France : 24 heures après la réélection de Macron, l’Etat prévient les citoyens : « déclencher le 49.3 n’est pas exclu »

Le 49.3 revient, une nouvelle fois, au cœur du débat politique. En effet, à peine réélu, le gouvernement d’Emmanuel Macron a prévenu les Français sur le recours à cette redoutable arme à laquelle l’Etat pourrait avoir recours pour trancher sur une question aussi sensible que la réforme des retraites.

En tout cas, invité sur France Info ce 25 avril, Bruno Le Maire, ministre français de l’Economie, ne « garantit pas » que le 49.3 ne sera pas utilisé. « Je ne peux pas donner cette garantie. Je ne le souhaite pas, ça c’est certain. J’ai toujours dit que cette réforme devait faire l’objet le plus possible de discussions et de dialogues avec l’espoir de parvenir à un compromis », a-t-il fait savoir.

Mais, à peine faite, sa réaction sur ce sujet a suscité un vif tollé dans la classe politique française. L’opposition ne décolère pas. « #Macron à peine réélu, il veut déjà passer par 49-3 la #retraite à 65 ans. Un détail : seul le Premier ministre déclenche les 49-3. Pour l’empêcher donc, une solution : l’#UnionPopulaire à Matignon ! », a réagi Jean-Luc Mélenchon sur Twitter »

Et Mélenchon ne fut pas le seul. A droite, Nicolas Dupont-Aignan dénonce, dans un twitte, « un mépris pour le Parlement ». « Dès la première minute du mandat, Emmanuel #Macron montre son mépris du Parlement. Ce serait une folie de lui donner la majorité aux #legislatives2022 ! », tonne-t-il.

Le recours au 49.3 serait un désastre politique énorme pour Emmanuel Macron. Car, l’application de ce redoutable article en 2020 avait plongé le gouvernement dans une crise politique sans précédent ayant même conduit à la démission de députés LREM, en l’occurrence Hubert J-Laferrière, député LRME à Lyon et Delphine Bagarry, députée des Alpes-de-Haute-Provence.

Le député avait annoncé cette décision dans un communiqué. « Les grandes lois qui ont marqué notre République résultent de débats longs, parfois enflammés, de controverses, d’amendement mais aussi de la maturation qu’apporte le travail parlementaire qui permet l’échange et bien souvent le rapprochement des points de vue », a-t-il indiqué.

Et d’ajouter : « or, l’usage du 49.3 de la Constitution par le premier ministre va attiser les tensions et aboutir à l’adoption d’une loi capitale sans vote et sans que les représentants de la nation aient pu débattre jusqu’au bout. A qui la faute ? A la stratégie d’obstruction de l’opposition et des dizaines de milliers d’amendement mais aussi au gouvernement qui, à la suite de l’avis très défavorable du Conseil d’Etat sur sa réformes des retraites, n’a pas su convaincre à ce stade du bien-fondé de sa réforme ».

Il n’était pas le seul à rendre le tablier. L’autre députée à quitter le groupe parlementaire fut Delphine Bagarry, députée des Alpes-de-Haute-Provence qui, dans un communiqué publié le 2 mars sur son compte twitter, évoque son profond désaccord avec le gouvernement dans l’application de l’Article 49.3 de la Constitution. « Ne me retrouvant plus dans la méthode du gouvernement et de l’utilisation inappropriée du 49.3, je quitte le groupe La République En Marche », pouvait-on lire.

Macron aura-t-il recours à cet article pour faire passer une réforme très controversée? Telle est la question. Et l’avenir nous en dira un peu plus.