Coup de tonnerre : le « commando de la réforme des retraites » de Macron a menti dans le scandale de marché truqué

Le « commando de la réforme des retraites » de Macron est dans de beaux draps. Et pour cause! Moins d’une semaine après les graves révélations de Mediapart qui évoque des soupçons de favoritisme pour lesquels il fait l’objet d’une poursuite judiciaire, les choses se compliquent pour le ministre du Travail, Olivier Dussopt.

En effet, ce 4 février, lors de son passage sur le plateau de la chaîne France Inter, Olivier Dussopt avait catégoriquement nié l’information selon laquelle les enquêteurs avaient mis la main sur des échanges entre lui et le groupe Saur dont il est question dans cette affaire. « Il n’y a pas d’échanges trouvés à mon domicile », insiste-t-il.

Mais, deux jours plus tard, les affirmations du « commando de la réforme des retraites » sont balayées d’un revers de main par Mediapart qui confirme que les policiers de l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF) de la police judiciaire ont bel et bien trouvé ces échanges au domicile du ministre.

« Contrairement aux affirmations du ministre, les policiers de l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF) de la police judiciaire ont bel et bien saisi, au cours d’une perquisition menée à son domicile personnel, le compte-rendu rédigé par Olivier Dussopt d’une réunion avec le directeur général de la Saur à l’époque. Cet échange confondant, dont Mediapart a pu prendre connaissance, révèle les coulisses d’une négociation occulte au bénéfice d’une société qui, des années plus tard, offrira deux œuvres d’art à Olivier Dussopt », révèle Mediapart.

Et le média d’investigation de poursuivre : « le document en question est le compte-rendu d’une rencontre au contenu confidentiel, qui s’est tenue en amont d’un futur appel d’offres, dans le dos d’autres candidats potentiels ou déclarés, entre Olivier Dussopt, alors maire de sa commune natale d’Annonay (Ardèche), et le PDG de la Saur de l’époque, Olivier Brousse. Ce document est intitulé ‘rencontre OB/OD290709′– ‘OB’ pour Olivier Brousse et ‘OD’ pour Olivier Dussopt. Il évoque noir sur blanc ‘les marchés à venir’, discutés entre les deux hommes lors de ce rendez-vous, le 29 juillet 2009″.

Mediapart accable le ministre du Travail en révélant que ce dernier « préparait discrètement en réalité le retour de la Saur lors de la rencontre du 29 juillet 2009 », alors que le groupe (la Saur, ndlr) avait été épinglé dans un rapport de la chambre régionale des comptes en 1998.

« Or, comme le montre le compte-rendu de sa réunion avec Olivier Brousse (à l’époque PDG de la Saur), Olivier Dussopt préparait discrètement en réalité le retour de la Saur. Lors de la rencontre du 29 juillet 2009, les deux hommes règlent d’abord des détails sur le protocole d’accord lié à la non-reconduction du contrat au 31 décembre », rapporte le média d’investigation.

Mediapart est allé jusqu’à dévoiler le contenu des échanges entre l’actuel ministre de Macron et l’ex PDG de la Saur. « Mais, particulièrement gênant pour le ministre, la réunion aborde ensuite ‘les marchés à venir’. D’après le document, Olivier Dussopt précise lui-même à Olivier Brousse le calendrier des appels d’offres lancés par la municipalité, en se montrant confiant pour la candidature de la Saur : ‘Je lui ai signifié que […] [seraient] pris en compte dans cahiers des charges des délais d’intervention et de la satisfaction/prestataire sortant’, écrit-il », souligne Mediapart.

Olivier Dussopt a-t-il favorisé le groupe la Saur au détriment de ses concurrents? A cette question, Mediapart semble détenir la réponse. « Lors de son audition par les enquêteurs, Olivier Dussopt a tenté de minimiser la portée de cette rencontre, expliquant qu’il ne s’agissait que d’une réunion informelle sans conséquences sur le marché public et les décisions prises ensuite. Mais, à l’époque, non seulement l’élu n’a pas reçu les autres candidats à l’appel d’offres comme il l’a fait avec la Saur, mais il a transmis ce compte-rendu à ses collaborateurs : son directeur de cabinet et le directeur général des services de la ville », note le site d’investigation.

La proximité entre Dussopt et la Saur est d’autant plus scandaleuse que la Saur a finalement remporté le marché. « Finalement, cinq mois après le rendez-vous, le marché de l’exploitation du service de l’eau potable a bien été attribué à la Saur, au détriment de Suez et Veolia, suivant exactement la chronologie qui a été détaillée lors de la rencontre avec Olivier Brousse : rédaction du cahier des charges pendant l’été, après la réunion, présentation en comité technique paritaire (CTP) et de la commission consultative des services publics locaux (CCSPL) le 14 septembre 2009, puis en conseil municipal le 21 septembre 2009, puis attribution en décembre », détaille Mediapart.