Eric Zemmour se souviendra pour le reste de sa vie de la présidentielle 2022 où le score très ridicule qui l’a obtenu fait de lui la risée de la toile depuis quelques heures.
En effet, le chef de file du parti Reconquête et très influent polémiste français n’a obtenu que 7% des voix. Une claque d’autant plus sévère qu’en octobre dernier, peu avant qu’il n’officialise sa candidature, les médias l’annonçaient déjà au second tour, terrassant ainsi ses deux rivales de droite : Marine Le Pen (Rassemblement National) et Valérie Pécresse (Les Républicains).
Mais, à y voir de près, on se rend vite compte que si le résultat (médiocre) obtenu par Eric Zemmour ce 10 avril au soir est une humiliation faite à ses sympathisants, c’est aussi et surtout une véritable déroute infligée à tout l’appareil politico-médiatique qui a été mis à sa disposition pendant au moins une année.
En effet, pendant plus d’une année, les idées de Zemmour ont été, comme par magie, imposées aux Français par de très puissants médias de masse détenus par un richissime milliardaire français (dont je tairai le nom) qui n’a ménagé aucun effort pour que les idées du polémiste d’extrême-droite soient normalisées en France.
Ainsi, pendant plus de 365 jours, le « grand remplacement », le « grand déclassement », l' »Islam », la « délinquance », l' »immigration »… ont été propulsés au devant de la scène, pendant que la question sociale (chômage, retraite, écologie et autres) a été totalement reléguée au second plan. D’ailleurs, les quelques candidats-e-s qui en parlaient avaient été boycottés par les grands médias de masse qui, pour les dénigrer, leur collaient l’étiquette d’ « anti-système ».
Ainsi, pendant que les « anti-systèmes » étaient presque privés de parole, Zemmour, lui, était aux anges. Le tapis rouge lui était déroulé par de très influents médias de masse rachetés par son ami milliardaire qui, par pur opportunisme, voyait en l’irruption médiatique du polémiste une occasion en or pour faire exploser l’audimat et se faire un pognon de dingue. L’objectif était clair : droitiser une France en quête d’identité et porter le dernier coup de grâce à une gauche moribonde.
Dans les chaînes détenues par ce richissime milliardaire, les chroniqueurs pro-Zemmour y avaient carte blanche pour trainer les adversaires du Z dans la boue, défendre leur vision (identitaire) de la France et jouer sur la peur des Français en prédisant une prochaine guerre civile. Des émissions de télévision jouissant d’une grande influence auprès des jeunes ont ainsi été transformées en tribune d’extrême-droite et les idées de Zemmour, comme d’habitude, y avaient pignon sur rouge.
Et pis, la ZemmourMania avait fini par contaminer une grande partie des forces de l’ordre qui, à la télé ou sur les réseaux sociaux, profitaient de la moindre occasion pour manifester ostensiblement et fièrement leur soutien au polémiste d’extrême-droite. Pendant ce temps, celles et ceux qui dénonçaient la violence policière, le racisme et la discrimination en France étaient perçus comme une menace qu’il fallait immédiatement éliminer à tout prix.
Ces dernières années, pour imposer Zemmour aux Français, de très influents journalistes et intellectuels (partageant la même vision de la France que lui) ont eu droit à une promotion médiatique spectaculaire. Régulièrement invités sur les plateaux de télévision lorsqu’un moindre fait divers lié à l’immigration défrayait la chronique, ils n’hésitaient pas (ni une seule seconde) à tirer sur la gauche qu’ils accusent d’avoir renié à ses valeurs républicaines et de chercher à précipiter la mort de la France.
Et ce n’est pas tout. Par une opération de diabolisation extrêmement habile, les médias pro-Zemmour ont failli faire exploser le Rassemblement National en provoquant, en son sein, une violente guerre intestine qui a débouché sur le départ de plusieurs de ses ténors qui ont rallié Zemmour à quelques semaines seulement de la présidentielle.
Il est donc clair que des milliards d’euros ont été débloqués en un laps de temps record pour imposer l’idéologie du polémiste aux Français (par le contrôle des consciences) en achetant, à tout va, maisons d’édition et groupes de presse avec l’unique objectif de préparer le terrain de la reconquête à un candidat devenu un véritable phénomène médiatique depuis dix ans.
Pourtant, malgré cette gigantesque armada médiatique jamais mis au service d’un candidat, le résultat a été pitoyable. Avec seulement 7% des voix, Eric Zemmour a subi un revers sanglant. Mais, plus sanglante encore a été la déroute de tout l’appareil politico-médiatique mis à son service pour terrasser Macron, atomiser Pécresse et les LR et renvoyer Le Pen à la retraite.
On s’attendait à voir le « Miracle Zemmour ». Finalement, on a eu droit au « Naufrage d’Eric ».