Jordan Bardella l’avait réclamé à maintes reprises. Ce dimanche 09 juin au soir, il l’a obtenu.
En effet, cela fait plus de quatre mois que le candidat du Rassemblement National prévient, dans toutes ses interviews, que sa première décision serait d’exiger d’Emmanuel Macron la dissolution de l’Assemblée Nationale. Il ne pouvait pas rêver mieux car ce 09 juin au soir, c’est le Président de la République, lui-même, qui a annoncé cette décision prenant de court toute la classe politique française, y compris des élus de son propre camp.
Cette décision s’explique surtout par la déroute de Valérie Hayer, candidatE de Macron aux Européennes, mais surtout par la victoire sans surprise de Bardella annoncée par les sondages depuis plusieurs semaines. Les deux candidats ont obtenu respectivement 32% et 14% des voix.
Le Parti Socialiste de Raphaël Glucksmann a tenu le coup avec 14% et la France Insoumise s’est retrouvée avec 10%. Autrement dit, une union de la NUPES donnerait la victoire à la gauche qui vient de constater avec beaucoup de regret les désastres de sa désunion qui lui a coûté très cher. Mais, cela est un autre problème sur lequel Lecourrier-du-soir.com reviendra dans ses prochaines éditions.
Ce qui nous intéresse ce 10 juin, au lendemain de ce scrutin, c’est plutôt la décision d’Emmanuel Macron de dissoudre l’Assemblée Nationale. Et pour analyser une telle décision, pas besoin de passer par mille chemins. En effet, le Président de la République française à qui il ne reste que 3 années au pouvoir vient clairement d’asséner un coup de massue à l’aile gauche de son électorat qui l’a pourtant soutenu en 2017 et en 2023.
Conscient des enjeux du moment et de son impopularité grandissante auprès des Français, Emmanuel Macron a donc voulu dégager toutes ses responsabilités pour refiler la patate chaude au Rassemblement National qui va devoir assumer des défis majeurs qui tiennent les Français à cœur à savoir : l’immigration, la délinquance, la vie chère, l’antisémitisme entre autres.
Emmanuel Macron est tout sauf stupide. Car, contrairement à ce que pourraient penser des membres de son parti qui jugent la décision téméraire et extrêmement risquée, il a derrière la tête une ruse bien calculée : engager la responsabilité du Rassemblement National dans les trois années à venir sachant qu’il sera dans l’incapacité presque totale de résoudre les questions cruciales sur lesquelles les françaises l’attendent.
Bardella serait trop naïf de crier victoire trop tôt. Car, la dissolution du Parlement et sa victoire sans surprise à la prochaine élection législative seront probablement la source de tous ses malheurs. En effet, il est évident qu’en un laps de temps si court, il ne pourra absolument pas résoudre la question de l’immigration, de la délinquance et de la vie chère, ce qui risque de créer la frustration jusque dans son propre camp.
Certains parleront de « cadeau empoisonné » et ils n’auront pas tort. En dissolvant le Parlement crucial pour la survie de la République, Emmanuel Macron confère ainsi une partie du pouvoir au RN avec l’unique objectif de plonger Marine Le Pen et Jordan Bardella dans un tou d’où ils ne sortiront plus jamais.
