Gilets Jaunes tabassés : « ce n’est pas du maintien de l’ordre, c’est une répression massive »

David Dufresne, journaliste indépendant et écrivain, vient de publier son roman, Dernière Sommation, paru chez Grasset en octobre dernier. Dans une interview accordée à France Info, le journaliste a évoqué les violences policières contre les Gilets Jaunes qui ont suscité une vague de réactions en France

Dans l’interview, le journaliste parle de la « boucherie », bien différente de la doctrine du maintien de l’ordre public. A la question de savoir en quoi consiste cette doctrine, il répond : « les deux principes fondamentaux de cette doctrine sont la stricte nécessité de l’usage de la force et la proportionnalité de la réponse face à l’attaque. On peut résumer cela à ‘montrer sa force pour ne pas s’en servir’. C’est ce qui a été vendu pendant très longtemps. La police a agi comme cela en particulier après le meurtre de Malik Oussekine, durant les manifestations contre la réforme universitaire en 1986 ».

Et d’ajouter : « il y avait depuis une forme de retenue. Mais, avec la loi Travail et depuis Nuit Debout, les ZAD, les ‘gilets jaunes’, les lycéens et maintenant, les pompiers, c’est terminé. La police va au contact, utilise les armes de manière offensive comme le LBD et les grenades qui contiennent du TNT, les GLI-F4. Donc cette idée de maintien de l’ordre à la française, qui révèle à mon sens autant de la réalité que du mythe, n’a plus cours ».

Le journaliste dénonce un flou entretenu dans la chaîne de commandement. « Oui, bien sûr. Par rapport à la chaîne de commandement, il n’y a pas d’ordre écrit. Mais le déni politique face aux manifestants blessés, c’est quand même une façon de dire aux policiers ‘allez-y, on vous couvre’. Il n’y a pas besoin d’ordre. Ensuite, quand on donne des munitions et des armes qui ne sont pas utilisées dans les autres pays d’Europe comme les GLI-F4, on donne l’outil qui permet la répression. C’est à cela qu’on assiste. Ce n’est plus du maintien de l’ordre, c’est une répression massive, puisque la police française a blessé en quelques mois autant de manifestants qu’en vingt ans », s’indigne-t-il.

David Dufresne reproche au gouvernement d’avoir choisi la stratégie de la tension qui, selon lui, « est un jeu extrêmement dangereux ». Dans cette crise qui secoue la République, l’écrivain y voit aussi la complicité des médias qui, à en croire David Dufresne, « ont oublié leur rôle de contre-pouvoir ». « La machine médiatique dans son ensemble a agi comme la politique : elle a feint d’organiser le débat tout en tapant avec des images et des mots comme la police avec ses matraques et ses lacrymos », déplore-t-il.

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