.
Depuis trois jours, la Catalogne vit dans une terreur qui ne dit pas son nom. La violence des groupes radicaux d’extrême-gauche, particulièrement les CDR (Comité de Défense de la République) a atteint son apogée. Désormais, rien n’est épargné, ni bâtiments publics, ni fourgons de police, ni Mossos d’Esquadra (police catalane) encore moins les symboles espagnols.
Aujourd’hui, porter le maillot de l’équipe nationale d’Espagne, brandir le drapeau espagnol ou scander publiquement « Vive l’Espagne ! » vous expose en danger. Les séparatistes radicaux détruisent tout sur le passage et ont fini par mettre le gouvernement catalan dans une situation extrêmement délicate.
En effet, la division de l’indépendantisme est indéniable. Les deux principaux mouvements, ERC, gauche républicaine catalane et JXCat, mouvement de droite séparatiste, ne voient pas la réponse de la sentence sous le même angle. Si ERC appelle à des manifestations pacifiques, JXCat, parti de l’ex président Carles Puigdemot, en exil en Belgique, n’a pas encore condamné les scènes de violence qui ont fait le tour du monde ce mercredi soir. Et la position du ministre catalan de l’Intérieur, Mique Buch, d’apporter son soutien aux Mossos dans la répression des manifestants radicaux secoue le gouvernement régional et le met devant ses propres contradictions.
Si à Madrid, le gouvernement socialiste dirigé par Pedro Sanchez refuse catégoriquement de recourir à des mesures fortes telles que l’application de l’article 155 ou la Loi de Sécurité Nationale, il y a un très grand risque que les droits des catalans espagnols qui ne se sentent en aucun cas indépendantes soient bafoués, d’autant plus que les dirigeants indépendantes ont montré ces dernières années qu’ils ne gouvernement que pour les indépendantistes, oubliant de fait une partie de la Catalogne constituée de 50% de catalans qui veulent la continuité de leur communauté autonome dans l’Espagne.
Face aux invectives, aux menaces, aux insultes et aux agressions auxquelles ils ont droit tous les jours, les catalans espagnols pourraient finalement choisir d’en découdre avec les radicaux indépendantistes et cette situation débouchera sur une guerre civile. Je signale qu’hier, ces catalans espagnols constitutionalistes ont pris d’énormes risques en manifestant au beau milieu de la nuit dans des localités telles que Manresa, Vilanova ou Igualada avec le drapeau espagnol. Et ils ont promis de le faire à Barcelone dans les jours qui viennent.
Hier, la mort d’un ressortissant français a été annoncée dans la presse. Ce dernier aurait perdu la vie lors de la prise d’assaut de l’aéroport d’El Prat par quelque 10 000 radicaux séparatistes. Aujourd’hui ou demain, ce sera certainement la mort d’un espagnol qui va être annoncée, ce qui déclenchera sans aucun doute les représailles d’une Catalogne espagnole qui n’a cessé de se plaindre d’avoir été oubliée par son gouvernement central. Ce 14 octobre, l’agression violente de Maria Grima, femme âgée de 61 ans, par un jeune séparatiste a déjà plongé l’Espagne dans l’indignation.
La Catalogne, depuis lundi, est devenue une zone de non droit où règnent en maîtres des séparatistes violents qui haïssent tout ce qui est espagnol : la langue, la culture, le drapeau, les institutions…Cette haine viscérale contre l’Espagne et son peuple a atteint son paroxysme et va grandissant.
Pendant ce temps, l’Europe fait semblant de n’avoir rien vu, mais s’indigne d’une décision politique prise par Erdogan en Syrie. En Catalogne, un séparatiste xénophobe veut la disparition pure et simple d’une partie de sa population pour la simple raison qu’elle est espagnole. La Guerre Civile catalane semble avoir déjà commencé ou si ce n’est pas encore le cas, on y va tout droit.