Il y a deux mois, un énergumène, obscurantiste de la pire espèce, avait saccagé le stade de la ville de Mbacké sous le simple prétexte que l’ordre de commettre une telle forfaiture émanait d’un guide religieux. Au Sénégal, cette affaire avait suscité une vive polémique pendant une semaine, mais n’aura abouti à rien. En dépit de la gravité des faits, le principal accusé, protégé par une toute-puissante classe maraboutique, n’avait écopé que de 6 mois avec sursis.
Deux mois plus tard, un autre fait plus grave secoue le pays et met la justice à l’épreuve. Cette fois-ci, il s’agit du saccage du Tribunal de Louga par des obscurantistes, illettrés, totalement hors-la-loi qui ne peuvent accepter que l’acte ignoble d’un maître coranique pris en flagrant délit de mauvais traitements envers ses jeunes disciples (enchaînés et torturés) ne tombe sous le coup de la loi.
Après l’arrestation du maitre coranique, les soi-disant représentants de l’Islam au Sénégal se sont dirigés vers le Khalif Serigne Mountakha (que Dieu lui accorde une longue vie) pour n’avoir pas à rendre des comptes. L’objectif de cette stratégie de communication est clair : s’appuyer sur la très puissante classe maraboutique pour faire pression sur le gouvernement.
Dans les deux cas de figure (l’affaire du stade saccagé à Mbacké et l’arrestation du maître coranique), le guide religieux des Mourides a été au devant de la scène, assumant entièrement ses responsabilités. Face à la presse, il y a quelques jours, Serigne Moutakhar a fait savoir qu’il attendait le verdict pour intervenir.
En attendant la décision du guide religieux sur cette affaire qui tient en haleine tout un pays, le temps est à la réflexion. En effet, il convient d’admettre que les autorités politiques qui ont eu à gouverner le Sénégal n’ont jamais réussi à redresser un pays malade sur tous les plans : politique, économique, culturel et social. Cependant, elles ont bien réussi à mettre en place tous les condiments d’une véritable crise sociale dont les résultats risquent d’être désastreux. Et parmi les problèmes les plus urgents à résoudre, il y a celui des écoles coraniques.
Nul ne conteste l’importance de ces écoles coraniques dans un pays à majorité musulmane (95% des Sénégalais sont musulmans). Mais, jusqu’ici, leur apport économique à notre pays reste extrêmement marginal. Ces jeunes enfants, pour la plupart âgés de moins de 15 ans, sont totalement abandonnés à la fois par leurs parents et par l’Etat. Dans ces écoles, leur quotidien se résume à la mémorisation du Saint-Coran et à la mendicité. Aucun métier ne leur est appris afin qu’ils puissent, une fois leurs études finies, intégrer le monde du travail. Sans profession, ni ouverture d’esprit, une fois sortis de ces écoles, ils pullulent dans les grandes villes où ils se livrent au banditisme et à la criminalité.
Nos dirigeants ont, une nouvelle fois, échoué à garantir à nos enfants (qui sont notre avenir) les conditions nécessaires pour affronter la vraie vie. Je n’ai absolument rien contre l’école coranique car, à l’instar de tous les Sénégalais nés dans une famille musulmane, j’y ai déposé mes valises en un moment donné de ma vie dans l’unique but de connaître ma religion. Nonobstant, force est de reconnaître que connaître sa religion n’a jamais fait avancer aucun Etat. Le développement d’un Etat repose sur un capital humain doté de connaissances de base dans des domaines aussi cruciaux que la science, la culture, le sport entre autres.
La vraie question est celle de savoir comment nous en sommes arrivés à cette situation ? Pour y répondre, je me permets de citer la très pertinente phrase du leader chinois Mao Zedong prononcée à la fin des années 70 en pleine politique de l’enfant unique : « un enfant c’est une bouche à nourrir, mais aussi deux bras pour travailler ».
Tant que le gouvernement du Sénégal ne met en place une politique efficace de contrôle des naissances, je vous le dis, nous resterons jusqu’à la fin des temps l’un des pays les plus pauvres au monde. Le débat s’impose à nous et on ne peut plus le fuir ou faire semblant de regarder ailleurs.
La réalité est celle-ci : 95% des enfants que l’on retrouve dans ces écoles coraniques sont nés de familles polygames. Les parents, parce qu’ils sont irresponsables, n’hésitent pas à procréer, mais quand il s’agit d’éduquer, ils sont aux abonnés absents, préférant confier la garde de leurs mômes à un maître coranique au fin fond du pays.
L’Etat a une chance unique de se saisir de cette affaire de Louga pour remettre de l’ordre dans un pays qui n’est plus normal et sauver des milliers d’enfants qui vivent en marge de la société. Si la fermeture de ces écoles coraniques n’est pas à l’ordre du jour, alors l’Etat devrait faire en sorte que ces enfants puissent y apprendre le Coran mais aussi un métier.
En l’état actuel, ces écoles coraniques telles qu’elles sont conçues n’ont strictement aucun sens car l’enfant, en plus d’y être torturé quotidiennement, est souvent encouragé à prendre la fuite à la recherche d’une vie meilleure ailleurs, quitte à tomber dans le grand banditisme.
Le monde évolue. Et dans tous les pays développés, les dirigeants ont misé sur l’éducation des plus petits pour sortir leurs nations de l’ornière. La solution est très simple : rendre l’école obligatoire au Sénégal et contrôler la natalité. Sans cela, nous resterons éternellement les derniers de la classe.