Election au Sénégal: « Sur le parrainage oui, mais… » (Analyse du chercheur CABF)

Pour une première, le President SALL pense à des parrainages hors des arènes de lutte et du Grand Théâtre, et paradoxalement personne, en face, n’est d’accord. Cocasse non? ! Bah OK, Soyons plus sérieux. En tout cas, la situation l’est.

De fait, en nous dressant contre le projet de loi portant modification du Code électoral et relatif à l’introduction du parrainage des candidats à la présidentielle, ne sommes nous pas contradictoires avec nous mêmes?

Sans doute, toute l’opposition est contre. Et la logique voudrait que tous ceux qui ne partagent pas la vision politique du President SALL le soient aussi. Nous pensons très humblement que NON. Parfois, nous devons refuser la vision unitaire de la pensée, accepter ces quelques notes dissonantes dans la symphonie diffuse.

Sans vouloir valider le parrainage tel que proposé, nous devons pour être conforme avec nous mêmes, ne pas tout rejeter en bloc, mais faire des propositions pour nous donner les moyens de pas avoir à nous confronter à la chienlit du déroulement du dernier scrutin. C’est un devoir. Une obligation. L’évolution du système démocratique nous l’impose. Le refuser ce n’est pas juste. Imposer à l’opposition le sytème de parrainage « prêt à porter » est aussi une injustice, une violation de ses droits.

Par ailleurs, si fonder un parti politique est un droit en démocratie, une liberté d’association, participer à une élection (avoir une tribune pour convaincre de ses idées, opinions) doit être un privilège. Ce privilège, ne doivent les avoir que les partis auxquels les électeurs ont donné caution. C’est justement, à notre avis, cette caution citoyenne, cette légitimité populaire que promeut le parrainage. Tous le monde ( pouvoir et opposition) doit le comprendre ainsi et s’assoir autour d’une table pour discuter des contours, du contenu, des modalités et du moment. Accepter cela c’est rendre à la démocratie son élégance. Evidement, la démocratie ne peut être une histoire de menaces et d’intimidations. Un bordel pour voyous.

Le parrainage permettra sans doute d’éviter les candidatures farfelues, voir excentriques. Le champ politique est ainsi aseptisé de ses guignols et autres rigolos en quête de notoriété.

Corrélativement, le parrainage donnera plus de visibilité aux candidatures estimées sérieuses et porteuses pour la bonne marche du pays. Les temps de parole sont ainsi plus conséquents et les projets des candidats mieux exposés, gage de clarté et de compréhension des propositions des uns et des autres. Et que dire des économies de temps et d’énergie pour les équipes télé qui doivent suivre chaque candidat. Sans parrainage, y’aura qu’un seul gagnant: nos mamans vendeurs de « thiaf » 🙂

Notre proposition:

20 000 signatures dans au moins 6 régions ou 30 000 signatures dans 10 régions. Dans le premier cas, le nombre de « parrains » est moins nombreux mais sur un périmetre électoral moins vaste, tandis que, dans le second cas les nombre de « parrains » est plus nombreux avec un périmètre électoral plus vaste.

Chaque électeur peut parrainer au maximum 3 candidats pour garantir le maintien du secret sur les réelles intentions de vote ( l’anonymat sur son candidat potentiel).

Signé un « spectateur engagé »

CABF