Secret d’Etat : voici comment l’Etat français a assassiné des citoyens français en pleine guerre d’Algérie

La France a bien ordonné à ses services de renseignement de tuer des citoyens français en pleine guerre d’Algérie. Des dirigeants politiques français dont François Hollande ont reconnu les faits

Une page sombre de l’Histoire de France dont on parle très peu. Les faits surviennent au cœur de l’été 1958, tout juste après le coup d’Etat d’Algérie du 13 mai. La guerre d’Algérie bat son plein et l’Etat français, à peine installé au pouvoir, veut éliminer très rapidement tout personnage considéré comme un danger pour la France et ses intérêts.

C’est ce que retrace un livre intitulé « Les Tueurs de la République » écrit par Vincent Nouzille et relayé par le journal Le Monde dans un article publié le 25 septembre dernier. D’après l’auteur, les opérations étaient confiées à Jacques Foccart, bras droit du Général De Gaulle, chargé de suivre les services secrets et les affaires africaines.

« Jacques Foccart coordonne tout avec le soutien de De Gaulle »

La pratique consistait donc à ordonner aux services secrets de tuer des citoyens français, européens et des dignitaires étrangers. Pourtant, la France s’interdisait de tuer ses propres ressortissants. Mais, cette règle avancée par les autorités politique et du renseignement n’était qu’officieuse.

Ainsi, en pleine guerre d’Algérie, Jacques Foccart a coordonné, sous les ordres du Général De Gaulle, un véritable programme d’opérations clandestines qui installa en plein été la terreur sur toute l’étendue du territoire français et même à l’étranger. « Menaces, attentats, sabotages mais aussi assassinats figurent parmi les moyens employés », note Le Monde ajoutant que les opérations ont été à l’époque confiées au Sdece (Service de Documentation Extérieure et de Contre-Espionnage) devenu aujourd’hui la DGSE.

« Les pro-FLN ciblés »

La machine a fauché des centaines de têtes en France, comme le révèle l’auteur du livre qui évalue à 140 assassinats pour la seule année 1960. Parmi les personnalités ciblées, figurent des pro-FLN. Parmi eux, un journaliste du nom de Jacques Favrel, journaliste basé à Alger, mais aussi des vendeurs d’armes au FLN.

Pour avoir une idée du livre, voici la quatrième de couverture : « Vengeances d’État, assassinats en série, attentats commandités, guérillas sanglantes, éradication de chefs terroristes, emploi de mercenaires ou de services secrets alliés peu regardants: oui, la France est capable de tuer pour régler ses comptes et défendre ses intérêts, que ce soit en Afrique, au Moyen-Orient ou ailleurs. Pour ce faire, la DGSE dispose d’une cellule clandestine dont les agents sont entraînés pour mener à bien des exécutions ciblées. De de Gaulle à Hollande, tous ont recouru à ces actions inavouables. Ceux qui ont accordé ou obtenu le « permis de tuer » éclairent ici cette face sombre du pouvoir. L’un des secrets les mieux gardés de notre République… »