France : viré, l’ex commando de la réforme retraite balance : « je ne m’inscrivais pas dans le narratif dramatisant que voulait promouvoir le gouvernement »

Dans une interview accordée au journal Le Monde et lu par Lecourrier-du-soir.com, Pierre-Louis Bras, récemment débarqué de ses fonctions de président du COR (Conseil d’Orientation des Retraites), a tenu à répondre à l’Elysée qui lui reprochait de n’avoir pas trop l’aider 

A peine viré de ses fonctions de président du Conseil d’Orientation des Retraites (COR), Pierre-Louis Bras règle ses comptes avec le gouvernement français qui l’avait nommé à ce poste. En effet, dans une interview accordée au journal Le Monde et publiée ce 18 novembre, Bras précise une fois de plus que son rôle n’était pas d’aider le gouvernement dans un contexte extrêmement houleux où la réforme des retraites divise profondément les Français.

Ainsi, à la question de savoir s’il vit cette décision comme une sanction, il rétorque sans ambages : « dans la République, personne n’est propriétaire de ses fonctions. Le président du COR est nommé en conseil des ministres et il est normal que le gouvernement change le titulaire de ce poste quand il le souhaite. Néanmoins, on ne peut pas écarter l’idée que ce changement soit lié aux tensions que vous évoquez. Pour ma part, je considère avoir rendu compte fidèlement des travaux du COR. En procédant de la sorte, je ne m’inscrivais pas dans le narratif dramatisant que voulait promouvoir le gouvernement pour justifier la réforme : la France vieillit, les dépenses de retraites explosent, ce qui nous conduira à la faillite ; donc il faut repousser l’âge légal de départ. Un ministre l’a résumé par une formule : ‘La réforme ou la faillite' ». 

Et Pierre-Louis Bras d’ajouter : « or les projections établies par le COR, avant la réforme, ne collaient pas avec ce scénario. Elles montraient que, malgré le vieillissement de la population, la charge des retraites – c’est-à-dire les dépenses, en pourcentage du PIB – était stable, voire diminuait. Ces mêmes projections faisaient, certes, état d’un déficit persistant du système, mais qui était imputable à une diminution de la part des ressources dédiées aux retraites ».

Sur les critiques émises par certains membres du gouvernement qui ont accusé le COR d’avoir minimisé, dans ses travaux, les problèmes financiers du système de retraite, Bras réagit en ces termes : « je n’ai ni minimisé ni maximisé le problème. Je n’ai fait que reprendre ce que disaient les données, montrant que les dépenses ne dérapaient pas, tout en rappelant qu’il y avait un déficit, durable, et que celui-ci ne disparaissait qu’à très long terme et seulement sous certaines hypothèses très favorables. N’oublions pas que le gouvernement est partie prenante des travaux du COR, à travers les administrations centrales qui siègent au sein de ce dernier ».