Coup de théâtre : l’Espagne désavoue l’Europe et refuse d’interdire les Russes d’entrer dans son pays

Suivant les traces de Berlin qui a catégoriquement refusé d’interdire que les Russes entrent en Allemagne, le gouvernement espagnol a également rejeté la proposition de Zelenski de refuser le visa d’entrée sur son sol à tous les citoyens russes. Une mesure qui, d’ailleurs, peine à faire l’unanimité au sein du gouvernement ukrainien

L’Union Européenne face à une nouvelle guerre interne. En pleine crise politico-économique, marquée par la guerre en Ukraine et les conséquences drastiques de la pandémie à Coronavirus sur l’économie de la zone euro, l’UE pourrait, une nouvelle fois, être fragilisée par une nouvelle crise : celle d’interdire l’accès à son sol à tous les ressortissants russes tel que voulu par Volodymir Zelensky, président de l’Ukraine.

En tout cas, à peine annoncée, l’idée peine à prendre forme après le refus catégorique de l’Allemagne d’interdire que des citoyens russes puissent entrer dans son pays. Face à la presse lors de son déplacement à Oslo, le chancelier allemand, Olaf Scholz, a été clair et précis sur cette question. « Ceci n’est pas la guerre du peuple russe. C’est la guerre de Poutine et nous devons être clairs sur ce sujet”, a-t-il précisé.

Le chancelier allemand a également tenu à faire remarquer que plusieurs citoyens russes sont en train de fuir la Russie car n’étant pas en phase avec la politique du régime en place. Pendant ce temps, le sujet est déjà sur la table et pourrait déclencher une nouvelle crise politique au sein de l’UE où certains estiment qu’interdire les Russes d’entrer en Europe est une bonne décision.

Mais, apparemment, l’Allemagne n’est pas le seul pays en Europe à refuser de suivre la directive de Zelensky. En Espagne aussi, le premier ministre, Pedro Sanchez, a froidement accueilli cette proposition. C’est en tout cas l’information que Lecourrier-du-soir.com a obtenue du média espagnol TheObjective.com.

En effet, d’après ce média qui cite des sources diplomatiques, l’Espagne refuse catégoriquement d’interdire à tous les citoyens russes d’entrer dans son pays. Toutefois, elle préfère appliquer des sanctions à l’encontre de quelques personnalités russes proches de Poutine.

D’après The Objective, en mars dernier, soit un mois après l’invasion de l’Ukraine par l’armée russe, le gouvernement espagnol, dirigé par le socialiste Pedro Sanchez, avait procédé à la suspension des « golden visa » accordés à des oligarques russes qui souhaitaient résider en Espagne. Cependant, cette suspension ne s’applique pas à tous les Russes.

Pour rappel, ces derniers jours, le « Russia Ban » ou l’appel à ne plus accorder de visa aux citoyens russes prend de l’ampleur sur les réseaux sociaux où beaucoup accusent les Russes de soutenir la politique de Vladimir Poutine qui a pris de court le monde entier en envahissant l’Ukraine le 24 février dernier.

Si certains pays européens sont réticents, d’autres affichent ouvertement leur soutien à cette initiative antirusse. Parmi ces pays, figurent l’Estonie et la Pologne. Pour le cas de l’Estonie, la première ministre a affiché son soutien totale dans un twitte posté sur son compte officiel. Pour ce qui est de la Pologne, un haut responsable politique proche du président a également annoncé que son pays interdira, dans un futur proche, l’entrée sur son sol de tous les habitants de la Russie.

En Lettonie où la Russie est désormais considérée comme un Etat terroriste, les autorités politiques sont allées plus loin, en interdisant purement et simplement les touristes russes de visiter leur pays. En répondant à la question d’un journaliste sur cette décision radicale, Edgars Rinkevics, ministre letton des Affaires étrangères, n’a pas mâché ses mots et assume prendre le contre-pied du chancelier allemand.

« Ceci n’est pas la guerre de Poutine. C’est la guerre de la Russie. (…) Si on regarde les différents sondages, cette guerre a été soutenue par la majorité des Russes », a-t-il déclaré, demandant qu’on rende la vie dure aux Russes en ne les laissant pas se rendre à Paris ou en Italie à boire des bières librement en terrasse ou à assister à des concerts.