Gilets Jaunes 2019 et guerre contre l’élite: voici la solution pour éviter la mort du mouvement

(Une analyse du journaliste Cheikh DIENG, basé en France)

Nous sommes le 1er janvier 2019. L’année 2018 est désormais derrière nous. Elle est partie avec son lot de surprises (bonnes et mauvaises). La France a connu en 2018 les plus beaux moments de son Histoire, notamment sur le plan sportif avec la victoire des Bleus qui ont remporté en juillet dernier la deuxième coupe du monde de football.

Des scènes de liesse populaire ont été filmées sur tout le territoire national, et même au-delà. La France était redevenue le temps d’un événement sportif de haut niveau le centre du monde. Pour la première fois depuis vingt ans, la France multiraciale, multiculturelle, blanche, black et beur, s’était réunie autour d’une seule équipe, d’un seul drapeau.

Mais, nous ne pouvons pas oublier que 2018 a aussi été l’année de tous les dangers pour l’élite française. Pour la première fois depuis la libération, le « establishment » français a été ouvertement contesté, défié par un mouvement d’une ampleur inouïe, les Gilets Jaunes. Ces hommes, femmes du peuple de France ont en effet réussi à marquer le 21ème siècle, en faisant trembler un système politique extrêmement puissant.

Je disais dans une de mes analyses politiques que la seule différence entre 58 et 2018 est qu’en 58, la France avait un Messie, du nom de Charles De Gaulles. En 2018, il n’y aucune personnalité politique capable d’incarner ce grand homme et sauver un pays qui bascule lentement mais surement vers le chaos.

Le terme « chaos » est peut-être assez fort. L’atout majeur de la France, ne l’oublions pas, réside dans la force de ses institutions politiques et étatiques. La crise qui secoue la France en ce moment aurait facilement et rapidement fait effondrer un gouvernement si elle s’était produite dans une autre partie du monde (Afrique, Moyen-Orient ou en Amérique Latine). N’oublions pas qu’en 2014, Viktor Ianoukovitch, ex président de l’Ukraine, a fui le pays dans une crise certes très grave, mais incomparable à celle des Gilets Jaunes.

L’acte 3 des Gilets Jaunes avait mis à nu une immense colère d’un peuple à bout de souffle et qui ne croit plus (comme c’est le cas en Afrique, au Moyen-Orient…) à ses dirigeants. Des milliers de promesses non tenues, une dette abyssale qui doit être payée par le contribuable qui n’arrive pas à joindre les deux bouts, une élite extrêmement riche et complètement déconnectée des réalités sociopolitiques de la plèbe, des médias mensongers contrôlés par une poignée de milliardaires qui imposent leurs visions du monde au reste du peuple…En gros, tous les condiments d’une révolution étaient réunies.

Si l’Etat français et ses institutions politico-judiciaires avaient été mous, aujourd’hui la situation aurait été différente. Ce 1er Janvier 2019, Macron n’aurait pas été au pouvoir et le palais de l’Elysée aurait probablement été occupé par un peuple déçu qui n’a plus peur de recourir au sang et aux armes pour remettre un peu d’ordre dans un pays qui n’est plus souverain et dont les dirigeants semblent ne plus représenter la France.

Pour l’Africain que je suis, né dans un pays colonisé par la France qui nous a toujours fait croire que nous n’avions aucune notion de ce qu’est la « démocratie » et que nous, peuples d’Afrique, nous avions l’obligation de laisser la France s’accommoder de nos ressources naturelles, gérer notre monnaie (FCFA) et nous dicter la meilleure manière de faire de la politique, j’ai été très profondément surpris de la crise des Gilets Jaunes.

En effet, ayant vécu de près ces événements, je suis arrivé à la conclusion que cette France est sans aucun doute plus démocratique que nos pays africains où des dictateurs s’accaparent du pouvoir et en font une propriété privée. Toutefois, cette France devrait désormais tourner la langue sept fois dans sa bouche avant de donner des leçons de démocratie au reste du monde, notamment aux Africains.

La crise des Gilets Jaunes a fini pour nous faire comprendre que nous étions tous logés à la même enseigne, dirigés par des gens qui se croient supérieurs à nous, qui croient avoir tout compris et qui peuvent décider à notre place, nous les peuples méprisés, humiliés, uniquement sollicités par nos maîtres quand ils aspirent à une élection. Désormais, c’est fini. Tout est à refaire.

Pour résoudre la crise des Gilets Jaunes et reprendre la situation en main, les peuples ont l’obligation de reprendre le contrôle du pouvoir. La confiance entre gouvernants et gouvernés a totalement disparu, le lien qui les unissait (dans tous les pays du monde) a été rompu. Il n’y aucun doute là-dessus.

La montée en puissance des mouvements qualifiés de « populistes » (de gauche comme de droite) en Occident et la prolifération des mouvements nationalistes en Afrique, dans le monde arabe et Amérique Latine sont la preuve que le capitalisme a montré ses limites. Il n’est plus en mesure de répondre aux défis de notre temps. Il est totalement en déphasage avec la réalité du monde et vit dans une bulle.

Les peuples se sont rendu compte que leur destin ne peut plus reposer dans les mains de quelques technocrates aux ordres de Bruxelles, du FMI (Fond Monétaire International), de la Banque Mondiale. A part nous diviser, nous humilier et nous voler le peu qui nous reste, ils ne nous apportent rien du tout.

La survie de ce très beau mouvement (Gilets Jaunes) qui est en train d’inspirer les peuples du monde entier (en Israël, au Liban, en Belgique, en Allemagne…) dépend de sa distanciation des sphères politiques. Ce mouvement ne survivra que lorsqu’il aura totalement tourné le dos aux partis politiques, quelles que soient leurs idéologies.

Nous avons tous noté des tentatives de récupérer le mouvement en France. Il y a un mois sur les plateaux Télé, les analystes politiques (de gauche comme de droite) voulaient chacun s’approprier un mouvement qui n’appartient qu’au peuple de France. Récemment, Florian Philippot s’est ridiculisé en déposant la marque Gilets Jaunes en vue des européennes 2019. Et Jean-Luc Mélenchon vient d’exprimer sa « fascination » pour le gilet jaune, Eric Drouet.

Si les Gilets Jaunes (du monde entier) pensent que les hommes politiques qui ont largement contribué à l’asservissement des peuples détiennent la clé de la solution, ils se trompent lourdement. La solution est entre les mains des peuples qui sont les seuls maîtres de leur destin.

Le mouvement a encore de beaux jours devant lui. Il devra plutôt se focaliser sur l’essentiel, l’essentiel étant pour le moment le RIC (Référendum d’Initiative Citoyenne) et éviter tout ce qui pourrait mettre en danger son évolution. Pour cela, les fauteurs de trouble, les casseurs et les pilleurs doivent être identifiés et définitivement exclus, quitte à les livrer aux forces de l’ordre.

Le mouvement a l’obligation de rester crédible car il est en train de réveiller des peuples qui avaient perdu tout espoir d’un lendemain meilleur. Le pillage sauvage de l’Afrique, la guerre contre l’Islam afin de nous mener vers une confrontation religieuse, l’antisémitisme dégueulasse qui consiste à penser que les juifs sont responsables de tous nos maux, le racisme (quelle que soit sa forme) et l’immigration de masse ont été mis en place par une oligarchie financière dont l’unique but est de nous mener vers le chaos. Et la France a toujours servi de cobaye pour ce genre d’expérience car, comme ils l’ont si bien compris, quand ça pète en France, ça va péter partout.

Sauf que cette fois-ci, nous devons leur faire comprendre que les peuples ne se soulèveront pas pour s’entretuer, mais pour remettre de l’ordre et prendre en main leur destin.

Fuyez les hommes politiques, ils n’ont aucune solution à vous apporter sinon on n’en serait pas là.

Fuyez la violence, car s’adonner à la violence, c’est exactement faire le jeu de ceux qui veulent le chaos.

Militez pacifiquement quand c’est encore possible, donnez une chance aux peuples du monde qui regardent avec une attention particulière l’évolution d’un événement qui rentrera dans l’Histoire.

Face à la gravité de la situation, le mouvement des Gilets Jaunes ne peut pas perdre cette guerre contre l’élite. Car la perdre serait synonyme de disparition des peuples.

Vive les Peuples et Vive la PAIX!