Compte de campagne : la preuve que le système médiatico-judiciaire veut « tuer » Mélenchon

(Une analyse du journaliste Cheikh DIENG)

La complaisance des médias français et de la justice envers Emmanuel Macron pose un sérieux problème dans une démocratie. En effet, nous avons tous appris ce mercredi 21 novembre 2018 que le parquet de Paris a ouvert une enquête contre la République En Marche (LREM).

D’après Europe 1 qui a donné l’information, le parti politique d’Emmanuel Macron, qui est arrivé au pouvoir en 2017 après avoir bénéficié d’un large soutien des médias, est soupçonné d’avoir perçu 144 000 euros de dons dont la Commission Nationale des Comptes de Campagne et des Financements Politiques n’arrive pas à identifier l’origine.

Je suis très étonné de voir que l’affaire passe presque inaperçue dans les médias mainstream français. Que ce soit sur BFMTV, sur CNews ou ailleurs, on préfère se focaliser sur les « gilets jaunes » et les quelques dérapages notés depuis les manifestations du 17 novembre sur tout le territoire français.

En effet, je comprends la préoccupation des médias qui, après avoir largement participé à la victoire de Macron en 2017, tentent, sur ce coup, de ne pas trop l’enfoncer. Evidemment, un scandale de dons de 144 000 euros non identifiables par la Commission des comptes de campagnes couplé à une colère générale venant du peuple au moment où la cote de popularité de Macron atteint son plus bas niveau (sous la barre des 30%) serait, à coup sûr, le dernier coup de poignard porté à un gouvernement moribond.

L’affaire Benalla qui avait éclaté en juillet dernier (parce que les médias ont voulu qu’elle éclate) avait été un signal très fort lancé par l’élite au plus jeune président de la Vème République. Depuis, Macron n’a pas cessé, du jour au lendemain, d’être le chouchou des médias. Toutefois, l’image de leader charismatique dont il jouissait jusque-là en avait pris un sacré coup.

Je reviens à mon sujet. Ce qui m’inquiète dans cette affaire de dons non identifiables est le deux poids deux mesures des médias français. Et je m’explique. En effet, ce 16 octobre, lors de la perquisition du domicile de Mélenchon, c’est toute la presse française qui s’était mobilisée comme un seul homme.

La joie des médias libéraux étaient immenses. La justice venait ainsi de leur offrir l’opportunité tant rêvée pour enfin s’attaquer de la manière la plus féroce possible à la France Insoumise jusqu’ici considérée comme l’unique opposition à un pouvoir totalement désaxé.

Pendant une semaine, les directeurs des instituts de sondage, qui roulent pour le même système qui contrôle les puissants médias de ce pays, ont eu leur moment de gloire. Certains d’entre eux dramatisaient (la situation) en annonçant la mort politique de Mélenchon, au moment où d’autres sortaient des chiffres totalement mensongers nous expliquant que le chef de file de la France Insoumise avait perdu le soutien d’une bonne partie de sa base.

Et comme par hasard, quand c’est le parti d’Emmanuel Macron qui est visé par une enquête du parquet de Paris, c’est silence absolu, le dénoncer serait en quelque sort un crime de lèse-majesté. Je rappelle, en ma qualité de journaliste indépendant et très orienté vers les réseaux sociaux, il n’y a eu aucun Hashtag sur cette affaire ce mercredi sur Twitter. Alors, pourquoi étouffer cette affaire qui est d’une gravité extrême ?

Je ne peux non plus cacher ma déception face à l’attitude de la justice française. Il ne s’agit en aucun cas de remettre en cause son travail. Mais, vu la gravité des faits, il serait, à mon avis, juste que le parti de Macron subisse le même sort que la France Insoumise, c’est-à-dire qu’il y ait une perquisition dans les locaux de ce parti comme ce fut le cas le 16 octobre avec la LFI.

Je rappelle que la seule fois où des perquisitions ont eu lieu dans les locaux de la LREM fut en août dernier en pleine affaire Benalla. Trois pistolets non déclarés ont été retrouvés, ce qui est extrêmement grave. Mais, il a fallu une manœuvre médiatique spectaculaire pour étouffer l’affaire et éviter de provoquer l’ire d’un peuple qui, jour après jour, se montre de plus en plus hostile envers son gouvernement.

Je ne dirai pas que la justice française fonctionne à deux vitesses, mais il est certain malheureusement qu’il y a des partis politiques qui bénéficient d’un traitement préférentiel et En Marche en fait partie. J’ai constaté dans cette affaire que l’acharnement contre Mélenchon et la LFI a largement participé à discréditer la Commission Nationale des comptes de campagne, mais a aussi permis d’avoir une idée du fonctionnement des médias et des institutions judiciaires en France.

Quand on n’est pas un chouchou du système, on passe immédiatement pour le vilain. Mélenchon et bien d’autres personnalités politiques ont payé le prix d’un acharnement médiatico-judiciaire d’une rare violence pour avoir osé défier la pensée unique : celle qui voudrait que l’on gobe tout ce que nous dit le système sans se poser trop de questions.

C’est dommage que le système judiciaire et les médias aient autant de mal à comprendre que les Français ne sont plus des moutons de panurge. Ces dernières années, ils ont largement contribué à envenimer une situation déjà délétère et créé le rejet de tout un système par le peuple. Je ne le souhaite pas, mais si demain la France s’embrase, l’élite et son système seront les seuls responsables.

Cet édito n’engage que son auteur. Il ne reflète, en aucun cas, la ligne éditoriale du journal www.lecourrier-du-soir.com, média neutre et indépendant.