Coup de théâtre : les labos menacent l’Union Européenne : « en cas d’effets secondaires, nous ne payerons pas », disent-ils

Une enquête de France TV Info très peu relayée par les médias de masse.  

Dans cette pandémie à Coronavirus, les géants pharmaceutiques ont été clairement les grands gagnants. C’est du moins ce que ce révèle un document exclusif obtenu par France TV Info et intégralement lu par Lecourrier-du-soir.com. Un document qui explique comment Big Pharma a mis la pression sur l’UE pour lui tordre la main en pleine crise sanitaire.

Ainsi, dans le document lu par Lecourrier-du-soir.com, le média français expose le traitement humiliant que les puissants laboratoires pharmaceutiques ont infligé à l’Union Européenne. En guise d’exemple, France TV Info évoque un rendez-vous que des eurodéputés ont décroché le 12 janvier 2021 dans les locaux de la Direction Générale de la Santé de la Commission Européenne.

Ces eurodéputés qui n’ont cessé de réclamer l’accès aux contrats passés entre les laboratoires et la Commission Européenne ont finalement obtenu gain de cause. Ils sont reçu le 12 janvier par la Commission Européenne qui imposera ses conditions : « ils (les eurodéputés) sont autorisés à consulter le document à tour de rôle, dans une salle de lecture. Ils ont interdiction de prendre des photos, et on leur demande de laisser leur téléphone à l’entrée. Ils n’auront que 45 minutes, montre en main, pour examiner un contrat de 67 pages. Un document dont de nombreux passages ont par ailleurs été caviardés, expurgés », note France TV Info. A leur sortie de la salle, la déception est grande. Les parlementaires sont restés sur leur faim. Ils n’ont rien appris du prix des vaccins, ni des clauses de responsabilités juridiques ou des lieux de production.

Pourtant, renseigne France TV Info, trois laboratoires ont voulu jouer la carte de la transparence : Curevac, AstraZaneca et Sanofi. Les trois ont partiellement dévoilé une partie des contrats qu’ils ont signés avec l’Union Européenne. Mais, ils seront les seuls. Les autres refusent catégoriquement. Pire, un couteau a été placé sous la gorge de l’Union Européenne si jamais elle prenait le risque de dévoiler une seule partie des contrats.

D’ailleurs, France TV Info racontera la gaffe de Eva de Bleeker, secrétaire d’Etat au budget du gouvernement belge. Par souci de transparence, cette dernière avait publié les contrats sur son compte twitter détaillant les prix des doses, mais le twitte a été immédiatement supprimé sur pression des labos qui ont menacé d’attaquer l’UE. Interrogée sur les données publiées par Eva de Bleeker, l’UE n’a jamais voulu les confirmer.

Dans le document, France TV Info fait une révélation assez choquante en expliquant que c’est l’UE qui a elle-même choisi de rendre opaque les coulisses des négociations. Pour quelle raison? En raison des conflits d’intérêt. En effet, le suédois Richard Bergström, l’une des personnalités choisies par l’UE pour négocier avec les laboratoires, était l’ancien directeur de l’Efpia, le principal lobby de Big Pharma en Europe. « Alors qu’il a signé une déclaration d’absence de conflit d’intérêts, le négociateur suédois serait aussi toujours l’un des propriétaires d’une entreprise pharmaceutique », révèle France TV Info.

Cependant, pour comprendre les vraies raisons derrière le refus de l’UE de publier les contrats passés avec les laboratoires, il faudra se pencher sur les liens entre Big Pharma et le gouvernement américain. En effet, dès février 2020, l’administration Trump avait débloqué 10 milliards de dollars pour aider les laboratoires dans leur recherche sur un vaccin anti-Covid.

Parmi les laboratoires qui ont bénéficié de ce financement, figure Sanofi qui a touché 30 millions de dollars du gouvernement américain en mars 2020. Cependant, le financement n’est pas un cadeau offert. Il a en effet été dicté par une série de conditions. Par exemple, Sanofi, après avoir reçu les 30 millions de dollars, a reçu l’ordre de ne pas vendre son vaccin aux pays du G7 ou à la Suisse à un prix inférieur que celui facturé aux USA.

Mais, tout changea courant mars lorsque la crise sanitaire commence à faire des dégâts en Occident. Pour faire face à la crise qui survient au mauvais moment pour Trump qui est obsédée par sa réélection, son administration se livre alors à un jeu dangereux qui consiste à séduire les plus grands laboratoires du monde afin de s’assurer que les premières doses de vaccins seront réservées au pays de l’Oncle Sam.

Sauf que pour les attirer, il fallait leur faire une proposition alléchante, ce que les Etats-Unis feront sans gêne. « Washington leur a garanti des conditions au plan juridique très favorables, en acceptant de les exonérer de toute responsabilité en cas de problème sur le plan de la production, comme sur le plan de la santé. Cela explique que les entreprises aient tenté d’obtenir les mêmes clauses en Europe », rapporte France TV Info.

Mauvaise nouvelle pour l’Europe car, renforcés par le soutien américain, les labos imposeront à l’UE les mêmes garanties. « Pfizer est arrivé dans la négociation en disant : ‘Nous, ce que l’on veut, c’est que le droit américain de la responsabilité juridique s’applique’ », raconte l’élu Pascal Canfin, qui préside la commission de l’environnement et de la santé du Parlement européen. La Commission européenne a dit : « C’est hors de question »Et donc ça a pris des mois ! », déplore-t-il.

L’UE finira tout de même par céder à la pression de Big Pharma. « Certes, la Commission a finalement accepté une responsabilité « partagée » avec les laboratoires. Mais en cas d’effets indésirables graves avec un vaccin, seul Bruxelles sera tenu pour responsable. Les États-membres seraient alors chargés d’indemniser les victimes »explique France TV Info.