(Une analyse du journaliste, Cheikh DIENG)
La crise des Gilets Jaunes est finalement devenue une véritable tragicomédie, meilleure que « Beaucoup de bruit pour rien » de William Shakespeare. Et cette tragicomédie, nous la devons à l’ex boxeur Christophe Dettinger grâce à qui un climat détendu a pu être instauré dans un contexte particulièrement difficile.
Il y a trois semaines environ, l’ACTE 3 des Gilets Jaunes avait complètement bouleversé l’agenda politique. Une simple manifestation contre la hausse des carburants et la détérioration du pouvoir d’achat venait en effet de mettre Paris à feu et à sang. Voitures incendies, tombe du soldat de l’inconnu profanée, policiers violemment agressés, Paris donnait l’image d’une ville assiégée où des milliers de Français, refusant de capituler, tentent à tout prix de sauver l’honneur de la Patrie.
Le lendemain, les images ont fait le tour du monde. Je me souviendrai longtemps du titre de The Local France, datant du 3 décembre : « The savage violence in Paris was not a protest, it was an insurrection » (La violence sauvage qui a secoué Paris n’était pas une manifestation, ce fut une insurrection).
Au lendemain du 1er décembre, aucun analyste politique en France, ni à l’étranger, ne pouvait prédire que Macron, en janvier 2019, serait toujours président de la France. Depuis cette date, la France a sombré dans une violence inouïe. La haine de la Police et du pouvoir a atteint son paroxysme. Tout ce qui représentait la République, sauf le drapeau tricolore, était devenu une bête à abattre.
Je tiens à préciser que le mouvement des gilets jaunes a battu un record d’incarcérations ce 4 janvier. En effet, à cette date, le nombre de personnes incarcérées étaient estimées à 216. Jamais, dans une grogne populaire en France, autant de personnes n’avaient été arrêtées par les forces de l’ordre.
Je tiens aussi à ajouter que les condamnations judiciaires à l’encontre des gilets jaunes se sont multipliées. Depuis le début du mouvement, au moins 5 gilets jaunes ont écopé de prison ferme. Sur 40 présentés à la justice, 15 sont passés en comparution immédiate et 7 ont été placés sous contrôle judiciaire. Il n’y a alors aucun doute qu’un climat de guerre a régné ces dernières semaines dans le pays.
Comme par miracle, les choses prennent une autre tournure. Je ne nie pas que la tension reste très tendue. Toutefois, depuis bientôt 72 heures, la tragédie a laissé place à une véritable comédie qui tient en haleine des milliers de Français. La garde à vue de Christophe Dettinger, suivie d’une cagnotte lancée pour le soutenir, n’a pas manqué de distraire la population.
En effet, après une cagnotte lancée (pour soutenir l’ex boxeur) qui a dépassé les 100 000 euros, un homme du système décide à son tour de prendre le contre-pied des sympathisants du boxeur. Dénonçant des actes de violence qu’il attribue à des gilets jaunes, Renaud Muselier, président du conseil régional de PACA, annonce le lancement d’une cagnotte en soutien aux forces de l’ordre. En l’espace de quelques heures, il collecte plus de 900 000 euros.
Le plus marrant dans cette histoire est que pendant ce temps, d’autres réglaient leurs comptes avec la secrétaire d’Etat, Marlène Schiappa, en lançant à leur tour une cagnotte dont le titre ne manque pas d’humour : « Pour que Schiappa se taise ». La cagnotte contre la secrétaire a déjà dépassé les 1 500 euros.
En une semaine, nous sommes passés d’une situation tragique (qui n’a toujours pas pris fin) à une véritable comédie. Les cagnottes qui se sont multipliées ces dernières heures ont eu le mérite de nous rendre un peu de sourire dans des moments difficiles.
Finalement, dans la politique française, tout est possible !