Crise en Biélorussie : les médias vous cachent la vérité : l’Occident veut neutraliser totalement la Russie de Poutine

Qui, ces dernières heures, n’est pas tombé par hasard sur le mot « Biélorussie » en lisant la presse? Ce pays est désormais en une des médias du monde entier et il y a de quoi. En deux jours, une élection présidentielle qui s’est déroulée au cœur de l’Europe de l’Est a provoqué un intérêt particulier dans la presse internationale qui, depuis 72 heures, lui a accordé les « une » les plus folles.

Tout part d’une élection présidentielle qui s’est tenue dans ce pays ce 10 août. Le résultat est désormais connu de tous : le président Victor Loukachenko, allié de la Russie, a été déclaré vainqueur avec 80,23% des voix et sa victoire a été confirmée par l’agence d’Etat le soir même.

D’après le média biélorusse Belarus.by, 4 652 423 électeurs ont voté pour Loukachenko contre 574 312 pour sa principale rivale Svetlana Tikhanoyskaya qui a d’ailleurs fui le pays évoquant des raisons sécuritaires. Cette dernière, âgée de seulement 37 ans, semble être la candidate idéale de l’Occident qui ne veut surtout pas perdre le contrôle d’un pays central en Europe de l’Est.

Après avoir brièvement planté le décor, il ne sera certainement pas nécessaire d’entrer dans les détails. Nous savons que depuis la proclamation des résultats de la présidentielle ce 10 août, des manifestants en colère ont arpenté les rues du pays exigeant une répétition des élections dont l’actuel président ne veut surtout pas entendre parler.

En effet, dans une interview accordée à un média local et repris par l’agence de presse russe Tass, les propos de Loukachenko sont clairs et nets. « Vous ne vivrez pas pour assister au jour où je fais quoi que ce soit sous pression. Il n’y aura pas une ré-élection », a-t-il déclaré. Le président tient bon et refuse catégoriquement de céder à la pression de la rue. Et les opposants, convaincus que leur victoire leur a été arrachée, ne veulent rien lâcher et promettent d’aller jusqu’au bout de leur combat.

Pendant ce temps, dans les médias occidentaux, c’est l’effervescence totale. Analystes politiques, éditorialistes, universitaires spécialistes de l’Europe de l’Est… se ruent sur les plateaux de télé pour dérouler leur vision de ce qui est en train de se produire sous nos yeux et dont les conséquences pourraient être catastrophiques.

En effet, la crise politique qui frappe la Biélorussie ne laisse personne indifférent et face à la détérioration de la situation, l’Union Européenne a décidé de tenir un sommet extraordinaire ce mercredi et il est certain que des sanctions seront prises à l’égard des dirigeants biélorusses. Et la Maison Blanche, qui ne devrait pas tarder à réagir, observe avec attentivement l’évolution de la situation.

Pourtant, très peu de médias se focalisent réellement sur cet intérêt particulier des dirigeants occidentaux qui, à l’unanimité, ont presque tous soutenu les manifestants. Ce qui est étrange est qu’ils se focalisent davantage sur les manifestations et ne donnent la parole qu’à des opposants au pouvoir qui, eux, tiennent un discours qui plaît bien à Washington ou à Londres.

Dans cette analyse, il ne s’agit pas de défendre la Biélorussie, ni son président d’ailleurs, mais plutôt de rétablir les faits et d’aller au-delà de ce que nous disent les médias de masse en Occident. En effet, ce à quoi nous assistons n’est rien d’autre que la répétition de la crise ukrainienne de 2014. Le fond de la question est certes différent, mais le schéma reste exactement le même : diaboliser la Russie dans la presse occidentale, l’isoler et l’affaiblir considérablement dans une Europe de l’Est où l’Occident a des intérêts stratégiques à préserver.

En février 2014, lors de la Révolution de Maïdan, soutenu par les Etats-Unis et l’Union Européenne, il était question pour l’Occident d’éviter à tout prix que l’Ukraine ne tombe dans le giron russe. Le refus du président ukrainien de l’époque, Viktor Ianoukovytch, de signer en 2013 un accord historique scellant un rapprochement avec l’UE a été son péché capital et sa décision, quelques jours plus tard, de signer un accord commercial avec la Russie son arrêt de mort.

Les médias européens n’ont jamais exposé la réalité au peuple ukrainien. En effet, le refus de Viktor Ianoukovytch de signer un accord historique avec l’UE s’expliquait à l’époque par le fait que celle-ci (l’UE) n’avait pas mis sur la table des dispositions commerciales avantageuses, ce que la Russie fera quelques jours plus tard en accordant à l’Ukraine un prêt de 15 milliards de dollars et une baisse de prix d’un tiers sur le prix de vente de son gaz.

Le président ukrainien dont le pays traversait une crise sans précédent ne pouvait pas laisser filer une telle opportunité. Il a donc immédiatement accepté de signer l’accord russe et cela créa un soulèvement populaire d’une rare violence qui, en un laps de temps record, provoquera l’effondrement de son pouvoir. Il fuira vers Moscou.

L’Union Européenne et les Etats-Unis avaient totalement orchestré le coup d’Etat contre Viktor Ianoukovytch qu’ils ont, à tort, accusé d’être une marionnette de Poutine. Ils ont financé la révolution de Maïdan (les preuves sont disponibles), armé des néo-nazis et préparé leurs pions à renverser le pouvoir et prendre le contrôle du pays, ce qui aura lieu. Pour l’Occident, tout rapprochement en Europe de l’Est avec la Russie de Poutine représente un immense danger pour l’OTAN, surtout si un tel rapprochement se fait avec un pays aussi important que l’Ukraine.

Dans le cas de la Biélorussie, le contexte n’est pas le même. Cette fois-ci, il ne s’agit pas d’un accord entre l’Union Européenne et Minsk (capitale de la Biélorussie). Mais, ce qui se joue et dont très peu de médias parlent d’ailleurs est qu’au fond, l’OTAN (donc l’Occident) ne veut surtout pas perdre le contrôle d’un pays crucial dans sa guerre contre la Russie.

Il convient en effet de souligner que la Biélorussie jouit d’une position stratégique en Europe de l’Est. Le pays partage une frontière avec la Russie dans sa partie Est, la Lettonie dans sa partie Nord, la Lituanie dans sa partie Nord Ouest, la Pologne à l’Ouest et l’Ukraine au Sud.

A part la Russie (évidemment), tous les 4 autres pays avec lesquels elle partage la même frontière sont membres de l’OTAN. Et ce n’est pas tout. Située entre la Lituanie et la Pologne, la Biélorussie est en contact direct avec Kaliningrad, une exclave contrôlée par la Russie. Kaliningrad et la Biélorussie ne sont séparés que par Suwalki, par où passent les troupes de l’OTAN pour entrer dans les pays baltes.

L’objectif principal de l’Occident (Etats-Unis et l’Union Européenne) est donc de tout faire pour éviter que Kaliningrad, où la Russie détient une base militaire, ne se transforme en un couteau sous sa gorge. L’UE et les Etats-Unis ont compris que si jamais ils perdent le contrôle de Kaliningrad, ils seront affaiblis et auront du mal à intervenir au cas où un des pays baltes venait à entrer en guerre contre la Russie. Ce scénario tant redouté est finalement arrivé car ce 17 août, l’agence d’Etat russe, Tass, a annoncé le déploiement de 20 avions militaires et hélicoptères russes pour mener des manœuvres militaires au niveau de Kaliningrad.

Il faut dire que la menace qui pèse sur l’Occident est d’autant plus grande que le président biélorusse, Viktor Loukachenko, s’est tout récemment tourné vers la Russie pour résoudre la crise politique, ce qui est un très mauvais signe pour l’Occident. En effet, acculé par la crise, le président biélorusse dit être en contact avec Vladimir Poutine pour trouver une issue à la crise et ce 17 août, dans un communiqué du Kremlin, la Russie s’est dite prête à apporter de l’aide à un président très affaibli par la crise.

L’Union Européenne est en train de nous rejouer le coup ukrainien il y a 6 ans. Le scénario reste exactement le même. Ce qui change, c’est plutôt le contexte et les personnages. Dans le cas de l’Ukraine, il fallait provoquer une gigantesque révolte populaire, présentée dans la presse occidentale comme un cri du cœur d’un peuple ukrainien qui aspire à la liberté et à la démocratie, mais dont le but final était d’éviter à tout prix un rapprochement entre l’Ukraine et la Russie.

Dans le cas de la Biélorussie, le projet est d’éviter non seulement que le pays se retrouve entre les mains d’un pouvoir Poutine-compatible, mais empêcher surtout que Kaliningrad et Suwalki, point de passage des forces de l’OTAN vers les pays baltes, ne tombent entre les mains des troupes russes.

Quelle suite donnée à cette affaire? Difficile de prédire l’avenir. En tout cas, ce qui est sûr est que toutes les options sont désormais sur la table : un renversement du pouvoir par l’assassinat de Viktor Lucachenko ou sa fuite, une confrontation militaire qui opposera forces russes à l’OTAN … sont autant de scénarios qui ne doivent plus être écartés car l’Occident a clairement identifié le danger et fera tout pour l’enrayer.

Qu’on le veuille ou pas, la révolte en cours d’une partie du peuple biélorusse sur laquelle insistent tant les médias occidentaux n’est que l’arbre qui cache la forêt. Un intérêt géostratégique de l’Occident est sérieusement menacé en Europe de l’Est et l’Union Européenne et les Etats-Unis ne vont rien lâcher.