Lecourrier-du-soir.com s’est entretenu ce lundi 3 décembre 2018 avec Arthur Moinet, vice-président de l’Unef (Union Nationale des Etudiants de France) à Sciences-Po Paris. Lors de cette interview, Arthur Moinet nous a livré son avis sur la décision d’Edouard Philippe, premier ministre français, qui a annoncé ce novembre que les frais d’inscription des étudiants étrangers vont connaître une hausse considérable
Lecourrier-du-soir.com : quelle est votre réaction à la suite de l’annonce d’Edouard Philippe que les frais d’inscription vont augmenter pour les étudiants étrangers ?
Arthur Moinet : on est évidemment contre l’augmentation des frais d’inscription pour les étudiants étrangers dans le sens où on estime qu’il n’y a pas de raison de discriminer les étudiants, qu’ils soient français ou étrangers.
Lecourrier-du-soir.com : vu la crise économique qui secoue la France, ne vous paraît-il pas justifier cette hausse des inscriptions ?
Arthur Moinet : non, la question est d’augmenter l’investissement dans les universités, pas d’augmenter les frais qui pèsent sur les étudiants. C’est la position de l’Unef.
Lecourrier-du-soir.com : pensez-vous que cette hausse entre dans une logique déguisée de réduire le nombre d’étudiants étrangers en France ?
Arthur Moinet : non, ce n’est pas le but du gouvernement. Leur but est de considérer que les étudiants étrangers doivent contribuer davantage à leurs scolarités et que ce n’est pas à l’Etat de contribuer davantage au financement de l’université. Nous, on est complètement contre cette façon de penser.
Lecourrier-du-soir.com : cette décision ne ternit-elle pas la réputation de l’université française connue pour son cosmopolitisme ?
Arthur Moinet : si, clairement parce qu’en France, on est connu pour avoir des frais bas d’inscriptions dans les universités, ce qui participe à l’attrait des étudiants étrangers vers nos universités. Effectivement, dans les semaines et dans les mois qui vont venir, on va voir qu’il va y avoir de moins en moins de demandes pour intégrer les universités françaises de la part des étudiants étrangers. Cela est certain.
Lecourrier-du-soir.com : de quoi, il a été question lors du rassemblement de l’Unef de ce 1er décembre ?
Arthur Moinet : c’était un rassemblement pour demander le retrait de cette mesure.
Lecourrier-du-soir.com : Pensez-vous que le gouvernement va finir par céder en annulant carrément cette décision ?
Arthur Moinet : je pense qu’il y a beaucoup de critiques qui ont été faites, notamment de la part de députés En Marche. Mais, je ne suis pas certain qu’il y aura une modification ou un retour en arrière dans le sens où Edouard Philippe s’est exprimé sur cette question en disant qu’il assumait cette hausse.
Lecourrier-du-soir.com : si le gouvernement ne change pas de cap, que comptez-vous faire ?
Arthur Moinet : l’Unef se mobilise généralement pour lutter sur ses questions-là. Après, on en pourra pas faire plus que manifester, protester dans le sens où Unef n’est pas écouté du gouvernement.
Lecourrier-du-soir.com : en Licence, les étudiants devront payer 2770 euros, en Master ils paieront 3 770 euros. Quel impact cette hausse aura-t-elle sur les étudiants qui traversent une situation financière assez compliquée ?
Arthur Moinet : c’est certain qu’il va y avoir des cas d’étudiants qui ne pourront plus payer leurs frais de scolarité. (…) Donc, à partir de là, le rôle de l’Unef sera d’aider ces personnes qui sont dans cette situation en leur permettant d’aller demander des aides auxquelles ils ont droit. Mais, c’est un risque qui est avéré.
Interview signée : Cheikh Tidiane DIENG