Covid-19 au Congo : un réseau mafieux installé au cœur du ministère de la Santé détourne des millions de Francs

Le Vice-ministre de la Santé du gouvernement congolais, Albert M’peti Miyombo, dénonce, dans une lettre explosive datée du 29 juin 2020, la dilapidation des fonds publics destinés à lutter contre le Coronavirus par « des réseaux mafieux » agissant en toute impunité au sein du ministère de la Santé

Les fonds destinés à lutter contre le Coronavirus au Congo sont-ils en train d’être dilapidés? C’est en tout cas les accusations avancées par Albert M’peti Miyombo, Vice-ministre de la Santé de la République Démocratique du Congo (RDC) dans une lettre adressée incendiaire au Premier ministre congolais.

Dans cette lettre obtenue par Lecourrier-du-soir.com, le Vice-ministre de la Santé ne décolère pas. Il dénonce une gestion opaque des fonds destinés à lutter contre la pandémie dans l’une des pays les plus corrompus du continent africain et qui a récemment été sévèrement touché par le virus Ebola.

« En ma qualité de Vice-ministre de la Santé du gouvernement de la République, je me fais le devoir républicain de vous apporter des informations sur la gestion calamiteuse et opaque de ces fonds car ayant l’intime conviction qu’il y a une gabegie financière et l’affairisme qui ont élu domicile au ministère de la Santé », déplore-t-il.

Le Vice-ministre, dans sa missive adressée au chef du gouvernement, dénonce le fait qu’il n’ait pas associé à la gestion de ces fonds et pointe du doigt le ministre de la Santé qui, selon Miyombo, décaisse seul de gros montants. Le Vice-ministre ne mâche pas ses mots. Il parle ouvertement de « mafias ».

« Au ministère de la Santé, il existe des solides réseaux mafieux créés à dessein pour détourner ces fonds. Certains membres du cabinet, en intelligence avec ces réseaux mafieux, dilapident systématiquement les fonds alloués par le Gouvernement et les partenaires. Ces réseaux mafieux exigent des fonds jusqu’à 35% auprès des structures bénéficiaires de ces fonds », s’indigne Miyombo.

Le Vice-ministre fait part des pressions qu’il subit citant dans sa lettre deux exemples : le décaissement de 23.300.588 Francs congolais pour l’achat de produits pharmaceutiques, d’entretien et hygiéniques en faveur de la polyclinique Pierrot Nketi et le décaissement d’un montant de 122.197.075 Francs congolais en faveur de Madame Diazelomoka Walela Gino, administrateur gestionnaire de l’hôpital Kimbanguiste de Kinshasa. Cet argent, selon Miyombo, devait servir à payer les factures des malades insolvables libérés sur ordre du ministre de la Santé.

Sur les 122.197.075, il dira : « après vérification, il s’avère que l’hôpital Kimbanguiste de Kinshasa n’est pas repris parmi les structures hospitalières sélectionnées comme les cliniques universitaires de Kinshasa, centre hospitalier Monkole, clinique Ngalema, Saint-Joseph, Vijana, hôpital de référence de Monkole, et l’hôpital de l’Amitié sino-congolaise qui reçoivent des malades atteints de Coronavirus-Covid-19. C’est ainsi que j’ai refusé de citer les deux documents pré-cités ».

Vous pouvez lire la lettre du Vice-ministre en cliquant sur le lien ci-dessous