Linda Kebbab l’avait annoncé il y a une semaine.
En effet, invitée sur le plateau de CNews, la syndicaliste et policière avait alerté sur une éventuelle fronde d’une partie de la police française pour dénoncer le mal-être qui règne au sein de l’institution qui est sous le feu des projecteurs depuis la mort de Nahel, jeune homme de 17 ans tué fin juin en région parisienne pour refus d’obtempérer.
Depuis, les relations entre la police et l’Etat se sont fortement dégradées et le ton est monté d’un cran après l’emprisonnement d’un membre de la BAC de Marseille mis en cause pour des violences sur un jeune homme lors des dernières émeutes qui ont secoué la France. Un emprisonnement que l’institution n’arrive pas à digérer comme l’a d’ailleurs fait savoir Frédéric Veaux, le directeur général de la police nationale, dont les propos ont indigné une grande des magistrats de France.
Et la fronde s’installa soudainement. Ces derniers jours, c’est l’ex policier révoqué, Bruno Attal, qui a révél, sur Twitter, que des centaines de ses collègues mécontents ont décidé de se mettre en arrêt maladie. L’information n’avait pas été relayée par les médias de masse de peur qu’elle ne suscite une nouvelle crise politique que l’Exécutif tente d’éviter à tout prix. Mais, plus le temps passe, plus les liens entre policiers et Etat se brisent.
Et pour avoir une idée de la gravité de la situation, référons-nous au récit du journal Le Monde qui nous apprend que le mouvement de colère gagne du terrain. « D’abord circonscrit à Marseille, le mouvement de protestation s’étend désormais à Toulon, Avignon et Nice, où pas moins de 274 policiers étaient hors service lundi 24 juillet. Et il gagne Paris et sa région. Services de jour, de nuit, brigades territoriales de contact ou anticriminalité, les unités spécifiquement affectées à la lutte de terrain contre la délinquance comptent parfois 100 % d’absents en raison de dizaines de dépôts d’arrêts-maladie pour surmenage ou ‘chocs post-traumatiques’ à la suite des émeutes, ou de placements en ‘code 562’, c’est-à-dire en service minimum ‘d’attente-pause » dans les commissariats. Dans ce cas, seuls les appels d’urgence au 17, le numéro de police-secours, sont pris en compte. Combien de policiers concernés au total ? Les services de communication du ministère de l’intérieur se réfugient dans le silence », rapporte la source.
Et Le Monde de poursuivre : « à Marseille, l’ensemble des fonctionnaires des brigades anti-criminalité nord, centre et sud – les policiers mis en cause sont issus de ces deux dernières brigades – sont indisponibles, tandis que dans certains arrondissements comme le 3e, dans les quartiers nord de la ville, l’intégralité des effectifs de police-secours ont également débrayé. Fait plutôt rare, les enquêteurs de la police judiciaire commencent à rejoindre le mouvement, ainsi que les CRS à Versailles, Cenon (Gironde) ou Deuil-la-Barre (Val-d’Oise), dont les images dos tournés, casques au pied, tournent en boucle sur les réseaux sociaux. Pour le moment, le mouvement ne connaît pas, cependant, de mobilisation massive ».
Jusqu’où ira ce mouvement de contestation? Telle est la question qu’on se pose. Les heures qui viennent seront décisives.